« La demande additionnelle adressée à la France en 2017 en provenance d’Algérie et de Tunisie s’élèvera respectivement à + 400 millions d’euros et + 150 millions d’euros », indique Euler Hermes, dans un communiqué de presse du 5 avril. Selon Stéphane Colliac (notre photo), économiste Afrique, ces 550 millions représentent « près de 2 % de la demande supplémentaire adressée à la France en 2017 (+ 28 milliards d’euros »).
Les biens d’équipement, qui constituent la majeure partie des exportations de la France vers ces deux pays (50 % en Tunisie et 40 % en Algérie), devraient en être les principaux bénéficiaires, avec des opportunités additionnelles à saisir à hauteur de + 100 millions d’euros en Algérie et + 50 millions d’euros en Tunisie. L’Algérie est le 19e pays client de la France et la Tunisie le 26e. L’an dernier, les exportations tricolores ont approché les 5,1 milliards d’euros chez le premier, en recul de 9,85 % sur 2015, et dépassé 3,2 milliards en Tunisie, en baisse également de 18,22 % en un an.
Par ailleurs, d’après les données disponibles de la base GTA (groupe IHS) entre janvier et octobre 2016, les importations de l’Algérie en provenance de l’Hexagone ont atteint près de 3,5 milliards d’euros. La France était ainsi sur la deuxième marche du podium des pays fournisseurs avec une part de marché (PDM) de 10,44 %, loin, derrière, cependant, de la Chine, avec 6,2 milliards et une PDM de 17,94 %. L’Algérie y avait réduit ses achats de 9,48 % en un an, alors qu’ils étaient quasiment stables avec le géant asiatique (- 0,29 %). Les quatre premières postes d’importation de l’Algérie avec la France avaient essuyé un revers : céréales (- 11,4 %), machines et appareils mécaniques (- 24 %), pharmacie (- 3,45 %) et automobile (- 14,2 %).
Euler Hermes explique que cette demande existe malgré des résultats économiques contrastés.
Dette contenue en Algérie, réserve de change à surveiller en Tunisie
En Algérie, « les recettes liées aux hydrocarbures sont moins importantes qu’auparavant, et le gouvernement n’a pas réduit ses dépenses de soutien à l’économie. Le déficit budgétaire s’est creusé, et a atteint -12,9 % du PIB en 2016, constate Stéphane Colliac. Ce dernier note, toutefois, que « la dette publique reste contenue, à 13 % du PIB en 2016 », ce qui est, selon lui, « rassurant ».
S’agissant de la Tunisie, l’économiste observe que « le climat social reste tendu entre terrorisme périodique et violences contestataires » et que « l’Europe, qui représente 80 % des débouchés tunisiens à l’exportation, devrait continuer de croître faiblement », ce qui devrait plomber la croissance du pays.
C’est notamment « le cas de la France et l’Italie, précise-t-il, les deux débouchés principaux de la Tunisie. En l’espèce, la croissance tunisienne repose donc beaucoup sur les dépenses budgétaires. Mais avec une dette publique qui a dépassé les 60 % du PIB en 2016 et des réserves de change qui représentent moins de 4 mois d’importations, les contraintes qui pèsent sur la Tunisie sont nombreuses ».
Cette année, les économies algérienne et tunisienne devraient réaliser un taux de croissance de respectivement de 3 % et de 2 %.
F. P