Depuis plusieurs semaines, les opérateurs du commerce extérieur « éprouvent les pires difficultés » pour acheminer leurs produits par voie maritime, « principalement en direction de l’Asie », dénoncent dans un communiqué commun en date du 27 avril TLF Overseas et l’AUTF. Le démarrage au 1er avril dernier des nouvelles alliances d’armateurs maritimes n’est pas sans conséquences opérationnelles pour les exportateurs français. Face au désarroi de leurs adhérents, TLF Overseas, le syndicat professionnel qui regroupe les commissionnaires de transport aérien et maritime et les syndicats professionnels portuaires, et l’AUTF, l’organisation professionnelle des chargeurs, montent au créneau et appellent les transporteurs maritimes à mettre rapidement un terme aux dysfonctionnements constatés sur les services proposés.
Des tarifs multipliés par trois ou quatre
Dans leur communiqué, TLF Overseas et l’AUTF alarment sur certaines pratiques tarifaires des armateurs. « On dénonce le fait que cette augmentation se fasse de façon brutale, c’est-à-dire sans préavis, sans négociations, de manière unilatérale », a réagi sur le vif Herbert de Saint-Simon, président de TLF Overseas, contacté par Le Moci. « Car, s’indigne-t-il, lorsqu’on multiplie les tarifs par trois ou par quatre de manière unanime ce n’est pas fairplay ». L’organisation professionnelle déplore le manque de concertation et de dialogue entre les armateurs et leurs clients, les chargeurs directs et commissionnaires de transports internationaux dont il défend les intérêts. « Une remontée des tarifs, ça se fait de manière coordonnée », renchérit-il. « On est passé de 500 dollars par conteneur de 20 pieds à 2 000 dollars en trois semaines ! » s’insurge-t-il.
L’alliance baptisée « Ocean Alliance » nouée entre l’armateur marseillais, CMA CGM, n° 3 mondial, le géant chinois COSCO Container Lines, le taïwanais Evergreen Line et le hongkongais Orient Overseas Container Line pour mutualiser leurs moyens et coopérer sur de nombreuses lignes maritimes est opérationnelle depuis le 1er avril dernier. C’est justement cette «concomitance » de la mise en place des alliances maritimes et des pratiques pénalisantes appliquées par les armateurs de ces alliances qui soulève beaucoup de questions parmi les adhérents de TLF Overseas.
« Aujourd’hui, glisse Herbert de Saint-Simon, les trois principales alliances représentent 95 % des capacités opérationnelles ». Les clients de ces mêmes compagnies se retrouvent donc pris en étau. D’après le syndicat professionnel, les transporteurs maritimes leur opposent « de façon récurrente » des pénuries de matériels, une raréfaction des capacités ou encore des délais d’embarquement excessivement longs (jusqu’à 8 semaines pour obtenir une réservation). Herbert de Saint-Simon enfonce encore le clou : « Les commissionnaires de transport et les chargeurs directs ont subi ce dictat des compagnies maritimes qui perturbe fortement les exportateurs ».
Le syndicat professionnel pointe du doigt notamment « la précipitation » du côté des armateurs qui n’ont pas anticipé les conséquences opérationnelles de la mise en place des nouvelles alliances au 1er avril. Ces derniers, estiment les deux organisations professionnelles, n’ont pas su « se préparer correctement à cette échéance » pénalisant ainsi leurs adhérents, lesquels faute de pouvoir livrer leurs clients asiatiques, « perdent des ventes occasionnant ainsi des ruptures d’approvisionnement ».
Une raréfaction des capacités
Outre, la hausse des tarifs, les adhérents ont également rapporté à TLF Overseas et l’AUTF d’autres pratiques les pénalisant. Les compagnies maritimes entretiennent selon les deux organisations professionnelles une raréfaction des capacités. « Elles organisent la pénurie des capacités », affirme le président de TLF Overseas. Pourtant, avec l’émergence des alliances maritimes, l’arrivée des porte-conteneurs géants dans le secteur du transport maritime qui sillonnent les autoroutes maritimes a eu pour effet de créer des capacités excédentaires.
De plus, ces dysfonctionnements dénoncés sur l’axe Europe-Asie s’observent également sur la route transatlantique et vers l’Afrique.
Devant cette situation, les organisations professionnelles européennes représentant les intérêts des chargeurs et des organisateurs de transports internationaux ont déjà alerté les autorités de la concurrence.
Venice Affre