L’Algérie paie sa forte dépendance aux hydrocarbures. En raison de la chute des cours du pétrole, l’assureur crédit export Credendo vient de décider de dégrader ce pays de la catégorie 2 à la catégorie 3 sur l’échelle de ses risques à moyen terme (qui compte sept échelons, 7 étant le risque le plus élevé).
« Nous pensons que la baisse des prix de l’or noir va durer un moment et que la balance des comptes courants va beaucoup souffrir et donc le budget, car les hydrocarbures représentaient plus de 85 % des recettes de la balance courante en 2013 », explique au Moci Jolyn Debuysscher, analyste risque pays chez Credendo.
Pour corser le tout, l’Algérie a subi depuis septembre 2014 une dépréciation d’environ 30 % de sa monnaie par rapport au dollar. Dans une économie dominée par l’État et déficiente en matière de compétitivité et d’environnement des affaires, l’assureur belge ne voit donc pas de raison d’améliorer son évaluation du risque commercial, qui est à son plus bas niveau : l’Algérie est, en effet, classée en C, la catégorie de risque la plus élevée (sur une échelle allant de A à C).
Des réformes nécessaires pour diversifier l’économie et consolider le budget
Dans une notre rédigée en septembre, Credendo insiste sur les mesures de « diversification de l’économie » et de « consolidation du budget, par exemple en coupant dans les subventions » jugées « essentielles » pour l’avenir du pays. Puis l’assureur pointe les nombreux dysfonctionnements : « un environnement réglementaire lourd, conduisant à des retards de paiement réguliers, et un environnement de l’investissement étranger plutôt hostile ».
Notamment, « les investisseurs étrangers sont limités à une participation de 49 % ». Et la compagnie belge d’enfoncer le clou, en affirmant que les investissements dans les hydrocarbures sont restés limités, malgré une nouvelle loi votée en 2013. Et ce pour deux raisons : d’abord, la sécurité, en particulier depuis les attentats du complexe gazier d’In Amenas en 2013, est devenue une préoccupation forte de la part des investisseurs. Ensuite, les grands investisseurs hésitent sachant que la compagnie nationale Sonatrach détiendra obligatoirement une participation majoritaire dans les projets de pétrole et de gaz du pays.
F.P