Coface vient d’annoncer que sa note de risque pays était dégradée pour Hong-Kong, passé de A2 à A3 (sur une échelle qui va de A1 pour risque très faible à E, risque extrême). Parallèlement, la Mauritanie a été reclassée de D en C, dans son baromètre au 3e trimestre 2019 (voir ci-dessous en pdf).
S’agissant de Hong Kong, « ce n’est pas seulement l’incertitude politique qui compte. La situation économique est catastrophique, les ventes au détail plongent plus durement que pendant la crise de 2008 », a pointé Julien Marcilly (notre photo), économiste en chef de Coface, lors d’un point presse le 17 octobre.
D’autres secteurs de la province à statut spécial chinoise, en outre, sont touchés, comme les services et les transports, alors que les manifestations ne semblent pas se dégonfler. On s’orienterait vers une récession technique, quelque soit l’ampleur des mesures d’appui budgétaire qui ont été promises. Outre le frein à l’activité intérieure, la cité État aurait été fortement impactée pour ses échanges internationaux par la guerre commerciale Chine-États-Unis.
Changement de décor en revanche avec la Mauritanie, qui « bénéficie de la transition démocratique à la tête de l’État », a précisé Julien Marcilly. L’activité économique devrait connaître un pic depuis 2014 à 5,2 % à la fin de l’année. De plus, la situation économique et financière de cette nation de l’ouest africain jouit d’une amélioration sensible (position budgétaire, endettement, secteurs non extractifs…).
Le « coup de fatigue » du commerce mondial
Deux pays réévalués, c’est peu, peut-on penser, compte tenu de la multiplication des zones d’incertitude politique (manifestations Hong-Kong, en Russie, crise argentine, attaques des installations pétrolières en Arabie saoudite, Brexit…). Compte tenu de tous ces événements, Coface anticipe ainsi une année 2020 « sous le signe du ralentissement économique », et la mobilisation des gouvernements et des banques centrales ne suffira pas à l’endiguer.
L’assureur-crédit annonce également « un coup de fatigue » du commerce mondial, avec une contraction de 0,8 % en 2019. Pour l’année prochaine, tout pronostic serait hasardeux. Accord ou pas accord entre Washington et Pékin dans leur guerre commerciale, peu importe.
Ce n’est en effet pas un peu plus de soja américain acheté par la Chine qui changera la donne à court terme, pense-t-on chez Coface. Les questions centrales au cœur des tensions sino-américaines, comme la propriété intellectuelle, ne seront pas traitées. Et personne ne voit Donald Trump stopper ses récriminations à l’encontre de la Chine, alors qu’il est menacé de destitution par le camp démocrate et prend du retard dans les intentions de vote à l’approche des présidentielles de 2020.
Une incertitude liée à Donald Trump
En principe à la fin de l’année, toutes les importations en provenance de l’ex-Empire du Milieu seront taxées. « Que fera Donald Trump ? Plus de droits de douanes ? Ira-t-il jusqu’à 45 % comme le président américain l’avait annoncé ? Ou imposera-t-il des barrières non tarifaires ? », s’est interrogé Julien Marcilly.
Le président américain pourrait utiliser le pouvoir que lui donne la loi américaine de 1977 (International Emergency Economic Powers Act) de combattre « une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale, la politique étrangère ou l’économie américaine » pour interdire les échanges – exportations comme importations – avec le géant asiatique, voire les marchandises made in China ayant transité par un autre pays ou ayant un contenu chinois.
J. Marcilly : « les défaillances d’entreprise n’augmentent pas tant que çà »
Dans l’état actuel de la situation, Coface prévoit une croissance économique mondiale de 1,3 % en 2020. « La bonne nouvelle, c’est la baisse des taux de la Fed (Banque centrale des États-Unis), dont l’effet va être favorable aux pays émergents et au reste du monde », a expliqué Julien Marcilly, ajoutant que « si la demande sera moins allante, les conditions financière vont rester favorables ».
Ce qui importe pour les exportateurs en particulier, c’est que « les défaillances d’entreprise n’augmentent pas tant que çà », selon le chef économiste de Coface. Si les faillites devraient connaître un pic à Hong Kong avec une hausse de 30 % des défaillances cette année, la zone Asie Pacifique s’oriente néanmoins vers un recul de – 1 %.
Par grande région, l’Amérique du Nord afficherait la plus forte progression des défaillances avec + 4 %. Somme toute de bons chiffres. A surveiller, néanmoins, tout le long de l’année prochaine, en raison de l’instabilité générale.
François Pargny