Le redémarrage des missions des volontaires internationaux en entreprises (V.I.E) est freiné par la troisième vague de la pandémie en Europe et les fermetures de frontières aux ressortissants français dans plusieurs grands pays d’accueil. Si quelques zones font exception, à l’instar de l’Afrique sub-saharienne et l’Asie du Sud-Est, la reprise est désormais attendue pour l’été.
En ce mois de mars pluvieux, alors que monte la crainte d’un nouveau confinement, Christophe Monnier (notre photo), se souvient de son arrivée en septembre pour prendre le poste de directeur du V.I.E chez Business France : les missions redémarraient enfin après un arrêt entre mars et juillet, l’ambiance était à l’optimisme avec l’arrivée du plan de Relance et les chèques relance V.I.E, ces subventions de 5000 euros à l’embauche d’un jeune, qui devaient permettre de doper les recrutements par les PME et ETI.
Mais la deuxième vague pandémique, suivie d’une troisième amenée par les variants du Sars COV-2, a mis un coup de frein à cette reprise, notamment dans les pays hors de l’Union européenne du fait des restrictions sanitaires et de la fermeture des frontières. A fin février, le nombre total de V.I.E en poste était tombé à moins de 8000 – 7682 exactement-, contre plus de 10 000 avant la crise sanitaire.
Depuis son lancement en octobre 2020, seulement 280 chèques Relance V.I.E sur un objectif de 3000 d’ici fin 2021 ont été accordés alors que toute les Régions ont aujourd’hui décidé de les financer, le Grand Est ayant été la dernière à voter un budget dans ce sens. Beaucoup de projets de recrutement ont en fait été retardés à cause de la poursuite de la pandémie et des fermetures de frontières.
Toutefois, la situation est contrastée selon les zones géographiques et tout n’est pas aussi sombre.
En Europe, les missions sont bien reparties
« La bonne nouvelle c’est que depuis octobre, toute les missions sont reparties en Europe » se réjouit Christophe Monnier.
Un total de 3724 V.I.E étaient en poste dans les pays de l’Union européenne fin février, avec les plus gros contingents en Belgique (1015), Allemagne (729), Espagne (736), Luxembourg (259) et Italie (235). La Suisse, aux portes de l’UE, en compte 161.
Seul bémol : aux portes de l’UE, alors que le Royaume-Uni est un pays d’accueil traditionnellement important, le Brexit a compliqué la situation d’un point de vue juridique. Les mission V.I.E durent normalement de 6 à 24 mois mais les accords conclus par Londres et Bruxelles limitent à six mois la durée d’un visa simple.
« Avec l’ambassade de France, nous menons un travail de fond pour trouver une solution de titre de séjour adapté ou négocier un accord bilatéral avec les autorités britanniques » confie Christophe Monnier. Car le Royaume-Uni n’a pas perdu son pouvoir d’attraction : il demeure le troisième pays d’accueil des V.I.E avec 679 jeunes en poste fin février 2021.
Au grand export, le frein des fermetures de frontières
« C’est beaucoup plus difficile dans les pays tiers » constate Christophe Monnier
Si le gouvernement français a prévu des dérogations « pour raison impérieuse » à son interdiction de voyager hors de France dont bénéficient ces jeunes (c’est le Centre de crise qui donnent les dérogations), les grands pays d’accueil traditionnels des V.I.E sont actuellement fermés aux ressortissants français pour raisons sanitaires.
C’est par exemple le cas des Etats-Unis et du Canada qui accueillent bon an mal an 1400 de ces jeunes. Leur nombre est tombé à 1122 en février 2021, dont 639 pour le premier et 483 pour le second.
En Amérique latine, on en compte 280 pour toute la zone.
En Asie, la Chine a fermé ses frontières pour raison sanitaire en décembre, stoppant les nouveaux départs : on y comptait 240 V.I.E fin février. Le Japon en accueille actuellement 145, autant qu’aux Emirats arabes unis, mais l’Inde n’en compte qu’une cinquantaine en poste.
Quant à l’Australie et à la Nouvelle Zélande, elles ont fermé leurs frontières : fin février, 106 V.I.E étaient en poste dans le premier, 28 dans le second.
Seuls l’Afrique et l’Asie du Sud-Est font exception
Seules deux zones font exception : l’Afrique sub-saharienne et l’Asie du Sud-Est. « L’Afrique sub-saharienne a été largement moins impactées par la Covid-19, explique Christophe Monnier. Quant à l’Asie du sud-est, où les pays ont mieux maîtrisé la propagation de la pandémie, c’est devenu l’une des principales zones ouvertes aux V.I.E ».
Moyennant Tests PCR avant le départ et petite quarantaine à l’arrivée, les jeunes peuvent partir en mission sans problème au Cambodge, en Malaisie, en Thaïlande, à Singapour ou au Vietnam. « On a près de 500 V.I.E en poste actuellement dans l’Asean » détaille Christophe Monnier. Les plus gros contingents sont à Singapour (134), au Vietnam (70) et en Thaïlande (51).
Quant à l’Afrique sub-saharienne, les principaux pays d’accueil se trouvent parmi les poids-lourds d’Afrique francophone : Côte d’Ivoire (78 fin février), Sénégal (45). Mais l’Afrique du Sud en accueille actuellement 40.
Une reprise plus forte attendue pour l’été
Clairement, le redémarrage des missions V.I.E, freinée par les restrictions sanitaires, va dépendre de l’évolution de la pandémie et des campagnes de vaccination, qui détermineront les décisions des gouvernements étrangers de rouvrir les frontières. « On a bon espoir d’une reprise plus forte à l’été » indique Christophe Monnier.
Les entreprises apprécient ce dispositif. « Selon le baromètre Team France Export, en tant qu’outil de prospection, le V.I.E a un impact de 75 %, qui correspond à la part des entreprises ayant recruté un jeune qui répondent que cela a contribué positivement au développement de leur activité internationale. C’est le meilleur taux d’impact de toutes nos prestations », rappelle Christophe Monnier.
Un bon signe : certains indicateurs montrent que les entreprises, qui ont retardé leurs projets à l’export, recommencent à les préparer activement et songent à recruter. Le nombre d’offres de missions V.I.E a bondi de 40 % depuis l’automne, à environ 1400 au lieu de 1000.
Christine Gilguy