Et si ce n’était plus qu’une question de semaines ? Les différents acteurs de la filière bio au Maroc veulent y croire.
En préparation depuis 2009, la loi définissant le référentiel bio devrait être adoptée d’ici à la fin de l’année, après les législatives du 25 novembre. « Le but est de pouvoir exporter », résume Mounya El Aouani, directrice générale d’Eco-cert Maroc. Le pas en avant réalisé est d’autant plus important que, jusqu’à présent, rien n’empêchait un opérateur d’apposer la mention bio sur son produit.
« Aujourd’hui, seul le label d’un organisme certificateur garantit qu’un produit soit authentiquement biologique », rappelle Mounya El Aouani. Présent au Maroc depuis 1991, Ecocert détient 85 % du marché de la certification.
L’organisme est d’autant plus confiant dans l’avenir que les pouvoirs publics semblent vouloir mettre les moyens pour faire démarrer la filière. La feuille de route adoptée en avril 2011 par le ministère de l’Agriculture et les représentants de la filière, l’Amabio, affiche des objectifs clairs. D’ici à 2020, les surfaces cultivées et les volumes de production bio devront être multipliés par 10 pour atteindre respectivement 40 000 hectares et 400 000 tonnes.
Sur le terrain, les producteurs d’huiles d’argan et d’olive ont déjà sauté le pas, représentant 45 % des certifications délivrées par Eco-cert Maroc. Des entreprises de maraîchage convertissent progressivement tout ou partie de leur surface en bio. « La matière première existe et ne demande qu’à être développée. Mais dans la majorité des cas, les produits parent à l’état brut pour l’export. Les transformateurs ont une carte à
jouer dans une filière encore peu
valorisée », estime Mounya El
Aouani. Un autre signe fort pour le développement du bio est
sans conteste l’arrivée de l’enseigne française La vie claire.
Un magasin franchisé a ouvert à Casablanca en avril dernier.
Deux autres ouvertures sont prévues d’ici fin 2012 à Rabat et à Casablanca.
À la tête de ce projet, Zineb Laghzaoui : « Le potentiel de ce
marché est énorme. En quelques mois, nous avons réussi à fidéliser une
clientèle », s’enthousiasme la jeune femme. Pour autant, Zineb Laghzaoui
doit faire face à un certain nombre d’obstacles.
Environ 95 %
des produits vendus dans son magasin de 300m2 sont importés et
font l’objet de droits de douane pouvant aller de 2,5 % à 140 % selon les denrées. À la clé, les prix de vente affichés sont en moyenne de 10 % à 30 % plus élevés qu’en France. L’enseigne doit également faire preuve de patience, car les producteurs de légumes bio sont encore peu nombreux et, surtout, entièrement tournés vers l’export. C’est pourquoi, à côté du
premier magasin La vie claire, la directrice de l’enseigne a créé une structure baptisée Greenvillage, dédiée à l’accompagnement des producteurs vers la certification par l’octroi de crédits et la garantie d’un débouché commercial.
I. A.