« Le gouvernement nous a fixé le cap de 9 000 VIE fin 2015 et nous serons à 8 000 au terme de cette année », s’est réjoui Michel Lodolo, directeur VIE d’Ubifrance, qui gère pour le compte de l’État la procédure des Volontaires internationaux en entreprise (VIE), à l’occasion de la remise des prix VIE Afrique, le 25 octobre à la CCI Paris Ile-de-France.
En Afrique subsaharienne, ils sont ainsi près de 750 à être actifs, ce qui tend à prouver, comme le faisait remarquer auparavant Pierre-Antoine Gailly, président de la CCI Paris Ile-de France, que la procédure est plébiscitée par les jeunes Français. Une raison supplémentaire d’y croire : « les VIE sont les ambassadeurs de la culture française », a observé le patron de la chambre régionale.
Une porte pour être embauché
Ex-VSNE (l’ancêtre du VIE), Alain Taïeb, dynamique président du groupe Mobilitas (déménagement et mobilité des personnes), a lui-même employé 200 VIE en vingt ans. C’est le même chiffre de VIE actuellement en activité chez le géant Total dans le monde, dont 40 % en Afrique. « Environ 40 % sont ensuite intégrés dans notre groupe. Et ils commencent pour la plupart en France », a détaille Christophe Mouret, directeur des Ressources humaines Afrique et Moyen Orient de la compagnie d’hydrocarbures, lors de la table ronde qui a précédé la remise des prix.
En Afrique, les entreprises trouvent aussi des ressources locales. « La population étudiante africaine est la plus mobile du monde et leur premier pays de destination est la France », constate Christian Repa (notre photo), directeur des Ressources humaines Afrique de Bolloré Africa Logistics.
« Ce qui constitue un handicap à la venue des VIE de l’autre côté de la Méditerranée, c’est le plus souvent leur situation personnelle », a de son côté pointé Ariane Muraour, directrice des Ressources humaines Afrique d’Air France KLM. Pour y remédier, l’équipementier pétrolier Ponticelli a imaginé d’employer les deux membres du couple. « Dans un pays, l’épouse de notre collaborateur était même recrutée comme photographe, alimentant ainsi notre banque d’images », s’est amusé Thierry Le Gangneux, directeur général adjoint, chargé de l’international.
Il faut une personnalité bien trempée
« L’Afrique est un continent pluriel en construction, qui demande un ADN entrepreneurial très fort. Il faut une personnalité bien trempée et un bon niveau de formation. Et pour que le diplôme ne soit pas une peau d’âne, il faut apprendre la méthode », a exposé Christian Repa. Son entreprise reçoit 10 VIE chaque année et la moitié est prolongée avec un contrat à durée indéterminée.
« Ces jeunes sont soigneusement sélectionnés. A nous ensuite de développer avec minutie l’accueil, l’intégration et la filiation et d’apporter le support nécessaire à l’animation des équipes sur le terrain », a reconnu le directeur des Ressources humaines Afrique de Bolloré Africa Logistics. Le turn over dans sa société serait inférieur à 3 %. D’ailleurs, selon lui, « il est deux fois plus faible quand les personnels sont bien formés, la formation jouant ainsi un rôle de fidélisation des effectifs ».
De plus en plus, les groupes de l’Hexagone opèrent dans l’amont, l’éducation, et signent des accords de partenariat avec des écoles et des universités en Afrique. « Les résultats sont excellents et les niveaux de formation et de recrutement montent », s’est félicité Christophe Mouret. Total ainsi a conclu une vingtaine de partenariats, Bolloré une trentaine, la barre des 40 devant être franchies à la fin de l’année.
François Pargny