La dernière étude de Coface sur les comportements de paiements révèle une réduction des délais dans la région Asie-Pacifique. Cette amélioration sur fond de poursuite de la croissance ne touche cependant pas les secteurs du textile et de la construction.
Plus fréquents, mais moins longs. Alors qu’en 2022 ils concernaient 57 % des 2400 entreprises sondées par Coface dans neuf pays de la région Asie-Pacifique*, les retards de paiement sont devenus plus fréquents, touchant en 2023 60 % des entreprises sondées.
La Chine et le Japon, en raison de conditions de paiement plus strictes, sont à l’origine de cette hausse de 3 points, selon l’assureur-crédit. Dans le même temps, tous les autres marchés couverts par l’étude ont connu une réduction des retards de paiement signalés, suggérant une meilleure stabilité financière post-Covid. La concurrence excessive, le ralentissement de la demande et des flux de trésorerie ainsi que les défauts de paiement des clients sont les principales raisons citées pour ces retards.
Des retards de 65 jours en moyenne
Les conditions de crédit globales se resserrent, les délais de paiement passant de 66 jours en 2022 à 64 jours en 2023. Dans le même temps, la durée des retards de paiement est passée de 67 à 65 jours.
Les secteurs du textile et de la construction ont connu les plus grandes augmentations de retards. Le textile a dû faire face à des coûts de production plus élevés et une demande galopante alors que la construction a souffert de l’atonie du secteur immobilier chinois et d’un environnement de taux d’intérêt élevés sur la plupart des marchés.
En outre, la plupart des marchés étudiés ont enregistré une hausse de la durée moyenne des retards. C’est le cas de l’Australie, Hong Kong et la Malaisie qui ont connu la plus forte augmentation, tandis que seuls la Chine, Taïwan et la Thaïlande ont affiché une baisse. Le délai le plus court (50 jours en moyenne) a été observé au Japon et le plus long (83 jours) en Australie.
Augmentation des paiements ultra-longs
C’est dans les secteurs du textile et de l’agroalimentaire que la durée des retards de paiement a le plus augmenté (11 jours dans les deux cas). L’énergie et des produits pharmaceutiques ont quant à eux connu les plus fortes baisses, avec respectivement 11 et 10 jours. Le secteur de la construction affiche toujours le délai de paiement le plus long (76 jours), et le secteur pharmaceutique le plus court (57 jours).
Autre tendance de révélée par cette étude : l’augmentation des paiements ultra-longs (ULPD), c’est-à-dire supérieurs à 2 % de leur chiffre d’affaires annuel. Elle est en effet passée de 26 % en 2022 à 29 % en 2023. Le seuil de 2 % représente un risque majeur, 80 % de ces retards n’étant jamais payés, selon Coface. Singapour, la Thaïlande et Hong Kong sont les principaux responsables de l’augmentation de la proportion d’ULPD. Le textile est le secteur le plus touché par ce phénomène, avec une augmentation de 14 % en 2022 à 40 % en 2023, suivi par la construction et la métallurgie, tous deux à 35 %.
Les entreprises se montrent optimistes
Ceci étant, les entreprises interrogées se disent globalement optimistes. 30% s’attendent à une nette amélioration en matière de retards de paiement alors que 18 % prévoient une détérioration (principalement des entreprises des secteurs du textile et de la vente au détail).
En outre, près de la moitié des répondants (49 %) signalent une amélioration de l’activité commerciale par rapport à 2022, 20 % seulement déclarant une dégradation de leur activité. L’économie de l’APAC (Asie-Pacifique) s’est améliorée en 2023 grâce à la réouverture des frontières de la Chine et l’abandon de sa politique du zéro-covid, ainsi qu’à une baisse de l’inflation et un ralentissement du rythme de restrictions des politiques monétaires à l’échelle mondiale.
Croissance de 4 % cette année
56 % des sondés prévoient ainsi une amélioration de leur activité commerciale en 2024, l’Inde et la Thaïlande étant les économies les plus optimistes. Sur le plan sectoriel, c’est dans le commerce de détail et le textile que la part des répondants anticipant une détérioration de l’activité est la plus élevée, alors que les secteurs du bois, de l’automobile, des produits pharmaceutiques et de l’agroalimentaire sont les plus optimistes.
Coface prévoit, pour 2024, un maintien de la croissance économique de l’APAC à plus de 4 %, en phase avec les répondants de l’étude. De nombreux risques devraient continuer de peser sur l’activité des entreprises. Parmi eux, ils citent le ralentissement de la demande et les pressions concurrentielles excessives. Près d’un tiers a souligné la hausse des prix des intrants et des matières premières ainsi que l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre.
Sophie Creusillet
* Australie, Chine, Hong Kong SAR, Inde, Japon, Malaisie, Singapour, Taïwan et Thaïlande