Les ministres de l’Europe et des affaires étrangères et de l’Économie et des finances se sont félicités dans un communiqué commun publié le 10 avril des bons résultats de la France en matière d’Aide publique au développement : selon les données préliminaires publiées par le Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), en 2018, Paris a en effet tenu sa promesse d’augmenter son effort dans ce domaine. Avec une APD à 10,3 milliards d’euros, représentant 0,43 % du revenu national brut (RNB), elle est en hausse de +2,5 % par rapport à 2017, et de +5 % selon la méthodologie en vigueur jusque-là.
« La France confirme son réengagement en faveur d’une politique de développement qui agit sur le terrain contre les inégalités mondiales et qui contribue au renforcement de la place de la France dans le monde », souligne le communiqué ministériel, d’autant plus que le pays conserve son 5ème rang mondial parmi les fournisseurs d’aide internationale.
Une nouvelle plutôt réjouissante au moment où le CAD constate un repli de l’APD au plan mondial : celle fournie par les 30 membres de ce comité aurait reculé de 2,7 % en 2018 par rapport à 2017, si l’on exclut l’aide au réfugiés, pour atteindre 149,3 milliards de dollars. Selon les chiffres calculés sur la base de la nouvelle méthode de « l’équivalent-don », effective à partir du 10 avril, ce chiffre grimperait à 153 milliards. Si l’on exclut l’aide affectée au traitement et à l’accueil des réfugiés, l’aide est restée stable entre 2017 et 2018.
Deuxième contributeur de la politique européenne
Dans le détail, pour la France, l’APD bilatérale en dons continue sa hausse avec +4 % tandis que l’aide multilatérale bondit de +12 % principalement du fait du décaissement en 2018 d’un prêt couvrant la période 2017-2019 dans le cadre de la 18ème reconstitution de l’AID, institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres. La France reste le deuxième contributeur à la politique européenne de développement.
Suite à l’introduction en 2018 d’une nouvelle méthodologie de comptabilisation des prêts définie au CAD, les montants d’APD déclarés au titre des prêts diminuent bien que les décaissements soient en hausse, précise encore le communiqué ministériel.
Objectif : 0,55 % du RNB en 2022
« L’augmentation du soutien de la France en faveur de l’aide publique au développement a vocation à se poursuivre, dans le cadre de l’objectif fixé par le président de la République d’atteindre 0,55% du RNB d’ici 2022 », insiste encore le communiqué. A noter que cet objectif est encore loin des 0,7 % du RNB que se sont fixés les Nations Unies, repris par les membres du CAD (et que certains comme le Danemark on déjà atteint) mais il marque une volonté de rompre avec la tendance passée au recul de l’APD française.
En 2019, l’État a ainsi rehaussé les autorisations d’engagements en dons de l’AFD d’un milliard d’euros, afin de cibler plus efficacement les pays les plus vulnérables, en particulier en Afrique, conformément aux conclusions du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) du 8 février 2018. Il a également fait de l’accroissement des crédits humanitaires une priorité, avec plus de 180 millions d’euros en 2019 consacrés à la gestion des crises les plus aiguës, notamment en Syrie, au Yémen ou au Sahel.
Une loi d’orientation et de programmation en 2019
Selon le Quai d’Orsay et Bercy, « la rénovation de la politique de développement de la France sera au cœur du projet de la loi d’orientation et de programmation relative à la politique de développement solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales, qui sera présenté prochainement par le gouvernement ».
Cette loi portera les orientations de la politique de développement du gouvernement français, « au service des priorités stratégiques de l’action extérieure de la France » avec, selon le communiqué, deux grandes priorités : « une politique de développement concentrée sur les pays prioritaires de notre aide, principalement en Afrique » et « une politique qui agit contre les inégalités mondiales, en intervenant plus efficacement sur des questions essentielles telles que la pauvreté, la faim, l’éducation, la santé, l’égalité femmes/hommes, le climat et la biodiversité, les zones de fragilités et de crises, autant d’enjeux globaux dont la présidence française du G7 a fait sa priorité ».
Desk Moci
*Le rapport complet du CAD est consultable au lien suivant : www.oecd.org/fr/presse/repli-de-l-aide-au-developpement-en-2018-en-particulier-vers-les-pays-qui-en-ont-le-plus-besoin.htm