La première étude d’impact* de la Team France Export aux Antilles et en Guyane livre des résultats plutôt encourageants pour le nouveau dispositif d’aide à l’export public. Un résultat positif alors que la Guadeloupe vient tout juste de mettre en place le dispositif localement avec l’arrivée d’un conseiller international au printemps.
Cette étude d’impact a permis de sonder 80 entreprises accompagnées par la TFE en mars, plutôt des petites PME et TPE, dont une soixantaine ont répondu. Selon les résultats, le nombre d’exportateurs a augmenté de 44 % parmi elles, et 77 % déclarent avoir obtenu des retombées économiques à la suite de l’accompagnement dont elles ont bénéficié avec la TFE.
La Guadeloupe enfin dotée d’un conseiller localement
Bien que les répondants proviennent des trois Régions d’Outre-mer, l’influence des performances des exportateurs de la Martinique n’est pas négligeable : « Deux conseillers internationaux y sont en place depuis près de 3 ans » explique Johann Remaud, coordinateur TFE pour l’Outre-mer, basé chez Business France, à Paris.
La Guadeloupe est restée sans dispositif public spécifique d’aide à l’export pour les PME après la dissolution de l’agence régionale Guadeloupe Expansion, en 2017, alors que la Chambre de commerce et d’industrie régionale ne proposait plus de services dans ce domaine.
Ce n’est qu’au printemps dernier qu’une conseillère international a pu être recrutée à la suite d’un accord dans le cadre de la TFE : Raïssa Kern est à présent à pied d’œuvre et le recrutement d’un deuxième conseiller est dans les projets d’ici à la fin de l’année.
Une zone d’exportation d’abord régionale
Autre enseignement de l’étude, les destinations privilégiées des exportateurs antillais et guyanais sont d’abord dans la région : 52 % y ont développé des courants d’affaires depuis 2018. Avec un top 5 constitué de Sainte Lucie, les Antilles néerlandaises, la République Dominicaine, les Etats-Unis et la Belgique.
Qu’exportent ces entreprises ? Essentiellement des services, de l’expertise et des technologies dans des domaines tels que l’habitat tropical ou les cleantech, ainsi qu’un peu d’agroalimentaire et de la cosmétique.
Concernant les métiers de l’habitat tropical, où se mêlent des expertises telles que l’architecture, l’ingénierie, l’énergie, la priorité est de former les entreprises aux marchés publics internationaux : plusieurs d’entre elles suivent actuellement un programme de formation.
Une opération « Tast Exotic France » sur le marché nord-américain.
L’agroalimentaire est un autre axe de développement. « L’agroalimentaire est un secteur très focalisé sur les livraisons à l’Hexagone, et que l’on essaye d’orienter vers l’export », souligne Johann Remaud. Avec comme principale cible le marché nord-américain.
Dans cet objectif, un nouveau programme a été mis en place il y a deux ans dénommé « Exotic Tast of France », qui vise à embarquer des PME et TPE dument préparées, coachées et sélectionnées dans une opération de conquête du marché américain. Le programme entre dans sa troisième phase : six entreprises motivées et préparées ont été sélectionnées sur une quinzaine qui s’étaient inscrites au début.
Leurs produits ont été mis en conformité avec la législation américaine, leur étiquetage adapté : eaux pétillantes, boissons et sirops exotiques, confitures, préparations à base de viandes ou de poissons, tous sont prêts pour le marché américain. Un importateur basé aux Etats-Unis et spécialisé sur les produits exotiques a été trouvé et s’occupera de leur commercialisation.
« Nous allons faire partir un conteneur groupé de produits vers les Canada et les Etats-Unis », se réjouit Johann Remaud. Ce dernier caresse également l’espoir de monter une opération export similaire avec les producteurs indépendant de rhum, plus nombreux en Guadeloupe qu’en Martinique, l’an prochain.
Une nouvelle génération intègre l’export dans les business plans
Les volumes ne sont pas extraordinaires, car ces entreprises sont souvent de petite taille, et pour certaines, l’export jusqu’à récemment c’était d’abord d’aller vendre ses produits dans l’île voisine -on parle alors d’expédition. Monter ainsi une opération à plusieurs, avec des produits complémentaires, est une bonne solution pour franchir un premier cap.
Elles diversifient ainsi leurs débouchés, gage d’une plus grande résilience, un enjeu non négligeable dans le contexte de crise sanitaire actuel.
Johann Remaud constate à cet égard que l’export est de plus en plus intégré dans les visions stratégiques des PME et TPE aux Antilles et en Guyane. « On voit de plus en plus arriver une nouvelle génération de dirigeants, qui ont fait des études à l’étranger, et qui ont une approche plus globale d’entrée, avec des business plans qui intègrent l’internationalisation » constate-il. Résultat : dans l’étude d’impact, la barrière de la langue est à peine citée comme un frein à l’export.
Autre tendance intéressante : 65 % des entreprises interrogées dans l’étude envisagent le recrutement d’une personne dédiée à l’export, ce qui confirme que le sujet est désormais pris très au sérieux par leurs dirigeants. 76 % des interrogés se déclarent en outre intéressés par le volontariat international en entreprise (VIE), ce qui pourrait permettre de faire décoller ce dispositif aux Antilles, où il ne compte actuellement qu’une dizaine de clients.
L’Etat est de son côté prêt à donner les coups de pouce nécessaires : actuellement, grâce aux aides du ministère des Outre-Mer, les prestations de la TFE sont subventionnées à 80 %, et le coût mensuel d’un jeune VIE à 65 %.
Christine Gilguy
*La synthèse de cette étude est dans le communiqué téléchargeable ci-après