Dans sa dernière enquête annuelle sur les pratiques de paiement en Allemagne, Coface note une légère dégradation des comportements des entreprises, par ailleurs globalement en voix de stabilisation. Les perspectives pour 2024 sont en revanche plutôt sombres.
Outre-Rhin, davantage d’entreprises ont proposé des délais de paiement en 2023 (79 % des entreprises sondées par l’assureur-crédit Coface), un niveau comparable à celui de 2019 (81 %). La tendance générale pour les délais de crédit courts en Allemagne reste stable : plus de la moitié des entreprises interrogées ont demandé que les paiements soient effectués dans les 30 jours, tandis que les délais de crédit très longs (120 jours ou plus) sont restés rares.
Le nombre d’entreprises déclarant des retards de paiement s’est normalisé et a augmenté pour atteindre une part de 76 % en 2023, nettement supérieure à celle de la période 2020-2022, mais pas aussi élevée qu’en 2019 (85 %). Cette normalisation survient après la suppression de la quasi-totalité des mesures de soutien mises en place pendant la pandémie.
Des entreprises inquiètes de leurs perspectives commerciales
La durée moyenne des retards de paiement a augmenté pour atteindre 30,1 jours en 2023 (+ 1,4 jour par rapport à 2022), ce qui reste sensiblement inférieur à la moyenne prépandémique de 39,7 jours. La plupart des secteurs (hors bois, construction et textile-habillement) enregistrent une augmentation de la durée des retards de paiement.
Avec une moyenne de 22 jours, les entreprises du secteur du papier et de l’emballage ont connu le temps d’attente le plus court cette année, tandis que les entreprises du secteur financier ont dû se montrer les plus patientes, avec un retard moyen de 39,2 jours.
Malgré cette dégradation des comportements de paiement outre-Rhin, Coface estime qu’ils demeurent relativement bons. En revanche, les entreprises allemandes se disent très pessimistes quant à leurs perspectives commerciales. Leur perception de la situation actuelle est particulièrement négative, puisque seuls 13 % des participants pensent que leur situation est meilleure qu’en 2022, tandis que 41 % la perçoivent comme plus mauvaise.
Un quart des sondés envisagent une stratégie de « de-risking » d’ici trois ans
Les perspectives pour 2024 ne sont pas plus optimistes puisque seuls 20 % des répondants s’attendent à un redressement de leur entreprise, tandis que 28 % se préparent à des perspectives encore plus sombres. Bien que l’impact des grands risques uniques, tels que les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales, ait diminué, le nombre de risques qui affectent simultanément les entreprises augmente.
Dans ce contexte, l’Allemagne a perdu du terrain par rapport à 2022, tandis que les États-Unis et l’Europe de l’Est ont gagné en popularité. La Chine est également devenue légèrement plus attrayante, mais son soutien est resté à un niveau très bas si l’on compare aux années passées. Cette évolution est également le résultat des stratégies de réduction des risques –de-risking– des entreprises allemandes, qui tentent de réduire leur dépendance à l’égard d’un pays, d’un fournisseur ou d’un client.
Cette année, 12 % des entreprises participantes ont déjà opté pour le « de-risking » (l’atténuation des risques), le secteur du textile étant le plus touché par ce phénomène. Au cours des trois prochaines années, 25 % des entreprises allemandes interrogées par Coface prévoient d’utiliser une telle stratégie pour leurs activités.
S.C.