La Commission européenne a soumis, lundi 2 juin, ses recommandations de politiques socio-économiques pour chacun des pays de l’UE. Sans surprise, celles-ci réitèrent, en les adaptant à la situation de chaque État membre, la nécessité de poursuivre la consolidation budgétaire et les réformes structurelles, seule manière, selon elle, de renforcer la reprise économique.
Sur 17 pays en déficit excessif, six ont été sortis de la liste. La France, elle, y restera. Mais Bruxelles s’est évertué à ne pas dramatiser la situation. Quelques jours après des élections européennes marquées par la montée de l’euroscepticisme et l’europhobie, le ton était volontairement conciliant : « Cet exercice est fait collectivement. La Commission européenne n’impose absolument rien », a souligné José Manuel Durão Barroso.
A peine présentées, les recommandations de Bruxelles faisaient l’objet d’un communiqué du ministère français des Finances. « La Commission valide la stratégie économique du gouvernement », s’est félicité Michel Sapin soulignant que la Commission européenne avait ainsi approuvé les décisions du gouvernement visant « à réduire le déficit par une maîtrise des dépenses, à diminuer les prélèvements obligatoires pour soutenir la croissance et l’emploi et à mettre en œuvre des réformes de fond pour augmenter la compétitivité, la croissance de long terme et l’emploi ».
Si ces recommandations ne devraient pas, comme l’an passé, donner lieu à une nouvelle passes d’armes entre Bruxelles et Paris, le bilan dressé démontre néanmoins que la Commission n’est pas complètement convaincue par la politique du gouvernement Hollande. Certes José Manuel Barroso a souligné que les mesures françaises allaient « clairement dans la bonne direction », mais il pointe aussi le risque de nouveaux dérapages budgétaire en 2015, année ou celui-ci devrait être ramené sous la barre des 3 %. Premier point : les hypothèses de croissance « sont légèrement optimistes pour 2015 », le gouvernement français tablant sur 1,7 % là où Bruxelles envisage plutôt 1,5 %. A cela s’ajoute un montant d’économies pour 2015 jugé « très ambitieux » et qui pourrait compromettre les « objectifs du gouvernement ».
Dans son rapport de 11 pages sur la France, les experts de la Commission estiment donc que « des efforts supplémentaires devraient être présentés dans la prochaine loi de finances rectificative pour 2014 ». Ils réclament que « des efforts d’assainissement substantiels soient résolument poursuivis en 2015 ». Concrètement, la Commission demande notamment à la France de « fixer des objectifs plus ambitieux pour les dépenses » de santé, de « limiter les coûts des retraites » en se « concentrant sur les régimes spéciaux », de faire évoluer le SMIC « d’une manière propice à la compétitivité et à la création d’emplois ».
« Derrière une courtoisie de circonstance, le diagnostic est sans appel : la politique de François Hollande mène la France dans le mur », a indiqué Philippe Juvin député européen (UMP) reconduit à l’issue des dernières élections. Outre une pression fiscale trop élevée et un code du travail qui mériterait d’être simplifié, l’eurodéputé souligne un autre point faible de la France, également mis en exergue dans le rapport de la Commission : le coût du travail, parmi les plus élevés d’Europe.
Jugées insuffisantes les mesures prises par le gouvernement français « ne combleraient qu’à moitié le fossé entre la France et la moyenne de la zone euro », rappelle l’élu.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
Tous les documents – recommandations de la Commission, programmes nationaux de réforme – peuvent être consultés/téléchargés sur le site suivant : http://ec.europa.eu/europe2020/making-it-happen/country-specific-recommendations/index_en.htm