Le renforcement des mesures sanitaires devrait peser sur les chiffres de la croissance allemande au quatrième trimestre de 2021, selon une note de conjoncture du Crédit Agricole. Le PIB devrait rebondir en 2022, tirée à la hausse par la consommation, avant de ralentir à nouveau en 2023.
Après avoir nettement ralenti au troisième trimestre (+ 1,7% en variation trimestrielle après + 2 % au T2), le PIB allemand devrait subir un sérieux coût de frein au quatrième trimestre (T4) 2021. En effet, si la contraction des investissements et des exportations nettes, avait pesé sur la croissance à l’été dernier, cette dernière avait été néanmoins soutenue par une accélération de la consommation, note le Crédit Agricole.
La donne a changé depuis, avec la nouvelle vague épidémique et ses restrictions qui ont cette fois concerné plus particulièrement les services. La consommation privée est attendue en ralentissement marqué au T4 (+ 0,2 %) mais devrait néanmoins éviter un recul en raison du maintien de la quasi-totalité des activités ouvertes et des restrictions plus ciblées mises en place. Ce contretemps devrait décaler l’utilisation de l’excès d’épargne jusqu’ici accumulée au profit d’une consommation plus robuste des ménages qui s’exercerait au cours des prochains mois.
Vers un renchérissement prolongé des coûts de production
Selon les prévisions du Crédit Agricole, l’activité industrielle resterait cependant relativement préservée grâce à un niveau encore élevé des commandes mais subirait néanmoins toujours de nombreux goulots d’étranglement qui continueront de peser sur les coûts de production et par conséquent les marges des entreprises.
L’investissement devrait ainsi continuer de se contracter à court terme notamment sur sa composante productive. En dépit d’un taux d’utilisation des capacités productives élevé, le risque d’un renchérissement prolongé des coûts de production pourrait peser sur les marges des entreprises et leurs opportunités à investir. L’investissement dans la construction a plutôt été épargné par cette crise, principalement guidé par une demande supérieure à l’offre.
Prévisions de croissance : + 4,2 % en 2022 et + 1,9 % en 2023
Les exportations sont attendues en rebond grâce au regain de la demande chinoise mais les importations, elles aussi orientées à la hausse viendront gommer les effets positifs attendus sur les exportations nettes. Dans ce contexte, les analystes du Crédit Agricole anticipent néanmoins une croissance du PIB de +2,7 % pour l’ensemble de l’année 2021.
Un rebond plus ferme devrait néanmoins voir le jour au premier semestre, permettant d’entrevoir une nette accélération de la croissance à 4,2 % en 2022 et ainsi de récupérer le niveau de PIB d’avant-crise dès le début d’année si toutefois le nouveau variant Omicron ne vient pas compromettre la dynamique de rattrapage de l’activité jusqu’ici engagée.
En 2023, l’activité devrait néanmoins retrouver le chemin de la normalisation avec une croissance plus modeste de 1,9%.
Le plan de relance national va booster l’investissement
En attendant, les dispositifs de soutien aux entreprises ont été prolongés jusqu’au mois d’avril pour amortir le choc de ce nouvel épisode viral. De plus, la nouvelle coalition alliant les sociaux-démocrates, les libéraux et les Verts pourrait user de davantage de souplesse budgétaire pour satisfaire à l’engagement pris d’une transformation numérique et écologique de grande ambition.
Par ailleurs, la mise en œuvre du plan de relance national devrait accélérer la concrétisation de nombreux projets d’investissements dès 2022, créant une dynamique favorable dans de nombreux secteurs comme la construction, l’énergie, l’industrie ou la mobilité. 50 milliards d’euros sont ainsi prévus (soit 38 % du plan de relance) pour des investissements technologiques et climatiques (mobilité électrique, extension et électrification du réseau ferroviaire, infrastructures 5G, recherche sur l’intelligence artificielle…).
Contrariée par la nouvelle vague épidémique, la reprise de la croissance allemande accusera donc un temps de retard mais peut compter sur une consommation robuste et des investissements stratégiques dans le cadre du plan de relance.
Sophie Creusillet
Pour consulter la note de conjoncture du Crédit Agricole, cliquez ci-après.