Le 24 juillet, le Fonds monétaire international (FMI) saluait la « performance économique robuste » du Paraguay, petit pays agricole de 407 000 km2, limitrophe de la Bolivie, l’Argentine et du Brésil. Alors que cette nation d’à peine 6,9 millions d’habitants affichait une croissance économique de 7 % en moyenne entre 2008 et 2015, le FMI annonçait encore une progression du produit intérieur brut (PIB) de 6,5 % en glissement annuel au premier trimestre 2017, qui, plus est, avec une inflation sous l’objectif de 4 % que le gouvernement s’était fixé.
Toutefois, comme la seconde partie de l’année serait moins favorable, la croissance économique devrait plafonner à 4,2 % fin 2017, indiquait encore l’organisation mondiale, au terme de sa traditionnelle revue technique du Paraguay (voir en pdf ci-dessous).
Plus important, cette tendance positive dans un pays parmi les plus pauvres d’Amérique latine (4 080 dollars par habitant en 2016, d’après la Banque mondiale) se maintiendrait autour de 4 % à moyen terme. A condition, cependant, prévenait le FMI, que l’environnement régional soit favorable. Et il citait notamment la situation politique qui n’est toujours pas stabilisée au Brésil, premier pays client du Paraguay. Le géant sud-américain, qui est sorti de la récession, absorbe en moyenne un tiers des exportations de marchandises du Paraguay, soit près de quatre fois plus en 2016, deux fois plus au premier trimestre 2017, que le second client du petit Etat, l’Argentine.
Accélérer la mise en œuvre du Plan national de développement
D’après la base de données GTA (groupe IHS), les livraisons du Paraguay au Brésil, d’une valeur supérieure à 2,7 milliards d’euros en 2016, représentaient une part relative de 35,5 %. En un an, elles avaient augmenté de plus de 15 % et étaient composées principalement de combustibles et d’huiles (57 %) et de céréales (19 %). Au cours des six premiers mois de cette année, en revanche, elles ont reculé de 2,72 % par rapport à janvier-juin 2016, descendant ainsi à 1,26 milliard d’euros. Près de 31 % des expéditions du Paraguay étaient donc destinées au Brésil.
Le FMI note, de son côté, que le Paraguay possède un potentiel de croissance supérieur aux États voisins et à la moyenne latino-américaine, ce qui résulterait, notamment, d’efforts consentis en matière de productivité, de diversification des marchés et de renforcement des institutions. Toutefois, la bonne santé de l’économie aurait été également dopée par la politique monétaire accommodante du gouvernement. Le FMI souhaite qu’Asunción y mette progressivement fin et que soit réformé à moyen terme un système de retraite, dont, pense-t-il, les déséquilibres, s’ils persistaient, pourraient peser vite sur la croissance et les finances publiques.
De même, si l’organisation internationale se félicite que la mise en place du Plan national de développement (PND) 2014-2030 ait permis des avancées en matière d’infrastructures, de transparence et d’administration des impôts, elle pointe aussi certains manques, par exemple dans le domaine de l’évasion fiscale et en matière d’investissement dans le transport, la distribution et la transmission électriques.
Géré par le Secrétariat technique du développement économique et social (STP) du ministère de la Planification et du développement économique social, le PND doit répondre à un triple objectif : réduction de la pauvreté et développement social (éradication de la pauvreté extrême…) ; développement d’une croissance économique inclusive (croissance moyenne de 6,8 %, augmentation de 60 % de la consommation d’énergie renouvelable, baisse de 20 % de la consommation d’énergie fossile…) ; et insertion du Paraguay dans le monde (augmentation de 80 % des exportations dans les TIC, accueil d’au moins un million de touristes par an…).
Télécommunications : l’urgence du haut débit et de la téléphonie mobile
Les infrastructures routières sont un domaine privilégié de l’investissement public. Dans le prolongement du PND, le gouvernement a également lancé le Plan national des télécommunications du Paraguay 2016-2020, visant à apporter le haut débit à toutes les institutions administratives, à 70 % des entreprises et 40 % de la population ; d’en réduire également le prix de 80 % ; d’offrir les services de téléphonie mobile à 80 % des Paraguayens ; et d’augmenter de 60 % le nombre de foyers dotés d’un ordinateur.
La modernisation de la vie sociale et économique est d’autant plus essentielle que le quatrième exportateur mondial de soja, de coton ou d’oléagineux peine à attirer les investisseurs étrangers. En cause, l’étroitesse de son marché. Mais cet Etat membre fondateur du Marché commun du Sud (Mercosur), composé également de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay et du Venezuela (à l’heure actuelle, suspendu), est aussi victime de la faiblesse de son environnement des affaires. Outre l’importance de l’économie informelle, la corruption y est particulièrement élevée.
Ainsi, dans l’index 2016 de l’ONG Transparency International, le Paraguay figure à la 123e place sur 178 nations classées, avec un score de 30 sur 100. En 2013, Horacio Cartes, homme d’affaires à la réputation parfois sulfureuse, avait été élu haut la main à la tête de l’Etat. Après avoir projeté de se représenter pour un second mandat en lançant une réforme constitutionnelle, il a abandonné son projet. Ce sera donc sans lui que doivent se tenir les prochaines élections présidentielles et législatives, le 22 avril 2018.
F.P