Quelles sont les perspectives de marché pour les industriels européens de matériaux de construction ? Celles-ci se situent essentiellement dans les pays émergents, a-t-on appris lors d’une conférence organisée sur ce sujet le 17 novembre par Intermat, le salon international de la construction et des matériaux du BTP, dont la prochaine édition aura lieu à Paris Nord Villepinte du 16 au 21 avril 2012.
« Il y a une contagion
mondiale, tous les pays sont touchés par la crise », explique l’économiste Jean-Joseph Boillot. En 2011, poursuit-il, la croissance
mondiale s’élevait à 3,5 %. Pour 2012, elle est attendue à 4,5 %, mais selon lui, nous sommes plus près d’une croissance inférieure à 3 %. Les perspectives sont toutefois différentes selon les pays. Dans les pays développés, la croissance 2011 était de 1,4 % contre environ 6 % dans les pays émergents. Et pour 2012, elle sera inférieure à 1 % alors que dans les pays émergents elle se situera entre 4,5 et 5 %. Un écart de 5 points persiste, souligne M. Boillot. 90 à 95 % de
la croissance mondiale provient des pays émergents, insiste-t-il.
Dans cette conjoncture en
berne, l’Asie a bénéficié, au contraire des économies occidentales, d’une
activité soutenue. Depuis 1980, le
PIB asiatique s’est multiplié par 12, rappelle Jean-Joseph Boillot, et par 2,4 en France. Si la croissance demeure soutenue, notamment pour l’Inde et la Chine, d’autres obstacles subsistent. Ainsi, le marché indien, où 12 villes
prévoient de s’équiper de systèmes de transport, présente un environnement difficile
avec des barrières tarifaires. Quant à son voisin, la Chine, elle augmente très nettement
son protectionnisme pour protéger ses entreprises et capter les technologies
étrangères.
Pour Michel Démarre, président de l’association European International Contractors,
qui regroupe les industriels européens de la
construction, il devient difficile de pénétrer
les marchés chinois et indiens pour des raisons de réglementation et d’éthique.
Toutefois, il ne faut pas exclure définitivement la Chine,
car la situation peut évoluer. Reste alors le continent
africain, affecté ces dernières
décennies par de nombreux éléments d’instabilité politique. Par ailleurs, prévient-il, l’Afrique privilégie énormément les constructeurs
chinois, laissant moins de place aux constructeurs européens.
Les constructeurs peuvent néanmoins se tourner vers d’autres marchés. En Europe du Nord, l’Allemagne, la Suède et la Norvège constituent des espaces de
croissance et hors Europe, l’Australie et le marché nord-américain. Autrement, les constructeurs européens peuvent recourir à « la règle des 4 ou 5 heures d’avion », indique Michel Démarre.
Jean-Marie
Osdoit, président France de Volvo Construction Equipment, estime que même si la Chine connaît, sur la fin de
l’année, un ralentissement économique elle a besoin d’infrastructures. La Chine, qui investit
massivement dans ce domaine, est devenue la première région de Volvo pour les pelles et les chargeuses.
Pour sa part, Henri Marchetta, P-dg
de Mecalac Ahlmann, groupe spécialisé dans la production d’engins de travaux
publics, explique que même si l’économie est en berne, il y a besoin de développer les transports ferroviaires en France, en Allemagne, en Scandinavie ou encore en Chine. Mais, précise-t-il, dans la manière de faire, il faut apporter de l’innovation.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Aller au salon Intermat du 16 au 21 avril 2012, à Paris Nord Villepinte : http://www.intermat.fr/
Consulter notre dernier dossier : Arabie saoudite, des opportunités dans les infrastructures et notre article : Construction, la reprise diffère selon les pays