Regrouper toutes les forces vives de la nation autour du thème de l’agroalimentaire fait son chemin. « Le ministère de l’Agriculture et de l’alimentation participera à la mise en place d’une Team France Export Agroalimentaire », a affirmé ainsi Valérie Metrich-Hecquet, la directrice générale de la Performance économique et environnementale des entreprises de ce ministère, lors de la Journée de l’export 2019.
La quatrième édition de cet évènement était justement organisée chez Business France, le 22 février, la veille de l’ouverture du Salon international de l’agriculture (SIA), et près d’un an après l’annonce par le Premier ministre, Édouard Philippe, de la stratégie du gouvernement en matière de commerce extérieur, le 23 février 2018. La nouvelle stratégie gouvernementale prévoyait notamment une réforme du dispositif public d’accompagnement à l’export, avec la mise en place de référents uniques pour les entreprises (appelés aussi « guichets uniques ») et la constitution d’équipes de France à l’export ou Team France Export autour de Business France, du réseau des CCI, des Régions et de Bpifrance.
Les trois décisions des États généraux
En l’occurrence, contribuer à cette « Team France Export » est l’une des trois décisions prises lors des États généraux de l’alimentation (EGA), qui se sont tenues au dernier trimestre 2017. « Les deux autres décisions que nous avons prises ont été la création d’une commission internationale présidée par FranceAgriMer et le développement d’une offre collaborative », a rappelé, tout en s’en félicitant, Valérie Metrich-Hecquet.
Cette journée export a été l’occasion de faire un point d’étape :
1/- La mise en place d’une Team France Export Agroalimentaire. Une convention cadre avec Business France a été signée « pour accroître la collaboration internationale, centrale et régionale » et « accompagner les entreprises, qui sont majoritairement des TPE et PME », a détaillé la directrice générale au ministère.
La France compte 18 000 sociétés agroalimentaires et 500 startups. « 80 % n’exportent pas et les deux tiers des exportations sont le fait des grands groupes », a rappelé pour sa part Christophe Monnier, le directeur de la filière Équipement et produits agroalimentaires (Agrotech) de Business France. Cette dernière a commencé à travailler avec le ministère dans deux régions : Occitanie et Sud-Paca.
2/- La mise en place de la Commission agricole et agroalimentaire internationale. Autour de FranceAgriMer, c’est la mobilisation générale des acteurs publics, nationaux et régionaux, et des opérateurs privés, comme l’OSCI, fédération des sociétés de commerce international (SCI) et d’accompagnement à l’international (SAI) et l’agence de marketing spécialisée Sopexa, pour creuser quatre pistes de travail :
- Mettre en place un plan d’actions de la filière (déjà à l’étude depuis six mois) et des outils sur les questions sanitaires et phytosanitaires. « Il est important que les entreprises connaissent la règlementation et soient formées », a précisé Christine Avelin, directrice générale de FranceAgriMer.
- Identifier des données économiques et douanières, ce qui peut donner lieu à des achats collectifs.
- Identifier les opportunités des nouvelles « Routes de la soie ». Au-delà du transport ferroviaire, il s’agit d’identifier les entreprises exportatrices sur l’Asie et les filières intéressées par l’initiative chinoise One Bellt One Road.
- Travailler sur quatre marchés : Allemagne (incontournable), Japon (à consolider), Mexique (en cours d’ouverture), Côte d’Ivoire (à explorer). Quatre groupes de travail pays ont ainsi été formés, avec pour chacun des axes de travail*. Par exemple pour l’Allemagne, les axes de travail sont de mieux identifier les créneaux porteurs, mieux préparer à y exporter, mieux coordonner les actions mises en place, redynamiser l’image des produits français.
3/- Un rapport sur l’approche collaborative doit être livré, dans les jours à venir, par Michel Nalet, président de la Commission Europe-International de l’ Ania (Association nationale de l’industrie alimentaire) et directeur de la Communication et des relations Extérieures de Lactalis, et François Burgaud, président de l’Adepta (Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires).
Plaidoyer pour le « collectif » et la « coordination »
« L’agroalimentaire est stratégique et il faut jouer collectif », a commenté Jean-François Loiseau, le fédérateur de la famille de produits prioritaires à l’export pour l’agroalimentaire nommé par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, également président d’Intercéréales et de la coopérative Axéreal, leader mondial du malt pour les brasseurs et distillateurs. Il y a une multiplicité d’interlocuteurs des entreprises et donc il faut se coordonner, chasser en meute, travailler ensemble ».
« Avec la Team France Export en région, nous avons déjà 50 conseillers pour l’agroalimentaire, mais il y a d’autres acteurs, comme les Aria (Associations régionales des industries alimentaires) et les privés avec lesquels nous devons être capables de travailler », a assuré de son côté Christophe Monnier.
Lors de cette 4e Journée de l’export du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation, Étienne Vauchez, qui préside l’OSCI, et Christelle Lhommet, chargée de mission Export de l’Area (Association régionale des entreprises agroalimentaires) de Normandie, participaient au débat.
« Pour le développement international, nous nous inscrivons dans la Team France Export à la source de l’identification pour l’export », a indiqué cette dernière. Elle a, par ailleurs, révélé que l’Area de Normandie allait mettre en place un club d’exportateurs. L’objectif serait ainsi de mettre à la disposition des entreprises des informations « qui leur permettent ensuite de coconstruire ensemble des solutions ».
Selon Jean-François Loiseau, « il faut de plus en plus promouvoir l’idée de la Team France Export ». Et, en conclusion il appelait « à mettre beaucoup plus de sens au sein de la filière entre producteurs, distributeurs et logisticiens ». Un préalable pour gagner.
François Pargny
*Pour plus d’informations, contact : [email protected]