« C’est une page d’histoire qui s’écrit au bénéfice des entreprises de l’agroalimentaire » se réjouit Henri Baïssas, directeur général adjoint (Dga) de Business France, en commentant pour la Lettre confidentielle du Moci les conventions signées solennellement le 3 mars dernier, sur le Salon international de l’Agriculture, entre d’une part Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, et de l’autre Muriel Pénicaud, directrice générale de Business France et Jean-René Buisson, président de Sopexa. Une signature –détail important– effectuée en présence de Matthias Fekl, secrétaire d’État au Commerce extérieur, dont la simplification des dispositifs publics est un cheval de bataille. Car il en aura fallu des kilomètres de notes et de rapports au cours des 20 dernières années pour arriver à cette ultime simplification de l’équipe de France de l’export dans les secteurs agricoles et agroalimentaires, où ont longtemps rivalisé les deux opérateurs.
Rappelons que selon les conventions signées par le ministre de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt (Maaf) avec les deux opérateurs, à compter du 1er janvier 2016, Business France sera « l’opérateur de référence des actions de mise en relation d’affaires (mini-expositions pour les vins et rencontres d’acheteurs) » et qu’à partir du 1er janvier 2017, l’agence publique réalisera les « pavillons France » sur les salons internationaux agroalimentaires. Sopexa, pour sa part, restera, dans le cadre d’une délégation de service publique (DSP), en charge de « la promotion de l’image des produits agroalimentaires français » auprès des consommateurs*.
3 587 entreprises clientes pour le seul pôle Agrotech de Business France
En d’autres termes, à la fin du processus, Business France aura le premier rôle en tant qu’opérateur pour les actions de type BtoB (interentreprises), et Sopexa le leadership pour les actions de type marketing BtoC à l’international.
Pour le pôle Agrotech de l’agence publique, que dirige Christophe Monnier, le surcroit d’activité sera loin d’être négligeable une fois les opérations en doublon éliminées : dès 2016, 8 mini-expositions supplémentaires sur le vin à organiser et, en 2017, une vingtaine de pavillons sur des salons. Ce qui portera la programmation de ce service sur le programme France-export, dès 2017, à 125 opérations, dont 50 pavillons France et 75 rencontres d’acheteurs et mini-expositions.
Entre les apports de clientèle de Sopexa (2 100 entreprises) et le portefeuille existant du service Agrotech (1 734 entreprises), Business France comptera 3 587 entreprises clientes pour la seule filière agroalimentaire, incluant le très important contingent issu des vins et spiritueux, segment où la rivalité entre les deux opérateurs avait pu atteindre des sommets. Et en terme de chiffre d’affaires supplémentaire, la seule enveloppe de subventions annuelle du Maaf représente de l’ordre de 3 millions d’euros.
Les nouveautés de la convention avec le Maaf
La convention signée par Business France prévoit en outre quelques nouveautés destinées à permettre d’accroître l’efficacité des prestations proposées aux entreprises : « Nous reprenons des outils issus des savoir-faire de Sopexa et nous injectons ce que nous savons faire le mieux, soit la relation BtoB » résume Henri Baïssas.
Business France va ainsi intégrer un extranet que Sopexa avait développé pour ses clients des salons, offrant à chaque entreprise un espace pour gérer sa communication. De même, seront reprises des techniques d’animation qui ont fait leurs preuves telles que l’organisation d’événements du type remise de prix ou master class. « L’outil extranet va être intégré et même étendu à tout notre pôle salons » précise le Dga, qui reconnaît volontiers le savoir faire incontestable qu’avait Sopexa pour rendre visible ses clients sur de très gros salons comme en Allemagne, dans le vin Prowein (Düsseldorf) et ses quelque 600 participants français, ou dans l’alimentation Anuga (Cologne) et Fruit Logistica (Berlin) et leurs 400 entreprises françaises présentes…
Autre nouveauté de la convention avec le Maaf, la création de deux clubs d’entreprises, dont l’un pour l’agroalimentaire et l’autre pour les vins et spiritueux. Ils seront l’équivalent de « comités clients » qui seront « consultés sur la programmation et fourniront des retours d’expériences », poursuit Henri Baïssas. Enfin, un nouvel indicateur est introduit par la convention : le taux d’impact des opérations, qui mesurera la réussite des entreprises et permettra ainsi d’améliorer le service.
14 salariés de Sopexa intégrés au 1er juillet 2016
Concernant les équipes, Sopexa employait 17 équivalent temps plein (ETP) sur la DSP du Maaf, entre les salariés qui étaient totalement ou partiellement sur les opérations dédiées. Business France compte en récupérer une bonne partie.
Concrètement, au 1er juillet 2016, 13 salariés de Sopexa devraient rejoindre le service Agrotech de Business France à Paris et un autre Business France en Allemagne. « Tout n’est pas finalisé mais je peux vous dire qu’on a très largement et très majoritairement envie de travailler ensemble », assure Henri Baissas. Pour le reste, il compte sur des redéfinitions de postes en interne, à la faveur de départs d’agents. Au total, le pôle Agrotech emploiera, à terme, 55 personnes au lieu de 43 à 44 actuellement.
Une réflexion sur l’évolution de l’organisation du pôle Agrotech a été engagée à la faveur de ce transfert. « L’évolution devrait se faire autour de quatre services : les agroéquipements, les vins et spiritueux, les produits gourmets enrichis de grandes opérations Sopexa et un nouveau service sur les filières alimentaires, plus axé sur la production d’informations et le travail avec les interprofessions » détaille le Dga de Business France.
Henri Baïssas tient toutefois à rassurer : la continuité des opérations sera assurée grâce à une coopération étroite des deux opérateurs durant la phase intermédiaire. « Les salons 2017 se préparent en 2016, les équipes de Sopexa qui vont nous rejoindre les préparent déjà, quelque 20 000 m² de stands sont déjà réservés, assure-t-il. Au deuxième semestre, elles assumeront la fin des opérations de l’année 2016. Mais le basculement aura lieu le 1er juillet, lorsque la majeure partie de leur activité relèvera de Business France ».
Christine Gilguy