Dans sa note économique du mois de décembre, la Société Générale met en lumière l’exception, au sein de la zone euro, du cas allemand en matière de performance à l’export (voir fichier attaché). L’analyse menée par le département des études économiques de la banque tente d’identifier les facteurs à l’origine de la dynamique des exportations en Allemagne
dans le cadre d’une comparaison avec la France, l’Italie et l’Espagne. L’étude, qui porte sur les exportations de produits
manufacturés en volume, s’appuie sur plusieurs caractéristiques des exportations : géographie, secteur, compétitivité-prix, taille des entreprises…
Le premier facteur mis en évidence par l’étude est d’ordre géographique. Dès les années 90, note l’analyse, l’Allemagne exporte relativement moins en zone euro que ses
pairs. Le principal atout de l’Allemagne réside ainsi dans sa capacité à attirer la demande dans les pays émergents. Ces derniers, indique l’analyse, sont aussi bien des compétiteurs pour les pays développés que des nouveaux marchés à l’exportation. En 2011, les exportations allemandes à destination des émergents ont représenté plus de 20 % du total des exportations d’outre-Rhin. La donne est différente dans les pays voisins. En Italie, les exportations vers les pays émergents ont représenté un peu plus de 15 % du total des exportations du pays. Les exportations françaises à destination des émergents ont représenté un peu plus de 10 % du total des exportations de l’Hexagone faisant mieux que l’Espagne, où les exportations vers les pays émergents ont représenté moins de 10 % du total des exportations espagnoles.
Au-delà de leur bonne orientation géographique, les exportations allemandes sont plus dynamiques, quel que soit le secteur, avec une préférence pour l’automobile. Une performance des exportations allemandes qui ne vient donc pas d’une spécialisation sectorielle, précise l’étude. Les exportations automobiles ont particulièrement crû en Allemagne depuis 2003. En Italie, les exportations d’automobiles ont fortement chuté en 2008-2009, rejoignant ainsi celles de l’Espagne. Quant à la France, ses exportations automobiles se contractent de 13 % depuis 2003 et de 20 % depuis 2000. Dans les biens d’équipements et dans les biens de consommation l’Allemagne est aussi en tête. Dans ce dernier secteur, l’étude relève toutefois qu’en 2011, la part des exportations de l’Allemagne ne représentait que 14 % du total de ses exportations de produits manufacturés, contre 20 % pour la France, 21 % pour l’Espagne et 22 % pour l’Italie.
Pour comprendre les performances allemandes à l’export, il faut également regarder du côté de la compétitivité- prix. Depuis 2003, l’Allemagne montre une meilleure maîtrise des prix à l’exportation alors que l’Italie et l’Espagne ont enregistré depuis cette même date des baisses du prix de leurs exportations. Enfin, les dépenses de l’Allemagne en R&D représentent 2,5 % du PIB en moyenne sur les années 2000, alors qu’elles s’élèvent à 2,1 % en France ou encore à 1,1 % en Espagne et en Italie. D’autre part, l’Allemagne a concentré ses dépôts de brevet dans le domaine des hautes technologies. De tels brevets n’étant exploitables que par ses entreprises, l’Allemagne se met à l’abri de tout concurrent, et met en place dans la foulée des économies de niche. Une stratégie qui selon l’étude expliquerait une partie des performances des exportations allemandes.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
– Lire le Guide business Allemagne 2012
– Consulter tous nos contenus sur le modèle allemand dans notre GPS Business en tapant « Allemagne » dans l’onglet « Où »