2015 sera une année charnière pour le Vietnam qui espère achever cette année plusieurs des négociations qu’il a entamées en tant que partie à l’Accord de Partenariat Trans-Pacifique également – appelé Trans-Pacific Partnership (TPP) – et à l’Accord de libre-échange avec l’Union européenne (UE), pour lequel la négociation avec Bruxelles avait été initié en juin 2012.
Après avoir amorcé sa transition économique en 1986 par un vaste programme de réformes engagées par le gouvernement dans le secteur public, et commencé à libéraliser son économie en adoptant, en 1992, une nouvelle constitution pour favoriser l’ouverture de son économie aux investissements étrangers et aux flux de capitaux, le Vietnam, pays de 90 millions d’habitants, s’affiche ouvert aux investissements étrangers mais des défis demeurent.
Des atouts : croissance dynamique, stabilité politique, main-d’œuvre à faible coût
« La croissance du Vietnam a été très résiliente malgré la crise économique. La croissance est très stable alors que beaucoup de pays deviennent vulnérables aux chocs externes », a indiqué Duc Khuong Nguyen (à gauche sur la photo), professeur de finance à l’IPAG Business School, lors d’un séminaire sur l’économie du Vietnam organisé le 10 février à Paris dans l’enceinte de l’Institut français des relations internationales (Ifri) en présence de Nguyen Canh Cuong, conseiller commercial de l’ambassade du Vietnam en France (à droite sur la photo). En effet, le pays a plutôt bien résisté à la crise économique internationale affichant des taux de croissance de 5,9 % en 2011, 5,2 % en 2012 et 5,4 % en 2013.
En 2015, la croissance, tirée par le commerce international, devrait rester dynamique à 5,6 %, d’après les estimations de Coface, après 5,5 % en 2014. L’activité, selon l’assureur-crédit, sera soutenue par la progression des exportations notamment vers son principal partenaire commercial : les États-Unis. Le Vietnam surfe sur la bonne santé de l’économie américaine et bénéficie du retour à la consommation des ménages américains.
À l’export, les principaux partenaires commerciaux du Vietnam sont : les États-Unis, le Japon, la Chine, la Corée du Sud. Et à l’import : la Chine, la Corée du Sud, le Japon. « Nous observons une dépendance en termes de partenaires commerciaux », a d’ailleurs souligné Duc Khuong Nguyen, qui a rappelé dans sa présentation que depuis 1992, le Vietnam a réalisé plus de 90 % de ses échanges commerciaux avec les économies de la région situées en Asie de l’Est et en Asie du Sud-Est.
Le Vietnam participe actuellement aux négociations dans le cadre de l’accord TPP, devant lui permettre d’exporter davantage et plus facilement vers les autres pays signataires : le Brunei, l’Australie, le Canada, le Chili, les États-Unis, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour.
La stabilité de son environnement socio-politique est un autre atout qui fait du Vietnam une destination attrayante pour les investisseurs étrangers. Surtout, le pays bénéficie d’une main-d’œuvre abondante peu chère conduisant de nombreuses entreprises asiatiques des pays voisins à délocaliser leur industrie pour ouvrir des unités de production au Vietnam. Ainsi, les exportations de produits électronique ont augmenté ces dernières années faisant du Vietnam un hub de production pour les tablettes et smartphone d’entreprises coréennes.
Des défis : productivité faible, environnement des affaires qui doit s’améliorer
Bien que les compétences des travailleurs se soient améliorées au fil des années, la proportion de travailleurs qualifiés dans la main-d’œuvre globale est encore faible et peine à augmenter. L’université et les instituts de formation ont échoué à mettre sur le marché des personnes qualifiées correspondant aux besoin des opérateurs économiques. Des opportunités dans le secteur de la formation initiale et continue, en particulier dans le domaine de la high tech, sont donc à saisir par les entreprises françaises.
Autre constat, la croissance de la productivité du travail demeure faible. « Il y a un écart de 2,29 % entre le taux de croissance moyen du PIB (6,46 %) et la croissance de la productivité (4,17 %) », a relevé Duc Khuong Nguyen. Pour gagner en compétitivité, le Vietnam devra passer d’une économie axée sur une main-d’œuvre abondante à une économie axée sur la productivité, voire l’innovation.
Du côté des investisseurs, des craintes demeurent au regard notamment de l’environnement des affaires où des lacunes subsistent, du risque pays, de l’inflation, du contrôle des flux de capitaux ainsi que du manque de transparence dans les circuits administratifs et de l’insuffisante pénétration des normes internationales. À la faible croissance de la productivité du travail, s’ajoutent un système bancaire fragile car fortement dollarisé, et un environnement macro-économique marqué par la vulnérabilité de la dette publique au risque de change.
Toutefois, ce pays d’Asie du Sud-Est offre de nombreuses opportunités dans le secteur des infrastructures (transport, énergie, environnement), de la distribution ou encore de l’agroalimentaire : le Vietnam dispose de ressources agricoles abondantes et présente un important besoin dans la transformation alimentaire, filière sur laquelle l’expertise française a des cartes à jouer. Autant d’opportunités à saisir donc par les entreprises françaises, notamment dans la perspective du futur Accord de libre-échange UE-Vietnam, qui devait être conclu à l’automne 2014 mais dont les négociations tardent à se conclure.
Venice Affre
Réformes clés :
1986 : adoption par le gouvernement vietnamien d’un vaste programme de réformes économiques
1992 : adoption d’une nouvelle constitution pour ouvrir d’avantage l’économie vietnamienne aux investissements étrangers et aux flux de capitaux
1995 : le Vietnam devient un membre de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est asiatique (Asean).
2007 : le Vietnam devient le 150e membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Pour prolonger :
Notre dernier Guide business sur le Vietnam