Un commerce
extérieur qui ne mollit pas, des investissements privés qui se maintiennent à
un bon niveau, une consommation intérieure alerte : la Pologne fait figure
d’eldorado au sein de l’Union européenne (UE), au moment où la zone euro traverse une
crise aiguë.
Ce pays est en effet le seul État membre à conserver une croissance positive ces dernières années (4 % en 2011). En 2012, « la Pologne gardera sa croissance à un bon
niveau, entre 2,5 % et 3 % », estime Monika Constant, directrice générale
de la Chambre de commerce et d’Industrie française en Pologne (CCIFP), dans un
dossier en date de février 2012, intitulé « Réussir en
Pologne ! ».
Alors que
la politique structurelle et de cohésion de l’UE a déjà joué un rôle favorable
dans le passé, une dotation de 67,3 milliards d’euros est encore allouée à la
Pologne entre 2007-2013. Une aide très appréciable, ne serait-ce qu’aux yeux
des investisseurs étrangers, qui pointent comme principale faiblesse de la
Pologne le manque d’infrastructures, « en particulier les routes »,
indique le Vale Columbia Center, dans une étude sur les investissements directs
étrangers (IDE) en Pologne, publiée le 24 avril dernier.
Grands projets en cours
En outre, l’économie va être
boostée par les investissements consentis en Pologne et en Ukraine pour le
championnat d’Europe de football 2012 (8 juin-1er juillet),
notamment dans les infrastructures routières, hôtelières et les stades de
football. Enfin, la Pologne peut compter sur les recettes des privatisations à
venir. Le 6 mars dernier, le groupe français Naturex, leader mondial des
ingrédients naturels de spécialité d’origine végétale, confirmait ainsi l’acquisition
de 100% du capital de Pektowin, un producteur de pectines et jus concentrés à
base de fruits et légumes.
Le 3
février 2012, Mark Allen, représentant du FMI pour l’Europe centrale et
orientale basé à Varsovie, comparait la Pologne à « un large marché
émergent, une version de la Turquie et du Brésil et peut-être de la
Chine ». La CCIFP, qui organise, le 16 mai, son premier séminaire virtuel sur la Pologne,
a identifié toute une série de secteurs porteurs, allant du secteur médical au
luxe, en passant par l’agroalimentaire et le bio, les technologies de
l’information, l’industrie et la sous-traitance. Par exemple, sur un marché du
matériel médical en forte croissance, la Pologne ne fabrique pas, pour des
raisons de coût trop élevés, certains produits de haute technologie dans la
résonance magnétique nucléaire, la tomographie ou encore la radioscopie.
De même, le
luxe n’a pas été touché par la crise et représente un marché « très
prometteur », selon la CCIFP, autant dans l’alimentation que dans
l’automobile, en passant par la bijouterie, les cosmétiques et les œuvres
d’art. Le pouvoir d’achat des Polonais augmente, les grandes marques
d’habillement s’imposent et les moyens de transport les plus onéreux – avions,
hélicoptères, yachts – sont demandés par de nouveaux acheteurs en Pologne.
Pour autant,
la Pologne n’est
pas à l’abri de la crise mondiale et surtout de celle de la zone euro, alerte
le FMI. Mark Allen rappelle, notamment, que « l’économie polonaise est
dépendante des exportations de l’euro zone ». De fait, d’après la base de
données GTA/GTIS.,
en 2011, à elle seule, l’Allemagne absorbait 26,1 % des ventes extérieures de la Pologne. Loin
derrière, figuraient avec des parts entre 6 et 6,5 % trois autres pays
européens : Royaume-Uni, République tchèque et France.
Exportations et importations à la hausse en 2011
Il est vrai
que les exportations polonaises sont favorisées par la faiblesse du zloty
(PNL), la monnaie nationale, par rapport à l’euro (EUR). Le taux de change est 1
EUR = 4,30 PNL. Le gouvernement clame sa volonté d’entrer dans la zone euro. Le
Premier ministre, Donald Tusk, l’a confirmé, le 15 mai, lors d’un déplacement
au Canada.
