La crainte d’un blocage des opérations d’import-export entre l’Algérie et la France, a affolé les milieux d’affaires français et algériens cette semaine, à la suite d’une rumeur d’arrêt de la domiciliation bancaire. Elle a été interrompue le 7 novembre par un communiqué officiel du Premier ministre Nadir Larbaoui.
« Suite aux allégations mensongères colportées par l’ancien ambassadeur de France à Alger, dans son délire haineux et coutumier à l’égard de l’Algérie, au sujet de prétendues mesures restrictives au commerce, la cellule de Communication auprès du Premier ministre tient à apporter un démenti catégorique à ces informations erronées et totalement infondées ». C’est ainsi que les services du Premier ministre algérien ont apporté un démenti catégorique à une rumeur qui a affolé les milieux d’affaires français et algériens cette semaine.
Un mot du contexte car cette rumeur était rendue plausible par un climat des relations bilatérales empoisonné par la brouille diplomatique actuelle, les autorités algériennes reprochant à la France le changement de position du président Macron sur la question du Sahara occidentale, qui a apporté son soutien au plan marocain. Elles ont rappelé leur ambassadeur à Paris il y a quatre mois. Une visite officielle en grande pompe du président français à Rabat a scellé, fin octobre, la réconciliation franco-marocaine.
Pour clore ce chapitre du contexte, la Banque d’Algérie, dans une note techniques aux banques algériennes le 6 novembre, a officialisé le rétablissement de la domiciliation bancaire pour les opérations de commerce extérieur avec l’Espagne, après près de deux ans de brouille diplomatique sur le même sujet mais apaisée récemment. Cette fois-ci, l’information a été relayée par la presse algérienne, notamment El Watan.
Partie d’un post sur X d’un diplomate français
Reprise par plusieurs médias en ligne algériens et étrangers mais non étayée par une communication officielle des autorités compétentes -dont la Banque d’Algérie, sur tous les aspects de la réglementation bancaire-, cette rumeur a donc fait état d’une instruction donnée oralement le 4 novembre aux représentants des banques locales, lors d’une réunion qui aurait été convoquée par l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), de ne plus domicilier, à compter du 5 novembre, les transactions liées aux importations de biens venant de France et aux exportations vers la France. La domiciliation bancaire des opérations de commerce extérieur étant obligatoire en Algérie, cela aurait stoppé net le commerce bilatéral, comme pour l’Espagne.
C’est un post du 6 novembre sur le réseau X de l’ancien ambassadeur de France à Alger Xavier Driencourt -le diplomate auquel fait allusion le communiqué des services du Premier ministre-, toujours en ligne le 8 novembre, qui a mis le feu aux poudres médiatiques : s’appuyant sur un document non officiel attaché à son post et censé résumer les fameuses instructions orales de l’Abef aux banques locales, il y déclarait : « Pour remercier la France, l’Algérie décide de bloquer toutes les importations françaises et les exportations à destination de la France. Nous sommes décidément aveugles ».
En l’absence de communication officielle de la part des autorités algériennes, difficile de savoir le vrai du faux dans cette histoire. Mais le communiqué du Premier ministre, largement relayé dans les milieux d’affaires français comme l’atteste un post de la Chambre de commerce algéro-française sur Linkedin, y a mis une fin définitive.
Christine Gilguy