Les exportateurs doivent être vigilants : les risques d’impayés grimpent. Car protégées par les différents dispositifs de soutien mises en place par les Etats, les entreprises ont pour l’instant plutôt bien résisté à la crise sanitaire mais elles devraient bientôt prendre de plein fouet une vague de défaillance sans précédent, selon le dernier scénario macroéconomique mondial publié chaque trimestre par l’assurance-crédit Euler Hermes.
Un recul des défaillances d’entreprises en trompe-l’oeil
Ainsi, au premier semestre 2020, le nombre de défaillances dans le monde a en effet baissé de 7 %, en glissement annuel, selon Euler Hermes. Malgré le confinement et grâce aux aides massives des Etats.
Cette tendance va cependant s’estomper, avertit l’assureur-crédit, au quatrième trimestre avec le ralentissement des politiques publiques de soutien aux entreprises et la reprise des traitements administratifs des procédures de faillites.
Et le coup sera dur : le nombre de défaillances dans le monde devrait bondir de 31 % entre 2019 et 2021 (+65 % aux Etats-Unis, + 24 % en Chine, +11 % en Inde, + 11 % en Allemagne, + 36 % au Royaume-Uni, + 28 % en Italie, + 32 % aux Pays-Bas et + 21 % en France). Aucun pays ne devrait être épargné par cette résurgence du risque d’impayés, selon les économistes d’Euler Hermes.
Et le salut ne viendra pas encore des perspectives de croissance mondiale : après un fort effet de rattrapage au troisième trimestre, elles devraient nettement fléchir au cours du dernier trimestre de cette année et du premier de 2021. En cause, principalement, le durcissement des mesures sanitaires destinées à enrayer la propagation du virus.
L’assureur-crédit prévoit ainsi une récession du PIB mondial de l’ordre de -4,7 % en 2020, suivie d’un rebond de croissance de + 4,6 % en 2021.
Des perspectives de croissance durablement en berne
Dans le détail, c’est la région Asie-Pacifique qui devrait le mieux s’en sortir avec une baisse de son PIB de -1,5 % en 2020 et une croissance de + 6,2 % en 2021.
La Chine, atelier du monde d’où est partie la pandémie de Covid-19, enregistrera une croissance de +2 % cette année et de +8,4 % l’an prochain, soit le plus fort rebond au monde. La reprise devrait être nettement moindre au Japon (- 5,5 % en 2020, + 2,5 en 2021) et en Inde (- 7,2 % puis + 6,5%).
La zone euro est la région qui devrait enregistrer en 2020 la plus forte contraction de son PIB avec une chute de -7,9 % suivie, en 2021, d’un rebond de + 4,8 %. Le détail pour quelques pays : Allemagne : – 6 % en 2020, puis + 3,5 % en 2021; France : – 9,8 % puis + 6,9 %; Italie : – 10,1 % puis +4,2 %; Espagne : – 11,8 %puis + 6,4 %.
Pour sa part, le PIB des Etats-Unis, deuxième partenaire de la France à l’exportation en 2019, accusera en 2020 un recul de -5,3 % avant de repartir à la hausse en 2021 ( +3,7 %).
Pour les autres régions du monde, les économistes d’Euler Hermes tablent sur les perspectives suivantes : Amérique latine : – 7,9 % en 2020, puis +3,3 % en 2021; Moyen-Orient : – 7,1 % puis + 2,3 %; Afrique : – 4,3 % puis + 3,4 %
Les échanges mondiaux durablement touchés
Malgré un rebond de la demande mondiale de biens plus fort que prévu, il sera principalement le fait de la Chine, de l’Asie émergente et de l’Europe de l’Est, les Etats-Unis et l’Europe restant à la traîne. En revanche, en 2020, le volume des échanges mondiaux de biens et de services devrait chuter lourdement : – 13 % (contre – 11 % en 2009), soit une perte de 4 000 milliards de dollars.
Selon l’assureur-crédit, un rebond mécanique des échanges internationaux de biens et services (de l’ordre de + 7 %) est attendu en 2021, mais le retour aux niveaux d’avant-crise n’est pas à prévoir avant 2023 (2022 pour les seules marchandises).
Sophie Creusillet