Selon les projections des économistes d’Allianz Trade, la mise en place effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca, AfCFTA en anglais), entrée en vigueur en 2021, permettra de développer le commerce intra-continental. En facilitant la confiance entre entreprises grâce au nouveau système de paiement PAPSS en chantier, cet accord devrait également faciliter les délais de paiement.
Plus 7 % de revenus en 12 ans : c’est le gain estimé par les économistes de l’assureur allemand pour les 47 États membres de la Zleca sur les 54 que compte le continent, avec des pics de 10 % ou plus en Côte d’Ivoire, au Zimbabwe, au Kenya, en Namibie, en Tanzanie et en RDC.
Cette estimation, publiée à quelques jours de la tenue à Paris des rencontres annuelles Ambition Africa organisées par Business france (17-18 octobre), prend en compte les avantages des barrières tarifaires et non tarifaires mais aussi ceux de la facilitation des échanges.
Lancé en 2015 par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, cet accord de libre-échange signé trois ans plus tard visait à supprimer progressivement les droits de douane et à libérer le potentiel économique de ses pays membres. Aujourd’hui 90 % des marchandises bénéficient de réductions tarifaires et d’avantages fiscaux. Les 10 % restants, qui couvrent principalement des secteurs sensibles comme le textile et l’habillement, ainsi que l’automobile font encore l’objet de négociations.
La facilitation des paiements devrait libérer 65 milliards de dollars
La Zleca se met en place pas à pas. Pour l’instant, aucun engagement n’a encore été pris concernant les services dans les cinq secteurs prioritaires de la libéralisation, à savoir les services aux entreprises, les communications, les services financiers, le transport et la logistique ainsi que le tourisme. La deuxième phase couvre les droits de propriété intellectuelle (DPI), la politique d’investissement et la politique de concurrence.
Du reste, la Zleca s’accompagne d’un outil qui pourrait augmenter les bénéfices des entreprises locales : le système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS, en anglais). Cette plateforme permet d’effectuer et de recevoir des paiements à destination et en provenance des partenaires régionaux sur un contient qui totalise 42 devises. En utilisant leur propre monnaie, les entreprises peuvent accélérer le paiement et le règlement des transactions tout en réduisant leurs frais.
Les règlements entre deux monnaies africaines étaient auparavant traitées dans une troisième devise, généralement en dollars ou en euros, par l’intermédiaire de banques installées en dehors de l’Afrique où 48 % de tous les paiements bancaires impliquent des prêteurs étrangers.
A l’heure où les banques centrales africaines doivent veiller à leurs besoins en devises et en liquidités, Allianz Trade estime que le PAPSS « révolutionnera » le commerce intra-africain en réduisant les coûts de transaction de 5 milliards de dollars (Md USD) par an pour les entreprises africaines. Cet accord pourrait également développer la confiance entre entreprises, et donc l’octroi de délais de paiement, ce qui pourrait libérer 65 Mds USD (2 % du PIB africain) à réinvestir dans l’économie réelle.
Les économies africaines plus résistantes qu’anticipé
En outre, les économistes d’Allianz Trade tablent sur une accélération de la croissance du PIB africain en 2024-2025 grâce à une résistance plus solide que prévu au contexte macro-financier actuel et à de nombreux facteurs de croissance encore insuffisamment exploités. L’Afrique reste moins volatile que d’autres régions, ce qui a des effets positifs sur la pénétration des investisseurs, l’expansion des marchés et la croissance globale, constate l’étude.
Si la croissance du PIB du continent reprend le rythme de 2000-2010, l’économie africaine devrait croîtra croître de 1700 Mds USD d’ici 2030, pour atteindre finalement 4 600 Mds.
Sophie Creusillet