Responsables européens et cubains ont convenu d’accélérer le rythme des négociations pour normaliser leurs relations « avec l’espoir de parvenir à signer le cadre de notre dialogue d’ici la fin de l’année », a déclaré Federica Mogherini à l’issue d’une visite de deux jours à la Havane les 23 et 24 mars. Depuis le lancement des pourparlers, en avril 2014, les négociateurs des deux bords ne se sont retrouvés qu’à trois occasions, deux rounds de discussions programmés ayant été reportés. Les « progrès ont été lents », a reconnu la chef de la diplomatie européenne qui souhaite néanmoins profiter de ce nouvel « élan politique » pour faire avancer les discussions.
Les considérations d’ordre commerciales et le dégel des relations entre les Etats-Unis et Cuba ne sont bien sûr pas étrangers à cette volonté de l’UE d’accélérer le processus entamé il y a 11 mois. Même si Federica Mogherini a affirmé qu’il n’y avait pas de compétition entre les négociations menées à Bruxelles et à Washington, l’UE – premier investisseur et deuxième partenaire commercial de l’île – doit selon elle continuer à jouer un rôle de premier plan. La visite de François Hollande, le 11 mai prochain – la première d’un Président français sur l’île communiste – viendra renforcer ce processus de normalisation « visant à faire passer la relation de la confrontation au dialogue », résume un collaborateur de la haute représentante.
Les pays traditionnellement les plus hostiles se sont ralliés à la démarche
A ce stade, pourtant, les Etats membres n’ont toujours pas abandonné leur « position commune », adoptée en 1996 et conditionnant la reprise du dialogue à la question des droits de l’homme. La réalité est bien plus nuancée. Les pays traditionnellement les plus hostiles à ce rapprochement avec Cuba – comme la Suède ou les Pays-Bas – soutiennent aujourd’hui la démarche. Officiellement les droits de l’homme restent donc au coeur du mandat de la Commission européenne mais « derrière les portes closes on n’aborde pas ou peu les dossiers qui fâchent », confie un membre de l’équipe de Federica Mogherini. Selon lui, la stratégie de la chef de la diplomatie européenne vise d’abord à normaliser la relation pour mieux peser, ensuite, sur le processus de démocratisation de l’île.
D’autre rencontres « au plus haut niveau politique » ont d’ores et déjà été programmées, parallèlement aux négociations techniques. Le 22 avril prochain, la haute représentante de l’UE a invité à Bruxelles Bruno Rodriguez, le ministre cubain des affaires étrangères. Entre temps, les deux responsables se retrouveront les 10 et 11 avril au Panama pour assister au sommet des Amériques. Une troisième rencontre est également prévue en juin , à nouveau à Bruxelles, à l’occasion du sommet UE/Amérique latine.
K.L à Bruxelles