Les principaux assureurs-crédit occidentaux ont très vite revu à la baisse l’évaluation des risques politiques et économiques de la Russie et dans une moindre mesure de l’Ukraine (qui était déjà en risque maximum), avec de fortes dégradations de notes de risques. Pour les encours, pas de retrait brutal mais plutôt des réductions de limites, la méthode du traitement au cas par cas étant privilégiée, à la demande express de Bercy. Les agences de crédit export publiques ont pour leur part fermé sur la Russie à la suite des sanctions.
Mise à jour le 4 mars 2022, 13h00
La Russie pour cause de sanctions internationales, l’Ukraine pour cause de guerre déclenchée par l’invasion russe : les deux pays sont aujourd’hui considérés comme des risques maximums pour les entreprises et il est désormais impossible pour les exportateurs et les banques de trouver des couvertures d’assurance-crédit pour du risque russe ou ukrainien sur le marché privé européen.
A noter toutefois que l’Ukraine, en proie à des tensions avec la Russie dans sa partie orientale depuis 2014, était déjà mal cotée avant le conflit, le risque d’impayé étant considéré comme élevé par la plupart des assureurs-crédit.
Chez Coface, la note de la Russie est passée de B à D, soit moyen à très élevé, alors que celle de l’Ukraine était déjà au niveau maximum (D). « Nous suivons attentivement l’évolution de la situation russo-ukrainienne et ses conséquences en matière de risques économiques et commerciaux, souligne-t-on chez Coface. Dans cet environnement complexe, Coface continuera d’accompagner ses clients en fonction de la situation spécifique des secteurs et des entreprises, et dans le strict respect des sanctions internationales ».
Même mouvement chez Euler Hermes : l’évaluation globale du risque russe est passée de C3 à D4 pour les entreprises (risques très élevé), alors qu’elle est restée stable à un niveau de risque élevé (D4) pour l’Ukraine. « Nous suivons l’évolution de ce conflit depuis son commencement et menons depuis plusieurs années, suite à la mise en place des premières sanctions, une politique de souscription risque et commerciale très prudente, indique-t-on chez Euler Hermes. Etant donné le contexte actuel, et la forte incertitude quant à la suite des évènements, nous ajustons nos actions à la gravité et à l’urgence de la situation. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos clients afin de les protéger d’éventuels impacts sur leur activité ».
Même approche pour Atradius, qui n’a toutefois pas encore publié ses nouvelles note de risque pays. « Nous suivons bien sûr de près l’évolution de la situation et nous nous conformerons aux sanctions financières prises par la Communauté internationale, souligne-t-on. Nous avons décidé de ne pas annuler nos garanties actuelles mais de les limiter, en concertation avec nos clients, au niveau de leur encours avec leurs acheteurs en Russie, Ukraine et Biélorussie, au 26 février. Pour l’instant, nous n’offrons pas de nouvelle couverture sur ces pays. Nous recommandons à nos Clients de ne plus livrer sur ces pays jusqu’à ce que la situation s’améliore ».
Enfin, Russie, Ukraine et Biélorussie sont désormais cotés 7 à court et moyen/long terme par l’assureur-crédit belge Credendo, très actif en Europe centrale et orientale, soit le niveau le plus élevé sur une échelle de 7. La Russie était encore à 3/7 à court terme en octobre et l’Ukraine à 4/7.
Le risque de non transfert est devenu maximum sur la Russie (7/7, au lien de 4/7 auparavant), dont le système bancaire s’est vu coupé les principaux canaux d’accès aux principales devises étrangères (dollar, euro, livres sterling, franc suisse, yen…), à l’exception notable du Yuan.
Fermeture des agences de crédit export occidentales
Il est désormais impossible également de trouver des couvertures auprès des assureurs-crédit publics sur la Russie en raison de l’avalanche de sanctions économiques et financières qui s’est abattu sur le pays de la part des gouvernements occidentaux mais aussi de certains pays asiatiques (Japon, Corée du sud, Singapour…) pour protester contre la guerre qu’il a déclenché à l’Ukraine.
L’agence de crédit export allemande Hermes a annoncé dès le 25 février suspendre ses prises en garantie sur la Russie, Bpifrance Assurance Export est également fermée.
En revanche, les couvertures publiques, qui intègrent automatiquement le risque politique, fonctionneront en cas de demande d’indemnisation de la part des bénéficiaires ayant souscrit des contrats, pour cause d’interruption de leur contrat ou de l’incapacité de leur contrepartie à honorer leurs échéances en raison des sanctions.
C.G