La France a perdu, en 2012, sa position de premier pays fournisseur du Maroc, devancée de peu par l’Espagne. Une évolution qui, à la veille de la visite officielle du président François Hollande (3-4 avril), montre que même dans ses marchés les plus proches du pourtour méditerranéen, l’Hexagone n’est pas à l’abri de mauvaises surprise.
En l’occurrence, selon les statistiques marocaines compilées par la base de données GTA-GTIS, les importations en provenance d’Espagne, dopées par un boom des ventes de carburant (+66 %, à 1,48 milliard d’euros), ont atteint 4,37 milliards d’euros en 2012, en augmentation de 23,8 %. Les importations de France ont atteint pour leur part 4,03 milliards d’euros, en repli de 5,43 % par rapport à l’année précédente. Elles ont notamment été plombées par un recul de près de 40,8 % des exportations françaises de céréales (les céréales sont le 3ème poste d’exportation français).
L’Hexagone n’est pas en terrain conquis
Dans un volume global d’importations marocaines de 33,3 milliards d’euros, plutôt dynamique avec une hausse de 6,39 % en 2012, la part de marché de la France a connu un effondrement en 2012, passant de 13,6 % en 2011 à 12,11 % en 2012. Elle atteignait encore 15,39 % en 2010. A contrario, celle de l’Espagne a progressé de près de deux points, de 11,27 % en 2011 à 13,12 % en 2012. Si l’Espagne et la France sont loin devant leurs suivants -la Chine, troisième fournisseurs affiche 6,88 % de part de marché, devant les Etats-unis, 4ème fournisseur, avec 6,7 %- la concurrence est féroce et l’Hexagone, malgré sa relation forte avec le Maroc, n’est pas en terrain conquis. L’excédent commercial français est d’ailleurs également en repli : 765,6 millions d’euros en 2012, soit une chute de 34,66 % par rapport à 2011.
A cet égard, le volet économique de la visite présidentielle, sans être spectaculaire, s’annonce important. Pour sa première visite d’Etat au royaume de Mohamed VI, le président français sera accompagné d’une forte délégation d’entreprises françaises, dont une bonne partie issue du CAC 40. Selon les informations qui ont filtré dans la presse marocaine et française (notamment Les Echos du 2 avril), plusieurs accords venant « en accompagnement » de projets déjà lancés marqueront cette visite. Principaux secteurs concernés : le
ferroviaire (tramway, métro, train à grande vitesse), l’agroalimentaire, le traitement et l’assainissement de l’eau, les énergies renouvelables.
L’inauguration par François Hollande d’une station d’épuration d’eau réalisée par la filiale de GDF-Suez Lydec à Mediouna, dans la banlieue de Casablanca, est annoncée, de même que la formalisation par GDF-Suez de son gros projet de création du plus grand parc éolien d’Afrique à Tarfaya, en association avec le groupe Marocain Omnium Nord africain (300MW). D’autres contrats ou accords dont la signature est annoncée concerne EDF et Alstom (appel d’offres pour un parc Eolien de l’Office marocain d’électricité).
De même le président français, qui devrait trouver lors de cette visite l’occasion de reparler du concept français de « colocalisation » -idée d’encourager des « co-investissements » industriels dans un esprit gagnant-gagnant y compris en termes d’emplois-, participera à un important forum d’entreprises françaises et marocaines, le 4 avril, à Casablanca. De quoi permettre de redynamiser des relations économiques qui, s’en s’essouffler -la France reste au premier rang des pays investisseurs au Maroc avec un stock d’IDE de quelque 16 milliards d’euros-, ont besoin d’être constamment stimulées, notamment au plan politique et diplomatique…
Christine Gilguy
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