Élaborer une stratégie pour faire de la France une des plateformes logistiques les plus performantes au monde –et même « l’un des cinq premiers leaders mondiaux de la logistique », selon le secrétaire d’État aux transports Alain Vidalies– était l’objectif principal de la Conférence nationale sur la logistique tenue le 8 juillet 2015 à l’initiative du gouvernement. Celle-ci avait réuni plus de 300 acteurs du secteur de la logistique et de la supply chain, et l’ensemble des parties prenantes –État, collectivités territoriales, entreprises, partenaires sociaux, fédérations professionnelles, gestionnaires d’infrastructures, universitaires– pour identifier les enjeux et les mesures concrètes à mettre en œuvre, autour d’une stratégie nationale.
Près de 9 mois après, Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, et Alain Vidalies, secrétaire d’État aux Transports, à la mer et à la pêche, ont présenté en conseil des ministres, le 23 mars, la stratégie nationale « France Logistique 2025 ». La veille, elle avait été présentée au Conseil stratégique de l’attractivité du 22 mars, présidé par le président Hollande, et qui portait sur le thème « La France, plateforme logistique d’exportation mondiale ».
En voici tous les détails.
Un secteur qui pèse 10 % du PIB et 1,8 million d’emplois
La stratégie « France Logistique 2025 » a notamment pour objectifs de :
– renforcer la communication auprès des investisseurs étrangers et des entreprises françaises exportatrices ;
– fluidifier les portes d’entrée portuaires et aéroportuaires du territoire ;
– renforcer les réseaux d’infrastructures européens ;
– favoriser les bonnes pratiques avec la mise en place d’un référentiel « Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ».
Pour le gouvernement, la logistique est un facteur déterminant de la compétitivité de l’économie française, qui représente 10 % du produit intérieur brut national, 200 milliards de chiffres d’affaires annuel et un secteur qui compte 1,8 million d’emplois.
Dans un contexte de forte concurrence entre acteurs et entre pays voisins européens, l’Hexagone dispose encore d’importantes marges de progrès, et nécessite d’être soutenue dans cette voie.
« L’objectif de cette démarche engagée il y a maintenant plus d’un an est de renforcer la logistique d’aujourd’hui et de préparer celle de demain, en l’adaptant aux mutations de notre modèle. La révolution numérique et les enjeux de développement durable impactent notamment l’écosystème complexe et globalisé de l’activité logistique, appelée donc à s’adapter et à faire preuve d’agilité », indique en préambule le dossier de presse de présentation de la stratégie nationale « France logistique 2025 », publié conjointement par le ministère de l’Environnement –auquel est rattaché le secrétaire d’État aux Transports–, et celui de l’Économie.
Une stratégie en cinq axes, dont le premier vise la facilitation de l’exportation
« Aujourd’hui, une nouvelle étape est franchie. Avec la présentation de la stratégie nationale « France Logistique 2025 », la France a désormais son document stratégique, sa vision pour la logistique », conclut le préambule.
Cette stratégie, qui se déploiera dans les mois à venir en actions concrètes, repose sur 5 axes :
1./ Faire de la plateforme logistique France une référence mondiale en encourageant la dynamique logistique sur tout le territoire
« Pour atteindre une place de leader dans la compétition mondiale de la logistique, l’offre logistique française doit être renforcée en mobilisant les forces logistiques sur tout le territoire ».
Accompagner la structuration des PME autour de solutions logistiques performantes
« Il s’agit de créer les conditions de la performance des PME, par la promotion des meilleures pratiques, afin qu’elles s’insèrent à tous les niveaux de la chaîne logistique. En effet, la majorité des PME n’ont pas accès aux outils et techniques de gestion performante de l’ensemble des flux logistique et à des financements pour des investissements opérationnels. Les entreprises françaises doivent pouvoir également se projeter à l’international ».
Le document privilégie trois pistes d’actions parmi lesquelles :
– Aider à la constitution d’un réseau des PME françaises, avec les grands groupes qui ont accès aux marchés mondiaux, afin de mieux les intégrer à une dynamique de développement. Afin de développer le portage des PME, un appui pourra être fait sur les structures engagées à l’export : Medef International, les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), les bureaux d’achats étrangers basés en France etc.
