Organisé à Bercy, le 9 juin, le IXe Forum économique international Amérique latine-Caraïbes * se tenait ainsi à quelques mois de la prochaine conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Or, cette conférence, qui promet d’être d’autant plus intéressante qu’elle sera la première de l’ère Trump, se tiendra du 11 au 14 décembre à Buenos Aires. Une première en Amérique du Sud, et un événement d’une forte portée symbolique pour l’Argentine, pays, qui, tout en étant membre du Mercosur (Marché commun du Sud) -avec le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay-, s’était refermé sur lui-même pendant l’ère Kirchner. Et ce, jusqu’à ce que son nouveau président depuis le 22 novembre 2015, Mauricio Macri, lui redonne le goût de l’ouverture internationale.
Le forum de Bercy a donné un avant-goût des débats qui agitent d’ores et déjà la communauté internationale en matière de commerce. Et la tache du pays hôte ne sera pas facile.
F. Cabral : « on est tous d’accord que l’OMC doit exister »
Intervenant à Paris après les panélistes de la table-ronde consacrée à « l’Amérique latine et les Caraïbes face au défi de la mondialisation », l’ambassadeur du Chili auprès de l’OMC, Hèctor Casanueva, présent dans la salle, estimait que cette conférence ministérielle allait se dérouler dans un contexte international compliqué, caractérisé par « les difficultés du multilatéralisme » et « l’essor du protectionnisme ». Selon lui, « on assiste à un véritable recul et pas à une avancée ». D’où la question qu’il a adressée au ministre de la Production argentin, Francisco Cabrera : « qu’attendez-vous de cette conférence ? ».
Prenant le contre-pied du représentant de l’État chilien, le ministre argentin s’est montré très optimiste. D’abord, parce que, a-t-il expliqué, « nous avons déjà tenu une réunion de préparation et ce qui importe, ce n’est pas ce que pense l’Argentine, mais ce que veulent tous les participants, y compris le Chili ». Et Francisco Cabral de faussement s’interroger : « est-ce qu’on veut remettre en cause les règles de l’OMC ? On a eu des discussions en toute transparence et on est tous d’accord (sur le fait) que l’OMC doit exister ». Et le ministre argentin d’asséner en guise de conclusion : « y compris le représentant des États-Unis dit que si l’OMC n’existait pas il faudrait l’inventer ».
H. Meirelles : « l’intégration monétaire est d’un autre type »
Ensuite, il est bien évident que cette conférence ministérielle de l’OMC revêt une importance cruciale pour l’Argentine, dont le rapprochement avec le Brésil au sein du Mercosur tranche effectivement avec le protectionnisme affiché par l’Administration Trump.
Le ministre brésilien des Finances, Henrique Meirelles, a ainsi insisté sur l’intégration régionale en Amérique latine. Et, sur un sujet qu’il connaît bien, la monnaie, il a jugé que la priorité en matière d’intégration régionale, « était le commerce, les règles, les procédures, notamment douanières, les contraintes physiques étendues au numérique, pas la monnaie ». Et d’expliquer dans la foulée que « ces types d’intégration sont acceptées car elles contribuent à la modernisation des pays », alors que « l’intégration monétaire est d’un autre type ».
Selon le ministre brésilien, « il y a des inconvénients, comme le montre le cas de la zone euro. L’intégration monétaire ne peut donc être que complémentaire. Elle offre la possibilité d’avoir une monnaie forte, mais, en même temps, elle enlève toute souveraineté monétaire. Par ailleurs, certains États bénéficient d’une croissance économique forte, ce qui n’est pas forcément le cas de tous, ce qui pose des problèmes en termes budgétaires ». Donc, il faut être prudent.
François Pargny
Pour prolonger :
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