Alors que l’économie allemande s’achemine vers une récession avant la fin de l’année, la discipline de paiement de ses entreprises semble se maintenir, selon Coface. Du moins pour l’instant : l’incertitude quant à leur avenir à long terme les conduit à proposer moins de délais de paiement.
Outre-Rhin, le nombre et la durée des retards de paiement ont certes augmenté, mais de manière modérée, selon la dernière enquête de Coface sur le comportement de paiement des entreprises en Allemagne. 65 % des entreprises interrogées signalent des retards de paiement, soit 6 % de plus en glissement annuel.
Malgré la conjoncture, les entreprises sont toujours payées rapidement en Allemagne. La durée du retard de paiement moyen a augmenté d’un jour seulement pour atteindre 28,7 jours en 2022. Ce chiffre est le deuxième le plus faible depuis le début de cette enquête en 2016. En outre, le nombre de retards de paiement a légèrement augmenté, passant de 59 % en 2021 à 65 % en 2022. Cela reste inférieur aux niveaux de 2020 (68 %) et bien en-deçà de la moyenne pré-pandémique de 82 %.
Les entreprises du secteur de l’emballage ont connu le temps d’attente le plus court cette année (18,4 jours en moyenne), alors que les entreprises du secteur financier ont dû être les plus patientes pour se faire payer (délai moyen de 35 j).
« Les retards de paiement restent liés principalement aux difficultés financières des entreprises. Et celles-ci nous indiquent que les difficultés financières qu’elles connaissent sont liées à la hausse des coûts des matières premières, des intrants et des coûts de production, à des problèmes de chaîne d’approvisionnement, à une forte pression concurrentielle, ou encore à une baisse de la demande en Allemagne. Notons que l’impact de la pandémie a perdu de son importance et n’est pas mentionné par les entreprises, alors même que la pandémie est loin d’être terminée », détaille Christiane von Berg, économiste Europe du Nord chez Coface.
Vigilantes, les entreprises offrent des délais de paiement plus courts
Signe de l’inquiétude grandissante des entreprises et de leur prudence, elles sont moins nombreuses à proposer des délais de paiement que l’année dernière (71 % contre 74 %). C’est notamment le cas pour les entreprises principalement actives sur le territoire allemand.
Les délais de paiement courts continuent d’être largement majoritaires en 2022, avec 90 % des entreprises exigeant que les paiements soient effectués sous 60 jours. Dans l’ensemble, la durée moyenne du crédit n’a que très peu évolué, avec une augmentation de 0,2 jour pour atteindre 32,8 jours.
« Il est possible de tirer deux enseignements de ces résultats. D’une part, les entreprises semblent plus vigilantes et réduisent donc le nombre de délais de paiement. D’autre part, même si les entreprises préfèrent accorder des délais de paiement courts car leur confiance en leurs clients diminue, des raisons techniques – normes de marché, problèmes de chaîne d’approvisionnement, délais de livraison – les obligent à continuer à accorder des délais de paiement, voire à les prolonger », explique Christiane von Berg.
Incertitude sur les perspectives commerciales
Bien que les comportements de paiement restent très positifs, les entreprises n’ont jamais été aussi pessimistes quant aux perspectives commerciales. Leur point de vue sur la situation en 2022 est à peu près neutre, mais 38 % des répondants s’attendent à des conditions commerciales plus mauvaises en 2023, et seulement 14 % sont optimistes pour 2023. Et ce pessimisme est visible dans presque tous les secteurs.
« La situation économique et les perspectives macroéconomiques semblent également avoir changé la façon dont les entreprises allemandes perçoivent les opportunités de développement commercial, souligne Christiane von Berg. Se développer sur le marché domestique allemand reste leur priorité, même si la dynamique est plus faible. Et les entreprises indiquent désormais qu’elles se focalisent moins sur l’UE et la Chine qu’auparavant et qu’elles s’intéressent davantage aux États-Unis et à l’Europe (hors UE). Cela peut s’expliquer par leur volonté de s’adapter aux sanctions de l’UE contre la Russie et le Belarus. »
L’indicateur Ifo anticipe un recul de 0,3 % du PIB allemand en 2023, en baisse de 4 points par rapport à ses prévisions de juin.
S.C.
Pour consulter l’enquête de Coface sur les comportements de paiement des entreprises en Allemagne, cliquez ci-dessous.