Selon le Fonds monétaire international (FMI), la
croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait passer de 5,1 % en 2011 à
5,4 % cette année et se maintenir à 5,3 % l’année suivante. Ces prévisions sont indiquées dans ses dernières perspectives régionales sur le sous-continent. De fait, après avoir démontré une
étonnante capacité de résilience à la crise économique en 2011, l’Afrique
subsaharienne devrait enregistrer cette année une hausse de son Produit intérieur
brut légèrement supérieure. « Je suis optimiste pour l’avenir », a déclaré Roger Nord,
directeur adjoint au département Afrique du FMI, lors d’une conférence,
organisée le 29 mai à l’Agence française de développement (AFD) à Paris.
Réformes des cadres économiques,
augmentation des cours des produits de base et des investissements, amélioration
de la productivité : depuis dix ans, l’Afrique subsaharienne a effectué un
bond, à tel point que certains pays, comme le Mozambique depuis 1992 ou le
Rwanda depuis 1995 affichent des taux de croissance économique plus élevés que
l’Asean (Association des nations du Sud-est asiatique), l’Inde ou le Vietnam.
La Tanzanie et l’Ouganda suivent de près.
Toutefois, la répartition des
fruits de la croissance est moins satisfaisante. Ainsi, entre 2001 et 2007, le
revenu par habitant a progressé en Tanzanie de 3 % pour les plus pauvres et de
9 % pour les plus riches, pendant qu’au Mozambique les plus pauvres ont perdu
un peu de leur pouvoir d’achat. Globalement, la pauvreté a reculé dans la
région, mais, « parmi les Objectifs du millénaire pour le développement, celui
de la réduction de moitié de la pauvreté en 2015 demeure quand même
lointain », relève Roger Nord.
L’Afrique subsaharienne étant
composée de sept pays exportateurs de produits de base (Angola, Guinée équatoriale, Nigeria, Gabon…), de 11 États à revenu intermédiaire (Afrique du
Sud, Botswana, Ghana, Sénégal…) et 26 à faible revenu (Côte d’Ivoire, Kenya,
Mozambique, Rwanda, Ouganda, Tanzanie…), la croissance économique n’est
évidemment pas homogène. Pour la
première catégorie, elle sera de 7,1 % en 2012, malgré les mauvais scores
relatifs de la République démocratique du Congo (+ 3,1 %), de la Guinée équatoriale
(+ 4 %) et du Cameroun (+ 4,1 %), et de 6,1 % en 2013, avec un score très
faible pour le Tchad (+ 0,1 %) et le Gabon (+ 2,3 %).
S’agissant des États à revenu
faible, leur croissance dépasserait 6 % en moyenne. En Côte d’Ivoire, elle monterait 8,1 % cette année pour redescendre à 6,2 % en 2013, et demeurerait élevée au
Mozambique (respectivement, 6,7 % et 7,2 %), au Rwanda, en Tanzanie ou en
Ouganda.
Quant aux nations à revenu
intermédiaire, leur PIB devrait s’afficher en moyenne à + 3,5 % en 2012 et +
4,1 % l’année suivante. Ces deux années-là, il s’établirait à + 5,9 % et + 5,8 % respectivement hors Afrique du Sud. La
première puissance économique d’Afrique est particulièrement vulnérable à la
conjoncture mondiale, notamment en Europe.
De façon générale, un des risques
majeurs auquel l’Afrique subsaharienne est confrontée est la crise de l’euro. « Même
si les liens commerciaux de l’Afrique se sont diversifiés, les difficultés de
la zone euro signifient pour elles moins d’exportations, moins de touristes de
cette région et moins de transferts de ressources des travailleurs
africains », détaille Roger Nord.
Pays touristique, le Kenya serait
aussi affecté par la crise de la zone euro parce qu’une part notable de ses
marchandises est destinée à l’Europe. Selon les experts du FMI, avec
l’intensification des tensions dans la zone euro, « la croissance de la
production diminuerait dans la région de 0,5-0,6 point de pourcentage en 2012
et en 2013 ».
François Pargny
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2 La librairie du MOCI. Rapport
Cian 2012. Les entreprises françaises et l’Afrique