La prochaine visite au Nigeria de Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, du 15 au 17 septembre, sera l’occasion de lancer officiellement la délégation de service publique (DSP) signée récemment entre Ubifrance et la Chambre de commerce et d’industrie franco-nigerian (FNCCI/ Franco Nigerian Chamber of Commerce and Industry).
Créée en 1985 et actuellement dotée de près de 200 membres (182 indiqués sur son site Internet) dont 40 % d’entreprises françaises et 60 % de sociétés nigerianes, la FNCCI, qui est installée dans les bureaux du consulat français à Lagos, la capitale économique du pays, est ainsi devenue le relais officiel de l’Etat français pour l’accompagnement sur place des entreprises françaises, en particulier des PME, notamment dans leur démarches de prospection.
Une bonne nouvelle pour la présence française dans ce grand marché de l’Afrique anglophone, réputé difficile pour les entreprises en raison d’un très haut niveau de corruption et d’un environnement des affaires souvent opaque. Le baromètre 2013 du Cian (Conseil des investisseurs en Afrique), qui fournie une évaluation de l’environnement des affaires dans les pays d’Afrique à partir de l’appréciation des hommes d’affaires sur place, attribue la note moyenne de 2,07 sur 5 au Nigeria, avec de gros points faibles tels que la distribution d’eau et d’électricité, l’efficacité de l’administration, la fraude douanière et le niveau de corruption (1). En matière de risques d’impayés, le Nigeria est également considéré à haut risque par les assureurs-crédit : risque élevé pour Euler Hermes, notation de D pour Coface, risque de transfert de 5 sur 7 pour Ducroire… (2).
Une présence française dominée par les grandes sociétés
Un environnement qui explique largement que la présence française soit dominée par les grandes sociétés rompues aux terrain africain -Total, Areva, Bolloré Africa Logistic, CFAO, Ponticelli, Peugeot, Orange, etc.- et peine à drainer des PME, qui y ont une démarche prudente et opportuniste dans la plupart des cas. Le caractère porteur de ce vaste marché de près de 165 millions d’habitants représentant quelque 50 % du PIB de toute l’Afrique occidentale ne fait pourtant aucun doute : solvable grâce à sa production pétrolière, le Nigeria connaît une croissance réelle de son PIB de l’ordre de 7 % par an. Et ses importations connaissent une croissance à deux chiffres : + 27 % en 2012, à 56 milliards d’euros.
Avec 1,346 milliard d’euros en 2012, la progression des exportations françaises -qui se situe dans le top 10 des sources d’importation nigérianes- ne suit pas un rythme aussi rapide (+ 8,9 % en 2012) ce qui témoigne qu’il y a du potentiel ! Sur les 7 premiers mois de l’année 2013, le rythme de progression des ventes françaises dépasse les 17 %. Elles sont dominées par les produits pétroliers (40 %), les produits pharmaceutiques (17 %), et les équipements mécaniques (8 %), le reste concernant des produits assez diversifiés, mais pour des volumes relativement moins importants.
Le Nigeria fait partie des 47 pays prioritaires du ministère, qui estime que ce pays « fait face aujourd’hui à des besoins beaucoup plus diversifiés », liés à sa croissance et à l’émergence d’une classe moyenne, et qui se retrouve dans ses quatre familles de produits prioritaires : « Mieux vivre en ville », « Mieux se nourrir », « Mieux se soigner », « Mieux communiquer ».
A l’occasion de ce déplacement, Nicole Bricq emmène d’ailleurs une quinzaine d’entreprises françaises dans sa délégation. Plusieurs d’entre elles sont, selon le ministère, des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) qui ont été sélectionnées grâce à l’appel à candidature diffusé par Internet il y a quelques semaines (Lire ici). Elles bénéficieront d’un programme de rendez-vous BtoB monté par la FNCCI. Le volet politique de la visite amènera Nicole Bricq à avoir des entretiens avec Akinwumni Ayo Adesina, ministre de l’Agriculture, Olusegun Aganga, ministre du commerce et de l’investissement, Chinedu Nebo, ministre de l’Energie et Ngozi Okonjo-Iweala, ministre des Finances.
Christine Gilguy
Moci +
Site de la FNCCI (en français et en anglais) : www.france-nigeria.fr/
Pour prolonger
(1) « Rapport 2013, Les entreprises françaises et l’Afrique », réalisé dans le cadre d’un partenariat CIAN MOCI, Hors-série du Moci, décembre 2012. Se le procurer, cliquez ici
(2) « Atlas des risques pays, juin 2013 – Paiement, recouvrement, logistique et douane dans 104 Etats ». Moci n°1943, du 13 juin 2012. Se le procurer, cliquez ici.