Après une profonde récession et une reprise modérée, la croissance du Royaume-Uni a fortement rebondi depuis le premier trimestre 2013, pour s’établir à 2,6 % en 2014, soit la plus forte performance enregistrée au sein des pays du G7(*), mais les exportations n’ont que très peu contribué à la reprise et des défis subsistent pour rendre cette croissance durable, rapporte l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans sa dernière étude sur le Royaume-Uni, publiée le 24 février.
En effet, le Royaume-Uni, comme l’ensemble des pays du G7, perd des parts de marché à l’export depuis la fin des années 90, au profit des pays émergents, Chine en tête.
Une concurrence accrue à l’export
Le Royaume-Uni a notamment été devancé par les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et par d’autres pays émergents tels que la Turquie, le Mexique, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne. L’étude montre également que les performances à l’export de certaines économies avancées de l’OCDE, à l’instar de l’Allemagne, l’Autriche, la Suède et les Pays-Bas, ont été davantage résilientes.
Un autre facteur qui explique le déclin de la part de marché du Royaume-Uni à l’export est la demande molle dans la zone euro qui pourrait expliquer, selon l’OCDE, pourquoi en dépit de la dépréciation d’environ 20 % de la livre sterling entre 2007 et 2008 les exportations nettes issues des secteurs manufacturiers (automobile, machines et engins mécanique, pharmacie) et énergétiques (hydrocarbures) n’ont pas augmenté.
Il en résulte ainsi que c’est bien la consommation des ménages et l’investissement privé qui vont continuer à tirer la croissance du produit intérieur brut (PIB) britannique. La croissance de la consommation des ménages a été soutenue par la création d’emplois. Le taux de chômage a diminué rapidement pour se replier à 5,7 %. Et selon les prévisions de l’OCDE, la baisse du taux de chômage devrait se poursuivre tandis que les exportations de biens et services vont, dans une moindre mesure, se renforcer, mais pas suffisamment pour augmenter la part de marché du Royaume-Uni. Ainsi, la croissance annuelle des exportations, en volume, est estimée à 1,4 % cette année après un recul de – 1,2 % en 2014 par rapport à 2013.
Outre la relance des exportations, le pays est confronté à un autre défi, s’il veut asseoir une croissance forte et durable, qui est celui d’accroître sa productivité.
Doper la productivité de la main-d’œuvre
La productivité de la main-d’œuvre demeure, en effet, faible. L’OCDE préconise, d’une part, de renforcer l’investissement dans les infrastructures (services de transports publics, réseau téléphonique, énergie) pour améliorer leur qualité, et d’autre part, de mettre en œuvre davantage de réformes structurelles pour dynamiser la productivité. En effet, des mesures visant à réduire les inégalités de revenus sont nécessaires pour renforcer les incitations au travail. « À cet égard, estime l’OCDE, il est fondamental de continuer à développer l’économie fondée sur le savoir (y compris l’innovation et les compétences), à renforcer les infrastructures et à améliorer le financement de l’économie ».
(*) Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez l’étude de l’OCDE sur l’économie du Royaume-Uni (138 pages, février 2015) en cliquant ICI
Pour prolonger :
– Royaume-Uni : Coface confiant dans la reprise de l’économie
– Risque pays : Coface relève son évaluation aux États-Unis et au Royaume-Uni