Axelle Lemaire, la secrétaire d’État au Numérique, se trouve à l’heure actuelle en Côte d’Ivoire pour un séjour de quatre jours (9-12 septembre), à la tête d’une délégation comptant une poignée de startups et sociétés innovantes : Linagora (logiciel libre), Acome (réseaux), OpenTrust (solutions dans les infrastructures de sécurité et de confiance open source), Jokkolabs (réseau d’incubateurs), Marsh (solutions de courrier et de dématérialisation) et Simplon (école solidaire de code informatique). Au-delà du numérique et des startups françaises, il s’agit aussi de booster la « French African Tech »
A cette occasion, Axelle Lemaire va apporter son soutien au projet de French Tech Hub porté par trois chefs d’entreprise : Alexandre Zapolsky, fondateur et p-dg de Linagora, Yann Le Guen, directeur général de YooMee Côte d’Ivoire (réseau Internet sans fil) et Philippe Batreau, directeur général d’Epistrophe (communication numérique). Le 8 septembre en Israël, le ministre de l’Économie, de l’industrie, du numérique, Emmanuel Macron, avait aussi donné un coup de pouce à un projet de French Tech Hub à Tel-Aviv*. « Mais si le principe est aujourd’hui acquis en Israël », explique un proche du dossier à la Lettre confidentielle, ce n’est encore le cas dans la principale économie francophone d’Afrique de l’Ouest, où les écosystèmes, tant locaux que français, doivent, au préalable, être mieux organisés et structurés. D’où la présence aux côtés d’Axelle Lemaire d’Adrien Cabo, en charge des programmes de labellisation des French Tech Hub et du French Tech Ticket au sein de la Mission French Tech (MFT) du ministère de l’Économie, dont l’objectif est clairement de guider les acteurs privés et publics, leur apporter des conseils et leur donner des axes de développement.
En Afrique, avant la Côte d’Ivoire, l’Afrique du Sud
Compte tenu de la puissance des relations politiques et économiques entre Abidjan et Paris, fait-on comprendre au Secrétariat d’État au Numérique, la volonté est clairement d’aider à l’émergence d’une économie numérique en Côte d’Ivoire. Pour autant, ce n’est pas le projet le plus avancé en Afrique. C’est tout au sud du continent, au Cap, que pourrait être labellisé le premier French Tech Hub au sud de la Méditerranée, l’Afrique du Sud disposant déjà d’un écosystème développé en matière d’innovation et de numérique et attirant des entreprises et startups françaises du secteur. En outre, il y a de fortes relations entre la première puissance économique d’Afrique et La Réunion, l’île française s’étant ces dernières années dotée de tout un tissu de startups actives dans l’économie digitale.
Le Cap, avant Abidjan, pourrait donc faire partie de toute une vague de labellisation qui touchera d’ici la fin de l’année vraisemblablement l’Allemagne mais peut-être aussi le Royaume-Uni, le Japon, Taïwan, le Brésil et la province canadienne de Québec. Le seul French Tech Hub labellisé par la MFT à ce jour -en juin dernier- se trouve à New York, après l’inauguration en février 2014 de celui de San Francisco, lancé à titre expérimental.
L’AFD, outil de diffusion du numérique
Dans tous les cas, les acteurs publics (Business France, réseau consulaire…) ont un rôle d’appui à jouer. Dans les pays en voie de développement, l’Agence française de développement (AFD) doit aussi participer, comme le montre le recrutement en août par l’AFD de Gwenael Prié, co-fondateur de la communauté Startup Africa Paris, comme chef de projet Télécoms et TIC, chargé notamment du développement numérique. L’AFD est aujourd’hui appelée à sortir de ses domaines traditionnels, comme les infrastructures, pour s’impliquer dans les réseaux d’incubateurs ou encore les réseaux en matière de santé.
D’autres institutions publiques doivent aussi contribuer à la diffusion de l’économie digitale à la française, comme l’agence d’expertise technique internationale Expertise France ou Etalab, la mission du Secrétariat à la Modernisation de l’action publique, qui travaille sur l’ouverture et le partage des données publiques, sous l’autorité du Premier ministre Manuel Valls.
Axelle Lemaire et sa collègue Annick Girardin, secrétaire d’État au Développement et à la francophonie, ont commencé à concocter un plan pour le numérique au service du développement et un groupe de travail doit se tenir le 10 septembre, associant les entreprises, les Administrations, les ONG, les associations ou encore les bailleurs de fonds. Une mobilisation générale qui doit aboutir à la sortie du projet fin octobre-début novembre.
Pour Paris, la formation est un volet majeur de l’émergence du numérique dans les pays du Sud. C’est ainsi qu’en Côte d’Ivoire, Simplon doit créer une école et signera, le 11 septembre, une convention avec la fondation Life Builders sur la formation numérique en ligne. La présidente de Life Builders est, en l’occurrence, l’épouse de Louis Diakité, fondateur et président d’Alink Telecom, un fournisseur de services Internet, par ailleurs ambassadeur d’AfricaCodeWeek, une initiative en faveur de l’accès à l’informatique dont 4 000 enfants ivoiriens profiteront en octobre pendant quinze jours à travers un programme d’initiation. Axelle Lemaire effectuera également une visite à l’université d’Abidjan Félix Houphouët-Boigny, qui dispose d’une plateforme virtuelle accessible gratuitement via un ordinateur ou sur Smartphone et conçue par la startup française Waller, spin off du groupe Bolloré.
Pendant son déplacement, la secrétaire d’État rencontrera aussi le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan et plusieurs ministres de son gouvernement, ainsi que le commandant Guelpetchine Ouattara, directeur de l’informatique et des traces technologiques (DITT), pour parler de cybercriminalité. Enfin, Axelle Lemaire, à la demande des autorités ivoiriennes, se rendra dans la zone franche du Village des technologies de l’information et de la biotechnologie (Vitib), un site qui a peiné à démarrer, mais semble aujourd’hui attirer des sociétés innovantes, surtout ivoiriennes, mais aussi françaises.
François Pargny
Pour prolonger :
Lire dans la Lettre d’aujourd’hui :
–Mission French Tech : la « dream team » du numérique restera en place durant la phase de lancement
Lire en ligne dans nos archives :
-Numérique : tout ce qu’il faut savoir du dispositif French Tech en France et à l’étranger
–International/Numérique : mode d’emploi de la Mission French Tech
–International/Numérique : la French Tech tisse sa toile en France et à l’étranger
–Numérique/France : le premier French Tech Hub labellisé à l’étranger va être lancé à New York
–Maison de l’international : François Hollande lance le French Tech Hub des États-Unis