Interrogés à l’occasion des Journées Export Agro 2021, des experts du marché chinois ont livré les dernières tendances de consommation alimentaire du pays. Avec au menu, une hausse des importations agroalimentaires à prévoir, même si le marché reste difficile d’accès.
Selon François Blanc, conseiller aux Affaires agricoles de l’Ambassade de France en Chine, « la Chine est un importateur croissant de denrées agroalimentaires et cela continuera dans les cinq à dix prochaines années ». En particulier, a-t-il indiqué lors d’un webinaire, pour la viande, les céréales et le vin.
« La fièvre porcine a décimé les élevages en 2018, le retour à la normale prend du retard car l’épidémie redémarre et le vaccin ne semble plus à l’ordre du jour. Le cheptel chinois est aujourd’hui encore inférieur de 30 % environ à ce qu’il était avant 2018. Le demande de viande porcine et de viande alternative devrait donc rester élevée pour les prochaines années » a relaté l’expert.
Concernant les vins et spiritueux, la reprise des importations constatée en 2020 devrait s’accélérer fortement en 2021 pour le cognac mais aussi pour les vins.
Les vins français pourraient en effet profiter par ricochet de la détérioration des relations commerciales avec l’Australie, concurrente de poids sur ce marché en Asie. En réaction à plusieurs différends politiques avec son voisin, la Chine impose en effet depuis fin 2020 des surtaxes importantes aux vins australiens, justifiées officiellement par le gouvernement chinois par une lutte antidumping.
Des importations agroalimentaires multipliées par 8 en 10 ans
Même si le pays est le premier producteur mondial de blé, de porc ou de volaille, il est aussi devenu un importateur massif de produits agricoles et agroalimentaires. Les volumes ont ainsi été multipliés par huit depuis 2009, selon les calculs de Sopexa.
La Chine a importé en 2019 pour 125 milliards d’euros de produits agroalimentaires, dont 2,8 % provenaient de la France. Le pays est aujourd’hui le 8e client de l’Hexagone dans ce secteur et absorbe 4,1 % des exportations agroalimentaires françaises.
Des chiffres qui recèlent encore du potentiel, notamment en s’appuyant sur les principales tendances de la consommation alimentaire chinoise. Au premier rang desquelles figurent, selon l’étude Sopexa pour le ministère de l’Agriculture, la « premiumisation » de l’offre, la montée en puissance de la « snackification » calquée sur l’accélération des rythmes de vie, et l’occidentalisation du régime alimentaire avec un attrait pour les produits importés souvent considérés comme de bonne qualité.
Un effort de communication à faire sur la qualité
Sur ce dernier point, François Blanc, souligne néanmoins que la mention « Importé » ne suffit plus aujourd’hui à prouver la bonne qualité des produits aux yeux des consommateurs chinois. « Désormais, il est nécessaire de faire plus de pédagogie, plus de mise en avant de la qualité qu’il y a encore cinq ans ».
Il est rejoint sur ce point par Augustin Missoffe, managing director Sopexa Asie Pacifique : « les Chinois sont encore habitués à leur cuisine traditionnelle, ils ne connaissent pas bien les produits. Il y a donc une réelle nécessité à expliquer les avantages qualité et santé. D’autant qu’ils sont sensibles aux arguments, et encore plus depuis le Covid-19, de produits plus sains permettant de rester en bonne santé et de renforcer leur système immunitaire ».
Des barrières à franchir accompagné
Autre tendance importante, celle du e-commerce alimentaire, relativement en retard jusqu’ici. L’épicerie en ligne affiche ainsi une progression de 62,9 % en 2020 pour atteindre un volume global de 33,4 milliards d’euros.
Il n’en reste pas moins que le marché chinois est difficile d’accès et que trouver des partenaires locaux est indispensable.
« Les barrières ne se sont pas levées. La Chine opère un resserrement protectionniste, c’est particulièrement marqué sur le lait infantile », note ainsi François Blanc. « Sans compter les mesures liées au Covid avec la désinfection des produits à l’arrivée, sans fondement scientifique, mais qui génèrent des coûts et des contraintes supplémentaires ».
Autrement dit, selon l’expert, « il est absolument indispensable pour vendre en Chine, d’être accompagné par des acteurs locaux et d’être bien préparé. Sinon, l’échec est presque garanti ».
Stéphanie Gallo