Lourdement impactée par la montée des risques géopolitiques, la grave récession en Russie et l’effondrement des prix des matières premières, la région de la Mer Caspienne, grande région exportatrice de matières premières, devrait connaître en 2016-2017 une nouvelle période de ralentissement économique. Selon la dernière étude d’Euler Hermes (EH) publiée le 17 novembre intitulée Russie-Turquie-Iran : la région de la mer Caspienne n’est pas le Triangle des Bermudes des affaires, la région, qui englobe le Caucase (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie), l’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan), l’Iran, la Russie et la Turquie, devrait voir la croissance annuelle moyenne de son PIB tomber à +2,6 % en 2016-2017, après +5,5 % en 2010-2013 et +3,9 % en 2014-2015.
« Toutes les monnaies de la région se sont dépréciées, constate la société d’assurance-crédit, ou ont été fortement dévaluées en 2014-2015, mais se sont stabilisées en 2016 ». Depuis plusieurs années, cette région est fortement soumise à la montée des risques géopolitiques, émanant de trois pays en particulier : la Russie et l’Iran, qui subissent, en plus de la chute des prix des matières premières, de lourdes sanctions économiques occidentales, et la Turquie, soumise à d’importantes perturbations politiques, en témoigne le coup d’État militaire avorté en juillet 2016.
Russie : crise politique et chute des prix du pétrole
L’implication persistante de la Russie dans le conflit dans l’est de l’Ukraine a abouti à des sanctions économiques et à des mesures de représailles qui restent d’actualité. Pour l’économie russe, l’impact de ces sanctions a été accentué par l’effondrement des cours pétroliers, et ses retombées négatives sur les exportations et les recettes de l’Etat, ainsi que par la forte dépréciation du rouble (RUB).
Dans ce contexte, EH prévoit une contraction de 0,9 % du PIB russe en 2016, puis une reprise modeste à +1 % en 2017, en anticipant que les sanctions économiques pourraient être partiellement levées mi-2017.
Par ailleurs, la crise économique traversée par la Russie affecte directement les autres pays de la région de la Mer Caspienne. « Plusieurs économies de la région dépendent fortement des importations russes. Et en 2014, lorsque le ralentissement de la Russie s’est accéléré, les exportations de l’ensemble de la région se sont effondrées », expose Ludovic Subran dans un communiqué d’EH. La chute la plus brutale a été observée en Arménie, dont les exportations vers la Russie représentaient 23 % du total des exportations en 2013.
Iran : la levée partielle des sanctions en 2016 pourrait doper la croissance
En Iran, la levée partielle des sanctions en 2016 devrait doper la croissance, la production de pétrole progressant de 3,3 millions de barils par jour en 2015 à 3,9 millions en 2016. EH prévoit que la croissance du PIB réel atteindra +3 % en 2016 et +4,5 % en 2017.
« Toutefois, prévient le spécialiste de l’assurance-crédit, bien que les sanctions appliquées aux transactions financières avec les banques iraniennes aient été abrogées, en pratique il y a encore peu de financement étranger disponible ». Les banques occidentales rappelle en effet l’étude restent réticentes à traiter avec l’Iran dans la crainte de violer les dernières sanctions américaines. « La levée de cet obstacle devrait stimuler les opportunités de reprise durable ».
Turquie, Arménie et Azerbaïdjan : l’incertitude
Depuis 2015, les événements qui ont frappé la Turquie ont considérablement accru l’incertitude politique, et cet effet ne devrait pas s’estomper en 2017. La montée des incertitudes politiques devrait peser sur les perspectives économiques de la Turquie à moyen terme. La croissance est déjà affectée par la baisse de l’investissement étranger et domestique, et d’éventuelles nouvelles turbulences sur les marchés financiers, seraient susceptibles de provoquer un net resserrement de la politique monétaire.
« Le risque géopolitique, prévient EH, persiste également dans la région du Caucase, le conflit latent mais non résolu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, à propos de l’enclave Nagorno Karabakh, étant susceptible de s’exacerber à tout moment ».
Malgré ce contexte peu favorable, de réelles opportunités de développement pour les entreprises de la région existent, et elles seront encore plus importantes une fois que les turbulences évoquées se seront estompées, conclut le spécialiste de l’assurance-crédit.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consultez l’étude d’Euler Hermes en fichier PDF joint.