L’assureur-crédit vient de relever la classification du risque politique à moyen et long termes de l’Arménie de 6/7 à 5/7. Il motive sa décision par l’amélioration de la situation financière et aux négociations en cours en vue d’un accord de paix avec l’Azerbaïdjan.
La solvabilité de l’Arménie, dont 12 % des importations proviennent de l’Union européenne, s’améliore. Une amélioration qui tient notamment à celle de ses relations avec l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabakh, un territoire enclavé en Azerbaïdjan et peuplé d’Arméniens. Après des décennies de tensions et de conflits, les deux pays ont entamé en février 2024 des négociations en vue d’un accord de paix qui achoppe toujours sur la délimitation des frontières. Selon Credendo, « étant donné les accomplissements importants réalisés jusqu’à présent, un renouvellement du conflit entre les deux pays semble très peu probable ».
L’assureur-crédit et également en avant la croissance économique de l’Arménie en raison « d’importants afflux de fonds provenant des entreprises et des migrants et de la déviation des exportations ». Un ralentissement est certes en cours, mais le FMI table sur une croissance autour de 5 % cette année et en 2026, soutenue par les IT, un secteur en plein développement, et le développement du secteur agricole. En outre, le pays a entrepris une série de réformes systémiques visant à éradiquer la corruption, une politique qui commence à porter ses fruits. Son indice de perception de la corruption du pays, établi par Transparency International, s’est ainsi amélioré ces dernières années.
Le risque politique à court terme maintenu à 4/7
En parallèle, « dans un contexte de normalisation du tourisme et des transferts privés, le déficit du compte courant s’est creusé à 4,2 % du PIB en 2024 et devrait approcher les 5 % du PIB dans les années à venir, à mesure que les retombées positives de la guerre en Ukraine s’atténuent peu à peu ». En outre, les finances publiques de l’Arménie sont « actuellement viables, avec une dette du gouvernement central modérément élevée (légèrement supérieure à 50 % du PIB) ». Enfin, « bien que le niveau des réserves de change soit modéré et fluctue, le risque d’imposition de contrôles des changes est partiellement atténué par l’accord de confirmation préventif du FMI », estime Credendo.
Cette bonne nouvelle pour l’économie arménienne est cependant à nuancer. D’une part, parce qu’en raison du creusement du déficit du compte courant, le risque politique à court terme est toujours en catégorie 4/7 et, d’autre part, la dépendance au gaz russe reste un risque étant donné le rapprochement en cours avec l’Union européenne. L’Arménie et l’UE ont en effet « presque terminé les négociations sur un nouvel agenda de priorités », selon des propos du vice-ministre des Affaires étrangères Paruyr Hovhannisyan rapportés par Armenpress le 16 janvier dernier.
Dans ce contexte, l’importance des échanges commerciaux entre l’Arménie et la Russie qui fournit 34 % des importations de biens du pays, posent également question car, comme le rappelle Credendo, « les niveaux élevés de commerce bilatéral avec la Russie exposent les entités qui aident à contourner les sanctions occidentales à l’égard de la Russie au risque d’être elles-mêmes ciblés par les sanctions occidentales ».
Sophie Creusillet
La présence française en Arménie
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Volume total du commerce bilatéral en 2023 : 160 millions d’euros (M EUR)Exportations françaises vers l’Arménie : 143 M EURImportations françaises depuis l’Arménie : 17 M EUR
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La France est en revanche depuis 20216 le deuxième investisseur étranger après la Russie un stock d’IDE d’environ 236 M USD en 2022 , sur un stock total de 7,1 milliards de dollars (soit 36,5 % du PIB du pays)
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L’Afd et Proparco sont engagées en Arménie depuis 2012, respectivement dans le financement de la rénovation de logements et l’agroalimentaire-agriculture)
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La CCI France Arménie, fondée en 2011, compte 69 membres