« La France et Singapour bénéficient d’une relation bilatérale de long terme », a indiqué Tony Chew, le président de Singapore Business Federation, le 28 octobre, lors de l’ouverture des rencontres d’affaires franco-singapouriennes organisées par Ubifrance à l’occasion de la visite officielle du Premier ministre Hsien Loong Lee.
« En 2011, a-t-il souligné, Singapour a été la région d’Asie du Sud-Est la plus populaire pour les investisseurs français notamment dans l’électronique et les télécommunications ». M. Chew s’attend à davantage de synergie entre les deux pays grâce à l’accord de libre-échange (ALE) entre l’Union européenne (UE) et Singapour, dont le texte a été publié le 20 septembre dernier. L’ALE avait été conclu en décembre 2012 pour une entrée en vigueur attendue fin 2014 ou début 2015.
La deuxième communauté étrangère, devant l’Allemagne
Benjamin Dubertret, ambassadeur de France à Singapour, a pour sa part rappelé la signature, « il y a tout juste 1 an », le 18 octobre 2012, d’un accord de partenariat stratégique entre Singapour et la France lors d’une visite du chef du gouvernement français Jean-Marc Ayrault. Et d’ajouter que des entrepreneurs comme Bouygues Construction, via sa filiale Dragages Singapour, a obtenu la conception et la gestion d’un vaste complexe sportif à Singapour, suite à la signature, en 2010, d’un partenariat public-privé pour 770 millions d’euros. Plus récemment, en septembre 2013, Bouygues Construction a remporté un contrat pour la conception et la réalisation d’un grand complexe résidentiel au centre de l’île.
« La communauté française à Singapour est la deuxième plus grande après le Royaume-Uni, mais devant l’Allemagne avec 11 000 compatriotes », a informé Benjamin Dubertret. 400 PME et ETI françaises ont une filiale à Singapour et 5 000 entreprises françaises y exportent. « Tout cela est très bien, mais ce n’est pas assez. Avec Ubifrance, notre objectif est d’accroître le développement de nos PME et ETI à Singapour. » Des avancées importantes sont en cours dans les services, mais la présence française est jugée insuffisante dans les technologies de la santé et du bien-être de la personne, ce qui incite le diplomate à appeler à multiplier les partenariats dans le domaine du « mieux se soigner », l’une des quatre familles prioritaires identifiées par Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur.
Des secteurs porteurs pour la France
Frédéric Rossi, directeur Ubifrance Singapour et Asean-Océanie, a pour sa part énuméré les secteurs jugés prioritaires pour ses services pour les savoir-faire tricolores.
La priorité n° 1 est le « mieux se nourrir« . Singapour compte 250 restaurants occidentaux dont 50 français. La France exporte 1,6 milliard d’euros de produits des industries agroalimentaires en Asean, dont 60 % à Singapour (12ème marché de la France), où une partie repart pour les pays de l’Asean. Adepte du fooding, la cité-Etat présente des opportunités pour les entreprises françaises dans les vins et spiritueux (cognac, vins tranquilles, champagne), les produits laitiers, les viandes, fruits de mer ou encore les produits gourmets secs. De plus, remarque Frédéric Rossi, « le secteur de la distribution y est très bien organisé ».
La deuxième priorité concerne le « mieux se soigner« , déjà évoqué. Le pays possède des infrastructures médicales de pointe qui profitent à 5,3 millions d’habitants et 1 million de touristes médicaux. Un hub biotech/medtech est en construction à Singapour, acteur majeur dans les biotechnologies, et attire les grands acteurs mondiaux. Dans les dispositifs médicaux, prothèses, imagerie, dentaire, médicaments, le pays peut représenter un créneau pour la France. Et « dans le bien-être (cosmétiques, spas, soins) « nos entreprises ont encore des choses à faire », assure le directeur d’Ubifrance.
Dans le « mieux vivre en ville : la ville connectée, sûre et durable« , 3ème priorité du commerce extérieur français, Singapour présente des atouts pour les entreprises françaises du transport et de l’aménagement urbain. La cité-Etat a été pionnière dans la mise en place d’un péage urbain ERP (Electronic Road Pricing) et des réflexions sont menées sur la prochaine génération de péages urbains. La construction prochaine d’un métro pourrait également profiter aux sociétés de transport sans oublier les marchés de lignes de bus.
Quatrième grand secteur , le « mieux vivre en ville : l’art de vivre« . La présence française dans l’ameublement et la décoration intérieure est croissante à Singapour avec Starck, Ligne Roset, Roche Bobois, Mobalpa, La Cornue, Peugeot, Christofle, Guy Degrenne, Pierre Frey etc. Le salon Maison & Objet va tenir sa première édition à Singapour en mars 2014, ouvrant la voie à des opportunités pour les entreprises.
Priorité n° 5, le « mieux communiquer« . Le pays a un taux de pénétration mobile élevé de 150 %, dont 90 % en smartphone, avec une nette domination de l’iPhone. Singapour a par ailleurs un opérateur historique, SingTel, acteur local qui rayonne sur la région et au-delà avec 500 millions d’abonnés dans l’Asean, en Australie, Inde, Afrique et Moyen-Orient.
Enfin, sixième priorité, « la construction navale, l’aéronautique et les hydrocarbures« , secteur à ne pas négliger. « Singapour est le 2ème port mondial de transbordement de conteneurs », a rappelé Frédéric Rossi. Dans l’aéronautique, Singapour offre des opportunités avec l’aéroport de Singapour-Changi, l’un des deux meilleurs aéroports du monde. Enfin, reste encore le vaste marché des services aux entreprises : près de 40 000 sociétés étrangères sont établies à Singapour dans les services financiers, la logistique, les TIC, le branding & marketing etc.
Frédéric Rossi a, enfin, insisté sur la nécessité, pour les entreprises qui sont tentées par ce marché, de bien préparer leur projet et leur stratégie en amont : on vient dans ce paradis du commerce, très professionnel, pour vendre à des agents, importateurs, distributeurs, filiales, pour vendre dans la région (réexportations, couverture régionale) ou encore pour innover, co-développer, tester etc. « Il faut attaquer le marché petit à petit », a conseillé le directeur Ubifrance.
Venice Affre
Pour prolonger :
Consultez notre magazine Moci n° 1942 spécial « Singapour, un hub pour l’Asie » paru le 29 mai 2013