Mais force est de constater que son pays devait déjà rejoindre la zone euro en
2009, puis en 2012. Maintenant, on parle plutôt de 2015.
En 2011, l’Allemagne
était aussi le premier pays fournisseur, avec une part de 27,6 %, devançant
largement la Russie (12,1 %) et surtout un groupe de nations disposant d’une
part de marché comprise entre 4 et 6 % : Pays-Bas, Italie, Chine, France
et République tchèque.
Globalement,
même si cette progression est moindre qu’en 2011, le commerce extérieur a continué
à croître au début de cette année. En 2011, les importations avaient gagné en
un an 11,1 %, passant ainsi à 149,2 milliards d’euros, pendant que les
exportations augmentaient de 11,74 % pour s’élever à 134,6 milliards. En
janvier 2012, par rapport au même mois de l’année précédente, achats et ventes
à l’étranger sont encore montés respectivement de 5,3 % et 6,1 %.
IDE: les Pays-Bas, premier pays pourvoyeur
Ces
chiffres restent encourageants, d’autant que, parallèlement, les IDE, selon le
Vale Columbia Center, devraient poursuivre leur ascension cette année. Après un
creux à 9 milliards de dollars en 2010, les flux entrants en Pologne en 2011
avaient retrouvé, avec 13 milliards, leur niveau de 2009. En 2010, la Pologne a
enregistré de nombreux désinvestissements de multinationales installées aux
Pays-Bas, un pays qui accueille, à l’instar du Luxembourg, des holdings et des
sièges régionaux.
Les
Pays-Bas sont, toutefois, restés à la fin de cette année-là le premier
pourvoyeur d’IDE, avec une part de 19 % dans le stock global d’investissements
directs étrangers, devançant ainsi l’Allemagne (15 %), la France (13 %), le
Luxembourg (9 %) et les États-Unis (7 %). L’allemand Metro figurait en tête de
liste des entreprises établies, devant France Telecom, propriétaire de
Telekomunikacja, et Fiat.
Depuis,
d’autres sociétés s’installent ou annoncent parfois même de gros
investissements. Par exemple, à l’instar de Samsung – et d’autres groupes
asiatiques à la recherche de main d’œuvre bon marché dans les pays de l’Est –
LG a ouvert une usine d’électroménager en octobre 2011. Quant à
EDF, le groupe français entend construire pour 2018 sa plus grosse centrale
thermique, représentant un investissement de 1,8 milliard d’euros, à Rybnik,
au sud de Varsovie.
Incontestablement, la Pologne possède de solides atouts pour attirer
les sociétés étrangères sur son sol : un marché domestique de 40 millions
d’habitants, un accès direct au grand marché européen, la stabilité politique
et une main d’œuvre qualifiée et disponible. S’y ajoute, ce qui est primordial,
la mise à en place de 14 zones économiques spéciales (ZES),
qui offrent des avantages fiscaux, comme l’exonération de l’impôt sur les
bénéfices. Or, Varsovie devra se conformer à ses engagements auprès de la
Commission européenne de supprimer les ZES d’ici à 2020. Sans parler de
nouveaux investisseurs qui pourraient hésiter à s’engager en Pologne, d’autres
opérateurs déjà installés pourraient alors décider de quitter le pays et de
relocaliser leurs activités. A moins évidemment que d’ici là les autorités
polonaises puissent imaginer un nouveaux système respectant la réglementation
en matière de politique régionale européenne.
François Pargny
Pour en savoir plus:
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- 1 La fiche pays du MOCI.
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3 Contacts:
Chambre de commerce et d’industrie française en
Pologne (CCIFP)
Directrice Générale : Monika Constant
8, rue Widok, 00-023 Varsovie, VIIème étage, tél. : (+48 22) 696 75 80, fax : (+48 22) 696 75 90. Site web : www.ccifp.pl, email : [email protected]
Renseignement sur
le séminaire virtuel du 16 mai 2012, [email protected], tél. +48 22 690 68 80