Si le chiffre d’affaires de la filière n’a pas encore retrouvé son niveau prépandémique, l’année 2023 aura néanmoins été excellente pour l’aviation civile, en particulier à l’export, confirmant son statut de premier contributeur au commerce extérieur.
La reprise est là. Après les violentes turbulences qu’elle a traversées pendant la crise sanitaire, l’aéronautique a redécollé l’an dernier. Le chiffre d’affaires du secteur a bondi de 9 % pour atteindre 70,2 milliards d’euros (Md EUR) dont 45,7 Md EUR réalisés à l’international. Cette part de l’export, qui représente 65 % du chiffres d’affaires global, a quant à elle augmenté de 9,7 %.
Les commandes ont représenté 65,1 Md EUR, dont 73 % à l’export, en recul de 4,7 % par rapport à 2022. « Cette baisse s’explique essentiellement par le fait qu’en 2021 et 2022 une part importante des commandes concernait des appareils militaires, a expliqué Guillaume Faury, le président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) lors de la présentation de ces chiffres le 23 avril. 2022 en particulier a été une année exceptionnelle pour l’aviation militaire ». Mais cette flambée de commandes est depuis retombée.
Les exportations d’avions civiles en hausse de 77,2 %
Les commandes militaires ont chuté de 50,2 % à 20,3 Md EUR l’an dernier et même de 67,4 % à l’export, à 9,2 Md EUR. Le chiffre d’affaires des activités de défense a baissé de 7 %, à 17,9 Md EUR dont 6,9 Md à l’export (- 25,5 %).
Du côté de l’aviation civile, les performances sont au beau fixe avec un chiffre d’affaires en hausse de 15,9 %, à 52,3 Md EUR dont 38,8 % à l’export, en progression de 20 %. En 2023, les commandes civiles en explosé de 65,2 %, atteignant 44,8 Md EUR. Elles ont été tirées par l’export qui a bondi de 77,2 % à 38,6 MD EUR. Si le chiffre d’affaires de l’aéronautique, toutes activités confondues, n’a pas encore retrouvé son niveau de 2019 (74,3 Md EUR), les commandes sont supérieures (65,1 Md EUR versus 61,9 Md EUR).
Selon Guillaume Faury, « la demande d’avions reste supérieure à l’offre et cette situation devrait se prolonger en 2025, voire 2026 ». Si Airbus a enregistré une année record avec 2094 commandes net, 8600 appareils en carnet et 735 avions livrés, le début de l’année a très bien commencé pour le constructeur européen. En mars Korean Air a passé commande de 27 appareils A350-1000 et six A350-900 pour un montant de 13,7 Md EUR. Japan Airlines a annoncé le même mois une commande de 32 avions dont vingt-et-un A350-900.
Excellent début d’année pour Airbus
Les livraisons de ces appareils devraient s’étaler sur environ six ans, à partir du printemps 2027. En janvier, c’est la compagnie américaine Delta qui a réservé vingt A350-1000. En février, Airbus Helicopters a signé un accord-cadre avec la société saoudienne The Helicopter Company portant sur jusqu’à 120 appareils destinés à des usages civils et incluant une commande ferme de 18 appareils.
« En termes de commandes, d’ores et déjà, nous enregistrons un début d’année prometteur pour 2024. La performance de 2023 illustre la force de notre supply chain aéronautique, que je souhaite ici saluer, au moment où, même si la crise de la Covid est derrière nous, nous devons rester vigilants », souligne le président du Gifas. « Entre la remontée en cadence et le remboursement des PGE, la situation d’un certain nombre de petits sous-traitants reste compliquée », témoigne Clémentine Gallet, la présidente du comité Aéro-PME du Gifas.
Bref, si la sortie de crise est bien là, l’aéronautique doit relever encore des défis avant de retrouver pleinement ses performances prépandémiques.
Sophie Creusillet