La croissance mondiale devrait s’établir à 3,5 % cette année avant d’accélérer légèrement à 3,8 % en 2016, avec des perspectives inégales dans les principaux pays et régions du globe, d’après les nouvelles prévisions de croissance mondiale publiées le 14 avril dernier par le Fonds monétaire international (FMI). En effet, les variations des taux de change telle que l’appréciation du dollar face à l’euro ont été considérables ces derniers mois, ce qui traduit — certes avec retard — des variations des attentes concernant la croissance et la politique monétaire dans les pays principaux. La prévision de croissance globale pour 2015 reste inchangée par rapport aux estimations précédentes du FMI parues fin janvier (voir notre article).
La croissance dans les marchés émergents et les économies en développement devrait s’établir à 4,3 % en 2015 et à 4,7 % en 2016 tandis que la croissance des économies avancées (États-Unis, zone euro hors Lituanie, Japon, Royaume-Uni, Canada…) devrait atteindre 2,4 % cette année et la suivante, d’après les dernières prévisions du FMI, une référence de base en matière d’anticipation des marchés porteurs.
L’Asie devrait rester le leader mondial de la croissance, l’Inde devant la Chine
« Selon les prévisions, indique le FMI, la croissance en Asie devrait se poursuivre au même rythme en 2015, et la région devrait continuer d’afficher des résultats supérieurs au reste du monde à moyen terme». Bien que le rythme de l’activité économique chinoise ralentisse pour s’établir à un niveau jugé plus durable par le FMI, la croissance devrait, selon les projections, s’accélérer dans d’autres parties de la région.
Après une période d’excès marquée par la hausse des prix de l’immobilier faisant craindre l’éclatement de la bulle immobilière, une expansion du crédit sans précédent, et des investissements records à l’étranger, le taux de croissance de la Chine est tombé à 7,4 % en 2014 et devrait encore diminuer pour s’établir à 6,8 % en 2015.
La croissance devrait au contraire s’affermir en Inde pour passer de 7,2 % l’an dernier à 7,5 % cette année et l’an prochain. La croissance va notamment bénéficier des réformes politiques récentes, du redressement de l’investissement, et de la baisse des prix du pétrole. Celle-ci va permettre d’augmenter les revenus réels disponibles, en particulier ceux des ménages les plus pauvres, et va contribuer à faire baisser l’inflation.
La croissance du PIB du Japon devrait elle, rebondir pour atteindre 1 % en 2015 contre – 0,1 % en 2014. Une progression soutenue principalement par un yen plus faible et la hausse des salaires réels. La croissance s’est quelque peu enlisée en Corée du Sud, en raison de la fragilité de la confiance des ménages et des investisseurs. Les projections du taux de croissance de cette année (3,3 %), indique le FMI, « reposent sur l’hypothèse que la poursuite de politiques d’accompagnement monétaires et macro-prudentielles et l’amélioration des termes de l’échange engendreront une reprise de la demande globale».
La reprise se confirme aux États-Unis
L’ Amérique du Sud touchée par la baisse des produits de base
Le fléchissement des marchés mondiaux des produits de base continue d’être le principal frein à l’activité économique en Amérique du Sud (- 0,2 % en 2015 après 0,7 % en 2014).
L’économie du Brésil devrait se contracter, passant de 0,1 % l’an dernier à – 1 % en 2015. Selon les projections, la croissance de l’Argentine sera légèrement négative en 2015, l’augmentation des dépenses publiques et de la consommation privée étant en partie compensée par la contraction des investissements et des exportations. Au Venezuela, les contrôles administratifs généralisés ainsi que d’autres distorsions administratives ont intensifié les pénuries de biens essentiels, poussé le taux d’inflation supérieur à 60 % en 2014 et provoqué une profonde récession (voir notre article). Dans ce contexte, le FMI table sur une croissance de – 7 % en 2015.
Enfin, la croissance reste soutenue en Afrique subsaharienne, bien qu’elle doive ralentir en 2015 à 4,5 %, après 5 % en 2014, en raison de la baisse des prix des produits de base et de l’épidémie d’Ebola dans certains pays. Les pays exportateurs de pétrole de la région, en particulier ceux qui disposaient de marges de manœuvre limitées (Nigeria, Tchad), ont commencé à s’ajuster à la baisse des prix du pétrole. Cet ajustement s’est traduit par une croissance plus lente qu’initialement prévu. Ainsi, le Nigeria devrait voir sa croissance reculer à 4,8 % cette année après 6,3 % en 2014. La croissance en Afrique du Sud devrait, elle, progresser à 2 % en 2015 après 1,5 % l’année dernière.
Venice Affre
– Consultez l’intégralité des projections de croissance du FMI par pays en allant sur www.imf.org