Pour les entreprises à la
recherche d’un relais de croissance en période de crise mondiale, la Turquie
demeure un marché porteur. D’une part, parce que ce pays de 72 millions
d’habitants reste un bon risque. « Les entreprises turques sont solides.
Certes, des retards de paiement peuvent être accumulés, mais comme elles sont
habituées à se prémunir contre les chocs, ces sociétés finissent toujours pas
payer », se réjouissait Yves Zlotowski, chef économiste de Coface, le 16
janvier, lors du colloque qu’organise tous les ans l’assureur-crédit français,
à l’occasion de la publication de son guide sur les Risques pays.
Résultat logique, somme
toute : Coface a décidé de maintenir la Turquie en catégorie A4, comme le
Botswana, l’Algérie, le Maroc, l’Arabie Saoudite, le Pérou ou encore le
Mexique, un cran seulement au dessous du Brésil, de la Chine, l’Inde, la
Thaïlande, les Emirats Arabes Unis ou l’Afrique du Sud, notés A3. Et ce, malgré
la volatilité de la croissance, qui devrait passer de 7,5 % en 2011 à 4 % en
2012 selon le gouvernement d’Ankara, 2 % selon le Fonds monétaire
international.
D’autre part, la Turquie continue
à importer en masse. D’après la base de données GTA de notre partenaire GTIS, pendant
les onze premiers mois de 2011, la Turquie a connu une hausse de 27,73 % de ses
achats à l’étranger, un taux supérieur à celui du Japon, de la Corée du Sud, de
la Thaïlande, du Brésil et même de la Chine (+ 19,55 %).
Parmi les faiblesses de la
Turquie, remarquait, lors du colloque Coface sur les risques pays, Deniz Gökçe,
professeur à l’université d’Ankara, figure « les achats d’énergie,
représentant 50 milliards de dollars par an ». D’après GTA-GTIS, sur les
quelque 157 milliards d’euros d’importations pendant les onze premiers mois de
2011, la Russie, premier pourvoyeur d’hydrocarbures de la Turquie, détenait une
part de marché de 9,78 %. Mais, en fait, l’ex-Empire Ottoman a accru ses
fournitures en provenance de tous ses grands partenaires commerciaux, y compris
la France (+ 14,77 %).
Coface estime que « la
consommation des ménages restera bien orientée, portée par des salaires en
hausse et un taux de chômage au plus bas depuis 2005 ». Par ailleurs, les
investissements directs étrangers continueront à augmenter, notamment dans l’automobile
et la pharmacie. Et
si les exportations souffriront de la récession dans la zone euro, qui
représente 32 % des débouchés extérieurs, elles continueront à progresser,
selon l’assureur-crédit, « grâce à la dépréciation de la livre (turque) et
à la bonne tenue de l’activité au Moyen-Orient, qui draine désormais 22 % des
exportations ».
Pendant les onze premiers mois de
2011, les ventes turques à l’étranger ont gagné 14,76 % par rapport à la
période correspondante de 2010, s’élevant ainsi à 87,57 milliards d’euros. La
Turquie recueille les fruits d’une « stratégie d’exportation mise en place
au début des années 80 », selon Deniz Gökçe. Elle a ainsi décidé, bien
avant la Chine, d’une année de la Turquie et depuis 2010 une dizaine
d’ambassades turques ont été ouvertes en Afrique. Ankara, qui a concocté des
plans de développement régionaux (Afrique, Etats-Unis, Proche-Orient…), a
utilisé comme porte-avions de ses entreprises à l’international Turkish
Airlines, qui a été distingué comme la meilleure compagnie aérienne européenne
lors des World Airline Awards 2011.
Depuis huit ans, le gouvernement
a aussi signé toute une série d’accords de libre-échange : Liban,
Jordanie, Maroc, Tunisie, etc. Avec d’autres, les obligations de visas ont été
levées. Et les résultats sont là en Russie, en Iran, en Irak ou en Egypte.
L’Iran est ainsi devenu son dixième pays client, l’Irak occupant le troisième
rang, avec un montant de 5,29 milliards d’euros, derrière l’Allemagne (9,13
milliards) et le Royaume-Uni (5,31 milliards).
François Pargny
Pour en savoir plus :
Consulter
- La fiche pays du MOCI sur la Turquie https://www.lemoci.com/Turquie/14-Presentation-generale.htm
- Le GPS Business du MOCI sur la Turquie, en tapant
« Turquie » dans l’onglet « Où », qui présente des
actualités et des dossiers d’informations, une série de salons, des appels
d’offres, des textes règlementaires, des sites de référence et une liste
d’experts membres du MOCI Club.