Densifier le réseau d’infrastructures et l’intermodalité dans nos territoires
« Il s’agit de développer notre réseau d’infrastructures, pour toujours plus d’efficacité, en offrant des services multimodaux performants. L’enjeu est en effet d’améliorer la compétitivité des exportations et l’attractivité du territoire en réduisant les coûts et les délais ».
Se faisant, le document privilégie trois pistes d’actions parmi lesquelles :
– Agir sur la fluidification des portes d’entrée portuaire ou aéroportuaire en simplifiant les procédures, notamment administratives et douanières. Il a été décidé d’étendre l’auto-liquidation de la TVA.
2./ Développer le capital humain et faciliter la lisibilité de l’organisation logistique
Les activités logistiques font l’objet de nombreuses règlementations qui sont d’ordre administratives, douanières, fiscales, sociales, immobilières ou encore environnementales. « L’enjeu pour la logistique est d’identifier les mesures contribuant à fluidifier le rapport des entreprises aux tâches administratives. (…) ».
Des règlementations simplifiées et harmonisées pour les activités logistiques
La section thématique « logistique et supply chain » de la Commission Nationale des Services (CNS) a été chargée de mener un programme de simplification spécifique et transversal autour des enjeux de la logistique : dématérialisation des procédures règlementaires, coordination renforcée des contrôles etc.
Parmi les pistes d’actions proposées figurent :
– Proposer un programme de simplification autour des enjeux de la logistique qui sera proposé par la CNS, dans les programmes périodiques du choc de simplification.
3./ Faire de la transition numérique un vecteur de la performance logistique
« La transition numérique de la logistique est particulièrement avancée. La logistique, au cœur du circuit marchand, et donc des flux de marchandises et d’informations, se trouve fortement impactée par les nouveaux usages associés aux outils numériques, à l’image du commerce en ligne », prévient le document.
Structurer les données pour accélérer la transition numérique des entreprises
« Encourager le partage d’informations logistiques, l’utilisation de mégadonnées, c’est permettre aux entreprises d’accélérer leur transition numérique, pour proposer des solutions logistiques optimales, ou encore de nouveaux services aux clients ».
Piste d’actions :
- Mettre en place une instance nationale permettant d’assurer un dispositif de gouvernance des flux d’informations et des flux physiques, par un point central de synchronisation, sur le modèle du Cargo Community System (CCS) pour les places portuaires françaises.
4./ Utiliser la logistique comme un levier de transformation des politiques industrielles et de transition énergétique
Promouvoir des solutions logistiques respectueuses de l’environnement
En matière de logistique durable, l’État souhaite favoriser les pratiques vertueuses. En effet, la logistique et supply chain constituent des leviers importants de la transition énergétique. Il s’agit de diminuer l’empreinte environnementale grâce à la mutualisation et l’anticipation des besoins, en s’appuyant sur la stratégie nationale bas carbone.
Piste d’actions :
La mise en place d’un référentiel « Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) » commun et partagé par l’ensemble des acteurs. Des lignes directrices fondées sur les référentiels et les pratiques existantes devront d’abord être définies.
5./ Instaurer et animer une gouvernance intégrée de la logistique
Structurer le secteur autour d’espaces d’échanges pour faire vivre la stratégie
« L’État s’engage à bâtir une logistique de demain plus compétitive pour nos entreprises et nos territoires. L’esprit qui doit être pérennisé est celui d’un dialogue régulier, dans la durée, avec tous les acteurs. L’objectif est d’engager une organisation de filière basée sur un contrat stratégique pour la filière. »
Parmi les pistes d’actions explorées figure :
- Proposer aux acteurs de la logistique d’installer un comité de filière logistique, à partir duquel les travaux pourront s’organiser, pour favoriser la mise en réseau des acteurs économiques de la logistique, dans la continuité de l’actuelle section thématique logistique et supply chain de la Commission nationale des services.
En somme, cette stratégie permettra de mobiliser l’ensemble des acteurs. Elle contribuera à la réalisation des engagements pris lors de la COP 21, pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat. Elle doit permettre de diminuer l’empreinte carbone des activités de transport de marchandises et leurs émissions polluantes et promouvoir de nouveaux modèles économiques comme l’économie circulaire et les circuits courts d’approvisionnement.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
– Consultez le compte rendu du Conseil des ministres du 24 mars 2016
– Retrouvez le détail des 5 axes dans le document PDF ci-joint, présentant la stratégie « France Logistique 2025 »