Dans son budget de l’année 2012,
le gouvernement tunisien prévoit une croissance de l’économie de 4,5 %, après un modeste
0,2 % l’an dernier. Pour y parvenir, il table à la fois sur les exportations de
biens et services (+ 7 %), les investissements (qui représenteraient 24 % du Produit intérieur brut) et la consommation des ménages (+ 4,6 %).
En 2011, les exportations
globales de biens et services ont diminué de 2,4 %, mais les seules transactions
commerciales avec l’étranger ont affiché une hausse de 6, 7 %. D’après
l’Institut national des statistiques (INS), les importations ont aussi
progressé de 5,9 %, ce qui explique que le taux de couverture de la balance
commerciale soit tombé à 74,5 %.
L’État espère une reprise appuyée
des grands secteurs d’exportation, comme les industries mécaniques et
électriques (IME), le cuir et le textile. La filière textile a enregistré un cumul positif de ses exportations de 5,88 % pendant les onze
premiers mois de 2011 par rapport à la période correspondante de 2010, malgré
une baisse tour à tour en octobre et novembre, due à la baisse de la
consommation en Europe.
En matière d’investissement,
l’Etat compte investir dans les infrastructures de base, notamment dans les
régions intérieures, foyer de « la révolution du jasmin » il y a un
an. Une délégation ministérielle vient de se rendre dans le bassin minier de
Gafsa, particulièrement pauvre, pour rétablir la confiance avec les habitants, alors
que le fabricant de faisceaux automobiles Yazaki a décidé la fermeture totale
de son site d’Om Laryes, près de Gafsa, après plusieurs jours de grève. Le
groupe japonais, qui emploie 1 500 personnes mais tablait sur le double
fin 2011, vient, toutefois, d’annoncer la poursuite de ses investissements dans
la région pour « atteindre l’objectif de 4 000 emplois vers fin
2012 », selon Mohamed Lamine Chakhari, ministre de l’Industrie et du
Commerce.
D’après le Livre blanc du ministère du Développement régional, seules 8 % des entreprises étrangères
en Tunisie étaient installées fin 2010 dans le Centre-ouest (Kairouan, Sidi
Bouzi, Kasserine), Nord-ouest et Sud. D’où l’importance de la réforme du code
d’investissement, qui ciblera plus particulièrement les régions dites de
l’intérieur. Le Livre blanc préconise toute une série de mesures :
constitution d’un réseau de trains rapides régionaux à fréquences régulières,
mobilisation des grandes entreprises publiques, création de zones industrielles,
valorisation des sites archéologiques, mise en place de la décentralisation et
d’une fiscalité régionale, accès des entreprises à des incitations indirectes
(subventions et primes d’investissement) plutôt que directes (exonérations fiscales), etc.
Le nouveau Code d’incitation aux
Investissements (CII) devra ainsi avantager les entreprises exportatrices,
créatrices d’emploi, notamment dans les zones les plus défavorisées. Parmi les
mesures symboliques les plus souvent citées, figurerait la possibilité pour les
opérateurs extérieurs de détacher plus de quatre employés en Tunisie.
L’Accord de libre échange signé
avec l’Union européenne (UE) a contribué à l’augmentation régulière des
investissements directs étrangers (IDE) au pays du jasmin. Aujourd’hui, la
Tunisie se verrait bien comme une plateforme d’accès au marché européen pour
des pays tiers, comme l’Inde et la Chine, qui pourraient ainsi profiter de la
proximité géographique et de la connaissance locale de l’UE, du cadre
règlementaire attractif et de la disponibilité en ressources humaines.
Autre diversification largement
évoquée, alors que le président tunisien Moncef Marzouki, vient de se rendre à
Tripoli, le renforcement des liens avec le grand voisin libyen. Ainsi, Habib
Hammami, responsable du Centre de promotion des exportations de Benghazi, qui
qualifie de « nouvelle Dubaï méditerranéenne » la grande cité de
l’est libyen, invite « les privés tunisiens à investir dans le transport
maritime entre les grandes villes tunisiennes et Benghazi et à intensifier
l’exportation des services à haute valeur ajoutée (services de santé,
ingénierie…) ».
Le 5 janvier dernier, à l’issue d’un entretien avec le
président Marzouki à Tunis, le ministre français des Affaires étrangères, Alain
Juppé, a indiqué que « la France souhaite développer un nouveau
partenariat d’égal à égal dans le cadre du respect des choix mutuels ».
Outre la dimension politique de ce voyage, l’ancien Premier ministre a indiqué
que « de nouveaux investisseurs sont prêts à investir en Tunisie ».
De fait, le groupe Essilor vient d’annoncer l’acquisition de
la société de verres optiques Laboratoires Sivo et de sa filiale commerciale
Sicom, basés à Sfax. De son côté, Airbus Tunisie a confirmé son investissement dans le pays, avec la
fin de la construction de son usine d’El M’ghira, dans la banlieue de Tunis, au
terme de cette année, et la création de 1 500 emplois à l’horizon 2015,
contre 400 actuellement.
François Pargny
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