Touchée en plein vol par le secrétaire d’État au Commerce extérieur, qui, lors de sa présentation à la presse des résultats du Commerce extérieur*, a annoncé une dégradation de l’excédent commercial de l’industrie aéronautique et lui a imputé une partie de l’aggravation du déficit commercial de la France, la profession n’a pas été longue à réagir. Une première !
Le 9 février, soit deux jours après la conférence de presse au Quai d’Orsay de Matthias Fekl, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) a ainsi publié un communiqué de presse, intitulé « La filière aéronautique et spatiale reste le premier contributeur excédentaire au solde du commerce extérieur de la France en 2016 », dans lequel il conteste que l’aéronautique ait pris « une part notable » dans la « détérioration » du déficit commercial, qui a atteint 48,1 milliards d’euros l’an dernier (45 milliards en 2015).
On peut, sans risque, qualifier d’exceptionnelle une démarche par voie de communiqué de la part d’une organisation sectorielle influente, visant à infirmer les propos d’un ministre. Mais pourquoi donc exactement ? La Lettre confidentielle a interrogé le Gifas pour en savoir plus.
Erreur sur les chiffres
Au préalable, le rappel des faits : lors de la présentation du bilan 2016 des échanges de biens et services, le secrétaire d’État au Commerce extérieur déclarait que, parmi « les secteurs traditionnellement excédentaires », trois d’entre eux, l’aéronautique, l’automobile, l’agriculture et l’agroalimentaire, avaient « le plus fortement contribué à la dégradation du solde commercial », citant, à cet égard, des chiffres : 4,7 milliards effectivement pour l’aéronautique, 2,5 milliards pour l’automobile et 2,4 milliards pour l’agriculture et l’agroalimentaire.
Sauf que le chiffre de 4,7 milliards, qui a été repris par l’AFP et d’autres médias, est faux, indique-t-on au Gifas, et personne n’a relevé l’erreur du secrétaire d’État quand il s’est exprimé devant la presse, le 7 février, en présence de Thomas Courbe, le directeur général adjoint du Trésor, et de Rodolphe Gintz, le directeur général des Douanes et droits indirects.
Des exportations stables, un bon mois de décembre…
« Le bon chiffre est de 3,7 milliards » et « ça n’a rien de dramatique, bien au contraire », assure-t-on au Gifas, même si on ne conteste pas le fait qu’Airbus a subi des retards de production pendant l’exercice 2016. D’abord, parce que l’excédent, rappelle-t-on dans le communiqué, s’il n’égale par le record de 22,3 milliards en 2015, se maintient « à un excellent niveau à 18,6 milliards d’euros ».
Ensuite, s’agissant des exportations, à la virgule près, elles sont stables en 2015 et 2016 à 58 milliards d’euros et, en décembre 2016, « l’amélioration de la balance commerciale de la France tient presque exclusivement au secteur aéronautique, notamment aux livraisons d’Airbus – 64 appareils au total livrés depuis la France pour un montant de 5,8 milliards d’euros. Les problèmes d’Airbus sont aujourd’hui derrière lui, la supply chain est en ordre, affirme notre interlocuteur au Gifas.
Enfin, puisque les livraisons dans le monde ont été étales l’an dernier, la baisse de l’excédent commercial de l’aéronautique tient uniquement à la hausse de plus de 10 % des importations. Or, cet envol des achats serait positif dans la mesure où ils concernent avant tout des moteurs d’avions. « Ce sont des investissement d’avenir, qui vont nous permettre d’être encore plus compétitifs dans l’avenir », affirme le Gifas. Des investissements qui devrait donc permettre à la filière de décoller à nouveau à l’international…
François Pargny
*Lire sur notre site en accès libre :Commerce extérieur / France : contre-performance confirmée pour l’export tricolore en 2016
Pour prolonger :
–Après deux ans de turbulence, le secteur aéronautique français peut redécoller (Insee)
–Iran / Aéronautique : feu vert américain pour les ventes d’Airbus
–Aéronautique / Export : un nouveau bond dans l’espace, l’activité civile et militaire