La France doit accompagner l’émergence de licornes en Afrique. Telle est la volonté d’Emmanuel Macron, qui a indiqué, le 24 mai, lors de l’inauguration du Salon de nouvelles technologies VivaTech (Viva Technology), avoir confié à l’Agence française de développement (AFD) 65 millions d’euros pour développer Digital Africa. Digital Africa est à la fois une association, une plateforme numérique* et un programme d’événements labellisés, à l’instar d’Emerging Valley, qui doit se tenir dans les Bouches-du-Rhône, à Marseille et Aix-en-Provence, du 19 au 21 novembre.
Une plateforme numérique pleinement opérationnelle en octobre
« Nous en sommes encore à la version bêta de la plateforme numérique, laquelle sera totalement opérationnelle en automne », a promis Rima Le Coguic, directrice Transitions énergétique et numérique à l’AFD, lors de la présentation, le 25 mai, de Digital Africa. Pour l’occasion, elle était entourée Karim Sy, fondateur de Jokkolabs, membre du conseil présidentiel pour l’Afrique (à gauche sur notre photo), et de Samir Abdelkrim, créateur de la société StartupBRICS et du salon Emerging Valley, auteur de l’ouvrage Startup Lions.
Aujourd’hui, la plateforme numérique joue déjà son rôle de mise en réseau des entrepreneurs et des écosystèmes. En octobre, s’y ajouteront les fonctions de réseau social, de centre de ressources et de réseau de business angels.
Pourquoi Digital Africa ? « Les bailleurs de fonds ne sont pas outillés aujourd’hui pour financer de petits projets d’un montant de 30 000-40 000 euros, a répondu Rima Le Coguic, ce qui nécessite de nouveaux instruments. C’est pourquoi nous allons essayer d’identifier les bonnes initiatives d’innovation, les partager avec les autres pays, mobiliser aussi d’autres bailleurs de fonds et faire le lien entre l’Afrique, la France et l’Europe ».
40 millions d’euros confiés à Proparco pour l’accélération
Sur les 65 millions d’euros annoncés par le chef de l’État, lesquels seraient « disponibles fin 2018-début 2019 », selon la responsable de l’agence publique, « 40 millions seraient utilisés par Proparco », la filiale de l’AFD dédiée au financement du secteur privé, « sous forme de capital risque pour accompagner la croissance et la phase d’accélération des startups africaines ».
D’autres outils seraient mis à disposition, tel que les prêts d’honneur pour des initiatives de 5 000-10 000 euros jusqu’à 50 000-100 000 euros concernant la phase précédente, celle du démarrage quand les fonds de capital risque font défaut. Des aides en matière d’assistance technique seront encore proposées, par exemple, de l’appui à expertise ou à formation.
« Du réseau au financement, nous créons ainsi un continuum pour les entreprises », se félicitait Rima Le Coguic. Selon cette responsable, une enquête, réalisée il y a deux ans, avait abouti à un constat sans appel, le nombre de startups étant très faible, avec un rapport de 0,3 pour 1 million d’habitants. La raison en était le manque de financement et d’accompagnement. Depuis, 1 500 startups africaines à soutenir ont été identifiées.
Emerging Valley rapprochera Marseille de l’Afrique
S’agissant d’Emerging Valley, ce sera le premier évènement labellisé Digital Africa. « Il va recevoir l’appui des collectivités (mairie, département…) et institutions (CCI…) locales, car pour Marseille c’est une opportunité et la région veut établir une connexion avec l’Afrique », s’est enthousiasmé Samir Abdelkrim. Le secrétaire d’État chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi participera à Emerging Valley, « hub d’innovations entre l’Europe et l’Afrique », tournant autour de deux thématiques :
1/ l’e-santé, les 19 et 20 novembre au palais du Pharo de Marseille, thème développé en partenariat avec les rendez-vous de l’innovation en santé et sciences sociales Innov’inMed ;
2/ l’impact social, le 21 novembre à Thecamp d’Aix-en-Provence, thème développé avec le programme d’accélérateur de startups africaines à impact social et environnemental Social & Inclusive Business – Camp.
Une centaine de startups à Afric@Tech
Enfin, Digital Africa est piloté par l’association éponyme, dont les membres viennent d’horizon divers, comme l’AFD, Jokkolabs, CFI Développement Medias, AfriLabs, Qwant ou encore le laboratoire de recherche La Paillasse. Cette association a fait l’objet d’une présentation pendant le salon sur le pavillon Afric@Tech. Du Maroc au Rwanda, une centaine d’entreprises ont été mises à l’honneur sur ce pavillon. « Afric@Tech à VivaTech est la preuve du dynamisme africain », a affirmé Karim Sy. Au total 8 000 startups ont participé à Vivatech du 24 au 26 mai.
François Pargny
Pour prolonger :
–Afrique / Digital : F. Bâ veut transformer les PME africaines avec Janngo
–Enquête : Afrique de l’Ouest, un grand marché à petit pas
–Dossier spécial : Quand l’Afrique fait sa révolution technologique
Et aussi
Rapport CIAN 2018 – Les entreprises internationales en Afrique