Si l’indication géographique (IG) permet de limiter la concurrence, en France comme à l’étranger, elle favorise indéniablement l’export. Malgré des prix de vente plus élevés, les gains commerciaux qu’elle permet restent limités, selon une étude du Cepii.
Disposer d’une IG permet-il de mieux vende à l’international ? C’est la question à laquelle tente de répondre le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii) dans sa lettre du mois de juin*. Incluses dans les accords commerciaux de l’Union européenne (UE) depuis 2010, les indications géographiques garantissent l’origine d’un produit et protège ses producteurs des usurpations de réputation et sont désormais davantage reconnues par les partenaires de l’UE.
Chaque pays dispose d’indications géographiques (AOC en France, DOC en Italie…), mais l’UE en reste le principal promoteur et a lancé en 1992 l’appellation d’origine protégée (AOP). Depuis 2012, elle est la seule mention permettant de définir l’origine géographique sur le marché communautaire avec l’indication géographique protégée (IGP), moins contraignante que l’AOP. Cette dernière garantit aux consommateurs que le produit provient d’une zone géographique spécifique, qu’il respecte un cahier des charges qui détermine la nature et le type de produit ainsi que son mode de transformation.
Stagnation des volumes exportés et hausse des prix
Le Cepii a comparé l’évolution du commerce des entreprises figurant dans la base de données de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) avec celle des autres entreprises exportant les mêmes types de biens vers les mêmes destinations, avant et après la signature d’accords par l’UE. Résultat : avantage aux indications géographiques. A l’export, les produits français qui s’en prévalent sont vendus en moyenne 25 % plus cher que des produits n’apportant pas cette garantie.
Un écart que le Cepii explique par une réduction de la concurrence sur le marché de destination. Les entreprises locales ne pouvant plus bénéficier indûment de la réputation de leurs produits, les producteurs européens, seuls sur le marché, peuvent les vendre à des prix plus élevés. Autre facteur expliquant cette hausse, avec les accords de l’UE, les indications géographiques ont de fait un meilleur accès aux marchés étrangers.
L’application des clauses varie d’un pays à l’autre
En revanche, disposer d’une IG ne conduit pas à exporter des volumes plus importants que les autres exportateurs d’un produit similaire mais ne pouvant se targuer de cette reconnaissance. Pour expliquer cette absence de marge intensive, les auteurs de l’étude invoquent les contraintes de production des IG : la limitation à des zones géographiques et les cahiers des charges qui limitent les rendements et donc les volumes de production et d’exportation.
Voilà pour le tableau général.
Dans le détail, des variations existent par produit. Ainsi, la hausse du prix de vente n’est pas observable pour les produits laitiers peut-être, selon le Cepii, parce qu’ils n’ont pas la même réputation que les fromages à l’étranger. En effet, si les accords conclus par l’UE contiennent tous des clauses sur les IG depuis 2010, leur application varie d’un pays à l’autre. Certains (avec le Canada, le Japon et le Panama) prévoient une obligation de contrôle de la part des administrations publiques des pays tiers, en plus de la protection des IG, ce qui nécessite un changement de la loi nationale du pays partenaire.
Des entreprises peu exportatrices
Concernant les exportations françaises, les 222 IG tricolores (hors vins et spiritueux) sont produites par quelque 5 500 entreprises qui exportent peu. Alors que, dans ce secteur, un quart des entreprises travaillent à l’export, elles ne sont que 8 % lorsqu’elles disposent d’une IG. Il s’agit souvent de petites structures agricoles moins tournées vers l’international, par manque de temps ou de compétence.
Encore une fois, cette tendance varie en fonction des produits. Dans le secteur de la viande, par exemple, où les prix sont élevés, des flux à l’export sont plus fréquents. Près de 40 % des exportations communautaires et 20 % au grand export. Cette différence tient à la plus forte sensibilisation des consommateurs européens aux indications géographiques.
Sophie Creusillet
*L’intégralité de l’étude du Cepii est disponible sur son site : cliquez ICI.