« Même en cas de décès du
président Nelson Mandela, notre vision politique de l’Afrique du Sud restera celle
d’un pays stable », a lancé en visioconférence depuis Johannesburg Yoann
Joyeux, Business Development Manager de Ciel et Terre, à l’occasion d’un
atelier d’informations sur ce pays, organisé par Ubifrance le 14 juin à Paris. Arrivé en Afrique du Sud en
juillet 2012, le responsable de cette société innovante, spécialisée dans les
centrales solaires photovoltaïques, cherche à introduire un produit unique au
monde : la centrale solaire flottante.
« L’Afrique a un besoin
crucial d’énergie. D’où son intérêt pour les énergies renouvelables. Donc, le
marché est là, mais comme il s’agit de nouveaux marchés, il faut du temps et
donc accepter de travailler sur le long terme. Le pays est vaste et les grandes
villes, Johannesburg, Durban et Le Cap, sont éloignées », délivre encore
Yoann Joyeux.
Depuis l’accession au pouvoir de Nelson
Mandela en 1994 – dont il fut le chef de l’État jusqu’en 1999-, l’Afrique du Sud est en
perpétuelle construction. « Ce pays, qui est aussi un tremplin pour le
reste du continent, qui présente aussi le plus petit nombre de barrières
derrière le Mexique parmi les nations émergentes, offre encore aujourd’hui des
opportunités dans la quasi-totalité des secteurs », affirme Jacques
Torregrossa, directeur Ubifrance à Johannesburg.
Un plan de développement de 71 milliards d’euros
Jacques Torregrossa distingue deux grands marchés. « Un premier débouché est le
secteur public, l’État devant consacrer 71 milliards d’euros en trois ans au
Plan national de développement (NDP), précise-t-il. Un deuxième est le secteur
privé, avec l’émergence de la classe moyenne, qui compte aujourd’hui 12
millions de consommateurs, soit l’équivalent de la population belge ».
Parmi les secteurs porteurs,
figurent ainsi les produits agroalimentaires – les dépenses alimentaires ont
cru de 11 % en 2010 – les vins et spiritueux, le matériel agricole et les
équipements agroalimentaires, la beauté et le bien-être – les droits de douane
y sont nuls et le marché devrait dépasser les 3 milliards d’euros d’ici à 2016 –
la santé, la pharmacie, les arts de la table, l’équipement de cuisine,
l’automobile, l’aéronautique, les hydrocarbures, les mines ou encore les
matériaux de construction – la construction de 600 000 logements est
prévue à l’horizon 2025, ce qui génère des opportunités, par exemple, dans
l’isolation.
Dans les technologies de
l’information et de la communication (TIC), un secteur qui compte pour 14 %
dans le produit intérieur brut, les opportunités sont nombreuses pour des
offres téléphoniques et des applications pour les banques et assurances. Leader
du continent, la patrie de Nelson Mandela est classée au 20e rang
mondial, non loin de la
France. La distribution offre aussi des possibilités dans les
technologies de l’information ou l’efficacité énergétique. Des solutions en
matière de formation technique et managériale peuvent aussi être proposées,
comme du matériel didactique ou de e-learning.
Alstom, Thales, Vossloh Cogifer creusent leur sillon dans le rail
Dans le transport, l’opérateur de fret public Transnet a prévu d’investir 25 milliards d’euros
entre 2013 et 2015.
De son côté, l’agence publique de transport de
passagers (Prasa) vient d’attribuer un contrat de signalisation
au consortium Thales-Maziya pour la région du Western Cape d’un montant de 155
millions d’euros, dans le cadre d’un plan national de resignalisation qui avait
déjà profité à Siemens pour le Gauteng et Bombardier Africa Alliance pour le
KwaZulu-Natal.
En décembre dernier, Alstom a été choisi comme soumissionnaire privilégié pour un
contrat de 4,5 milliards d’euros consistant en la fourniture pendant dix ans de 600 trains de
six voitures, dans le cadre d’un vaste plan visant notamment à renouveler le
réseau des trains menant aux townships, négligé depuis la fin de l’apartheid. L’objectif
global est aujourd’hui de remplacer toute la flotte dans les vingt prochaines années, ce
qui représenterait un investissement de 11,7 milliards d’euros, auxquels
s’ajoutent une vingtaine de milliards pour la construction de dépôts, le
renouvellement de la signalisation et des travaux sur les voies.
Autre exemple, Vossloh Cogifer,
filiale française du groupe allemand Vossloh, spécialisée dans les équipements
pour voies ferrées, vient d’annoncer son implantation en Afrique du Sud.
« Nous négocions à l’heure actuelle un terrain avec Transnet »,
soulignait, lors de la réunion d’Ubifrance, son président Yves Antonini.
« Ce sera dans la région de Durban ou autour de Pretoria », a précisé
au Moci Olivier Sagot, directeur général Afrique du Sud. Pour s’implanter
l’entreprise va bénéficier d’avantages financiers, comme l’exonération de taxes
pour ses importations.
De l’appétit pour de nouvelles technologies
Selon Yves Antonini, « le
gouvernement mène une politique volontariste » pour attirer les
investisseurs. « Il est avide de techniques, de technologie, car le marché
ferroviaire est resté très longtemps fermé », remarque-t-il.
L’investissement de départ, « de 10 millions d’euros », indique Yves
Antonini, passera rapidement à « 20 millions et doublera encore en rythme
de croisière à 40 millions ». L’usine comptera alors 200 salariés.
« Le coût salarial est un
problème. Il est à la limite dans notre filière », assure Fabrice Cagnat,
directeur général d’Eurocopter Southern Africa, qui pointe aussi la formation,
« autre difficulté que l’on rencontre dans l’aéronautique comme dans le
nucléaire ». Pour contourner la difficulté, Vossloh Cogifer a décidé, pour sa part, de
monter une école de formation et financer à ses employés sud-africains des
stages dans les usines du groupe en Europe et aux États-Unis. Quant à fidéliser
le personnel, annonce Yves Antonini, nous allons mettre en place un programme
interne d’incentives ». Mieux encore, l’entreprise française
promet de s’intégrer dans le tissu local, « en investissant, précise son patron, dans
les besoins de la société sud-africaine ».
François Pargny
Pour en savoir plus :
– Rencontres d’affaires France-Afrique du Sud/Angola 2013
25-27 novembre, Johannesburg
27-29 novembre, Luanda
– Contacts :
A Paris,
[email protected]
Tél. 01 40 73 36 97
A Johannesburg,
[email protected]
Tél. + 27 11 303 7150
A Luanda, [email protected]
Tél. +
244 227 280 164