Vigilance. La zone franc se porte bien, mais la situation internationale demeure incertaine en matière de croissance, d’évolution des prix des matières premières ou encore de sécurité, notamment dans le Sahel et autour du lac Tchad, ont estimé les ministres des Finances, gouverneurs des Banques centrales et présidents des institutions régionales, réunis, le 2 octobre à Paris, autour du ministre français des Finances et des comptes publics, Michel Sapin. Tout le long de la journée, dès le petit-déjeuner, se sont succédés à leur menu quatre thèmes d’actualité : enjeux climatiques (dans la perspective de la Cop 21), lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, intégration des marchés de capitaux, examen de la convergence multilatérale.
Lors de la conférence de presse qui a suivi (notre photo), deux thèmes plus particulièrement ont été abordés : l’intégration des marchés de capitaux, alors que depuis des années en Afrique centrale deux Bourses s’affrontent, Libreville (Gabon) et Douala (Cameroun) ; le futur de la zone franc, alors qu’à l’occasion du 55e anniversaire de l’indépendance du Tchad, en août, son président Idriss Déby, dans un discours dans lequel il a qualifié de « dépassées » les clauses avec la France, a incité ses pairs à abandonner le franc CFA pour créer leur propre monnaie.
« Le débat est ouvert » sur l’avenir du franc CFA
Sur le premier point, l’Équato-guinéen Lucas Abaga Nchama à la tête de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a reconnu qu’il y avait plus de chance pour une bourse unique d’attirer des capitaux. Pour autant, a-t-il fait valoir, l’Afrique de l’Ouest a toujours connu une seule Bourse régionale. Mais cet établissement financier à Abidjan, en Côte d’Ivoire, avait commencé avec 33 entreprises. « Elles sont 38 maintenant », donc cinq de plus seulement. C’est pourquoi, selon lui, « on peut effectivement rapprocher les deux Bourses régionales d’Afrique centrale, mais, dans les faits, il n’y a pas de modèle unique ». « Le plus important, c’est l’harmonisation des textes » indiquait le gouverneur de la Beac ».
Sur le deuxième point, tous les intervenants, dans un bel ensemble, ont joué l’apaisement. « Il ne faut pas mal interpréter les propos d’Idriss Déby. Le président tchadien a simplement confirmé que nous sommes libres », a commenté Lucas Abaga Nchama. « La zone franc, ce n’est pas une camisole qui est portée par les États africains », a confirmé son homologue à la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’Ivoirien Tiémoko Meyliet Koné.
« Ce n’est pas un dispositif figé, historique, mais dynamique », a, pour sa part, souligné Michel Sapin, qui avait auparavant indiqué qu’il était prêt à « toutes les pistes d’évolution » et dans « une position d’ouverture et de respect de l’indépendance des Etats ». Des propos repris par le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui a rappelé que « les décisions sont prises par les Banques centrales africaines » et que « la zone franc est un mécanisme de solidarité et de soutien » que les pays africains ont la liberté d’apprécier. « Le débat est ouvert », a encore affirmé Tiémoko Meyliet Koné. Et pour lui, « c’est ce qui permettra d’ancrer la coopération ».
François Pargny