A Grenoble, ARaymondlife vient de signer un contrat d’envergure avec le gouvernement canadien qui va la faire changer de dimension. Elle fournira des millions de bouchons destinés à fermer les flacons des futurs vaccins contre la Covid-19.
L’usine d’ARaymondlife, la branche santé du groupe isérois ARaymond (7 000 salariés dans 25 pays ; C.A 2019. : 1,2 milliard d’euros), va tourner à plein régime au moins jusqu’au mois d’avril 2021 pour répondre à la demande du gouvernement canadien. Elle est spécialisée dans la production de pièces (injection plastique et bi injection thermoplastique) pour les industries de la santé humaine et vétérinaire.
L’entreprise vient de signer un contrat d’envergure pour la fourniture de bouchons destinés à fermer les flacons de vaccins contre le Sras-Cov-2, coronavirus à l’origine de la Covid-19. « Le Canada a décidé d’accompagner la future vaccination en anticipant sur l’approvisionnement en matériels : contenants, seringues etc. Dans cet optique, ils nous ont passé une commande de plusieurs millions de bouchons. Le chiffre exact est confidentiel mais c’est plus que ce que l’on produit habituellement en une année », confie Nicolas Thivant, président d’ARaymondlife, au Moci.
Ces bouchons, baptisés RayDyLyo, sont issus de la technologie historique du groupe ARaymond : les clips et les accroches. « Il s’agit d’un bouchon innovant en plastique, tout-en-un, que nous avions développé en 2012. Il représente une alternative aux capsules en aluminium, contraignantes en termes sanitaires pour leur sertissage. Nos bouchons simplifient la fermeture grâce au concept de tout-en-un. Ce produit sera notre blockbuster 2021 », sourit le dirigeant.
Un partenaire canadien rencontré sur un salon
Si ARaymondlife réalise déjà 50% de son chiffre d’affaires à l’export, elle n’avait encore jamais signé de contrat de cette ampleur. Un marché qu’elle a décroché grâce à son écosystème de partenaires.
La PMI s’était en effet attachée à nouer des relations solides avec des verriers et des fabricants de machines. Principalement allemands mais pas seulement. Elle a ainsi codéveloppé avec Vanrx, fabricant canadien de remplisseuses aseptiques pour produits pharmaceutiques, des machines spécifiquement dédiées au process de remplissage avec bouchons RayDyLyo, sans aucune intervention humaine.
« Nous les avions rencontrés à l’occasion d’un salon à l’étranger et nous travaillons avec eux depuis 2015. C’est via Vanrx que nous avons été mis en relation avec Santé Canada », raconte Nicolas Thivant.
La part de l’export devrait bondir de 50 à 90 %
Créée en 2008 pour réduire la dépendance du groupe ARaymond vis-à-vis du marché automobile, ARaymondlife enregistre une croissance soutenue : 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires en 2016, 4,2 millions en 2019, 9 millions en 2020, avec 50 salariés. Un quasi-doublement du C.A. est attendu pour 2021, à 20 millions. Et le développement viendra principalement de l’international avec une part à l’export qui devrait passer de 50 à 90 %.
L’entreprise travaille avec des commerciaux basés à Grenoble ainsi qu’avec des spécialistes multicartes implantés sur place pour la Corée, le Japon, Israël, le Brésil ou encore l’Afrique du Sud.
ARaymondlife s’appuie par ailleurs sur Business France, notamment pour l’Inde. Trois ou quatre contrats de volontaires internationaux en entreprise (VIE) devraient être signés dès que la situation sanitaire le permettra pour l’Inde, la Chine et le Brésil.
Une autonomie en matière de développement commercial
Malgré la forte présence internationale de sa maison mère, ARaymondlife ne peut compter que sur ses propres ressources à l’étranger. « Nous ne bénéficions pas de l’aura du groupe : les réseaux et les contacts commerciaux ne sont pas du tout les mêmes dans la santé que pour l’activité historique d’ARaymond, l’automobile. Nous devons faire notre chemin seuls » souligne son dirigeant.
En revanche, Nicolas Thivant compte bien profiter du réseau ARaymond à travers le monde lorsqu’il enclenchera le deuxième étage de la fusée, d’ici 5 ans si tout va bien : l’implantation de sites de production à l’étranger. Aux États-Unis et en Chine pour commencer.
« Aujourd’hui, tout est fabriqué dans notre usine du bassin isérois. Mais à terme, nous devrons augmenter nos capacités et rapprocher la production de nos clients. Et là, l’empreinte ARaymond sera très utile. J’estime qu’elle nous permettra de réduire par deux ou trois le temps d’implantation sur place » explique le dirigeant.
En attendant, l’entreprise investit massivement sur son site grenoblois (montant non communiqué) pour multiplier par huit ses capacités de production d’ici fin 2024. Une vingtaine de salariés supplémentaire sera recrutée dans les six prochains mois.
Stéphanie Gallo