A l’occasion des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, cette dernière a publié le 15 avril ses nouvelles prévisions de croissance pour 2024 et 2025. Malgré un ralentissement dans certaines sous-régions du continent cette année, l’Asie se pose toujours comme la locomotive de l’économie mondiale.
Après avoir enregistré une croissance de son PIB de 5,1 % l’an passé, les pays d’Asie de l’Est et du Pacifique devraient ralentir cette année (4,5 %) et l’an prochain (4,3 %). Pour les économistes de la Banque mondiale, ces pays devraient en effet bénéficier de la reprise du commerce international et de l’assouplissement des conditions financières. Ils craignent cependant également que la montée du protectionnisme et les incertitudes entourant les politiques publiques freinent au contraire leur croissance.
Cette moindre performance de la région s’explique en grande partie par l’essoufflement de l’économie chinoise (4,5 % cette année puis 4,3 % en 2025), entravée par le niveau élevé de sa dette, la crise immobilière et les tensions commerciales avec les États-Unis et l’Union européenne. Hors Chine, le PIB des pays en développement de la région devrait en revanche accélérer pour atteindre 4,6 % cette année contre 4,4 % en 2023.
En Asie du Sud, la croissance sera nettement plus robuste. Même si elle reculera cette année, à 6 % (contre 6,6 % en 2023), elle repartira à la hausse, certes légère, en 2025 avec 6,1 %. En revanche, l’Inde, géant régional, verra la croissance de son PIB grimper de 7 % à 7,5 % entre 2023 et 2024 avant de retomber à 6,6 % en 2025. Dans ce dernier pays, la Banque mondiale s’attend à une activité toujours robuste dans l’industrie et les services.
Des perspectives plus sombres en Afrique du Nord et au Moyen-Orient
Les perspectives pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord s’avèrent plus sombres, dans un contexte cumulant conflits armés et endettement des États. Le PIB de la région affichera cette année une croissance de 2,7 %, soit une accélération modeste par rapport à celle de 2023 (1,9 %). Sans surprise, la croissance devrait ralentir dans presque tous les pays importateurs de pétrole. Si les économistes de la Banque mondiale anticipent une croissance de 4 % en 2025, cette prévision reste suspendue à l’évolution de la guerre entre Israël et le Hamas ainsi qu’à sa possible expansion dans la région.
Plus au sud, la croissance des économies d’Afrique subsaharienne rebondira cette année à 3,4 % en 2024 et 3,8 % en 2025, après une croissance de 2,6 % en 2023. Pourtant ces perspectives demeurent précaires.
Ainsi, l’inflation, même si elle recule dans la plupart des pays africains, reste élevée (5,1 % en moyenne cette année) dans la plupart des économies du continent. Idem pour la dette publique : la moitié des pays sont toujours aux prises avec des problèmes de liquidités extérieures. Les économistes de la Banque mondiale estiment que le rythme de l’expansion économique régionale reste inférieur à celui de la décennie précédente (2000-2014) et insuffisant pour avoir un effet significatif sur la réduction de la pauvreté.
Situation difficile en Amérique latine
Lanternes rouges de la croissance, l’Amérique latine et les Caraïbes, afficheront les croissances les plus basses de ces nouvelles prévisions, avec 1,6 % cette année et 2,7 % en 2025. En cause : les faibles niveaux d’investissement et de consommation intérieure, les taux d’intérêt élevés et les déficits budgétaires importants ainsi que la baisse des prix des produits de base. Des perturbations des expéditions par le canal de Suez et le phénomène El Niño pourraient encore assombrir les perspectives.
Enfin, en Europe et en Asie centrale, l’activité devrait marquer le pas dans les économies émergentes et en développement de cette zone, sous l’effet de la dégradation de la conjoncture économique mondiale, du resserrement des politiques monétaires mondiales, du ralentissement de la Chine et de la baisse des prix des matières premières. Alors qu’elle s’était renforcée en 2023, à la faveur d’un retour de croissance en Russie et en Ukraine et d’une reprise plus solide en Asie centrale, elle décélérera à 2,8 % en 2024 et 2025.
Bref, hormis quelques sous-régions et pays, dont les prévisions de croissance restent largement incertaines, la reprise tant attendue après la pandémie de Covid-19 se fait toujours attendre.
Sophie Creusillet