Pour son 60e
anniversaire, le spécialiste du crédit à la consommation Cetelem,
filiale de BNP Paribas, a choisi de consacrer la 24e étude de son
Observatoire aux modes de consommation alternatifs (troc, location, achat
groupé…) dans douze pays européens (*). Lors d’un petit déjeuner de
presse, organisé à Paris le 5 février, Flavien Neuvy, le responsable de
l’Observatoire, a reconnu qu’il s’agissait d’une étude
« prospective », dans la mesure où « aujourd’hui, la
consommation alternative est encore marginale ».
« Ces modes de consommation ont
un potentiel de développement important »
« En revanche, ces modes de consommation ont
un potentiel de développement important », a souligné Flavien Neuvy, tout
en observant « qu’aucun grand nom, aucune grande enseigne de distribution
n’a à ce jour saisi la balle au bond ». Un
immobilisme qu’il attribue notamment « au fait que quand une entreprise
est bien installée sur son marché, il lui est difficile de sortir de son core
business (cœur de métier) et d’inventer de nouveaux modèles ». Et d’illustrer ses propos
avec l’exemple du covoiturage. Le fait que « le leader est Vinci en non pas
un spécialiste de la mobilité ou une marque automobile » est pour lui
révélateur.
Sur la base d’une enquête
conduite par l’institut TNS Sofres en novembre 2012 auprès de 65 000
Européens, Cetelem a dégagé trois bonnes raisons au développement des modes de
consommation alternatifs dans les prochaines années :
-La première est la
conjoncture économique. La croissance est faible, le chômage considérable, ce
qui pèse sur le moral des consommateurs. Ils sont ainsi 71 % à déclarer qu’ils
n’ont pas tous les moyens ou pas vraiment les moyens de consommer.
-La deuxième raison est l’exigence
croissante d’éthique et de développement durable : 55 % sont ainsi prêts à
payer un peu plus chers, mais, nuance Flavien Neuvy, « dans la réalité,
nous observons qu’il faut aussi que l’acheteur y trouve son intérêt, comme dans
le cas du bio, qui se développe parce que le consommateur pense que c’est aussi
bon pour sa santé ».
– Dernier atout pour la
consommation alternative, l’essor du numérique. En particulier, 26 % des
Européens pensent que les réseaux sociaux vont gagner en influence.
« Internet arrivera en deuxième position, devant les associations de
consommateurs et les vendeurs, qui perdent en influence », constate le
responsable de l’Observatoire Cetelem.
En définitive, le consommateur
alternatif est celui qui veut éviter de payer à tout prix. Avec ce critère, la
moyenne européenne s’établit à 52 %. Mais les chiffres divergent parfois d’un
pays à l’autre. En l’occurrence, en France et en Italie, cette proportion
s’élève à 62 %, alors qu’en Allemagne elle tombe à 43 %.
53 % des Européens prêts à utiliser le troc, 73 % la récupération, 75 % l’achat direct aux producteurs…
De quels moyens les Européens
disposent-ils ? Plus de la moitié, 53 % exactement, déclarent qu’ils
utiliseront le troc dans les années qui viennent et 73 % la récupération. S’agissant
du marché de l’occasion, « le phénomène devient massif », remarque
Flavien Neuvy. Dans le futur, 68 % en moyenne sont prêts à acheter sur ce
marché, une proportion qui monte à 79 % en Italie, 76 % en Espagne et 71 % en
France.
Les sites d’achats groupés sont
aussi plébiscités, avec 61 % d’intentions. Une proportion qui s’élève à 74 % en
Italie et même 84 % au Portugal. Les Européens vont aussi recourir à la
location, toutefois, moins dans le textile, l’électroménager et la hifi que
dans l’automobile et les deux roues et surtout l’équipement de sport et de
loisir et le bricolage et jardinage. Le do it your self ou faire soi-même va parallèlement
se développer, 93 % des sondés ayant l’intention de réaliser eux-mêmes les
travaux futurs de leur cuisine et 77 % voulant assurer eux-mêmes les tâches
liées au bricolage et au jardinage.
Dernier mode alternatif,
« l’achat direct chez le producteur recueillant 75 % d’intention, les
Européens veulent de plus en plus se passer du distributeur », analyse
Flavien Neuvy. Une proportion qui grimpe à 82 % en France et en Italie et
descend à 64 % au Royaume-Uni et même 53 % en Allemagne. Selon le responsable
de Cetelem, « les industriels et les distributeurs vont donc devoir
s’adapter dans les années à venir ».
François Pargny
(*) Allemagne, Belgique, Espagne,
France, Hongrie, Italie, Portugal, Pologne, République tchèque, Roumanie,
Royaume-Uni et Slovaquie.
Pour en savoir plus
Les deux fichiers attachés :
1 communiqué de presse de Cetelem
en date du 5 février 2013
2 observatoire Cetelem 2013
« le consommateur européen en mode alternatif »