Revendications sociales en
Chine, turbulences sociopolitiques en Afrique du Nord… Les chaînes
d’approvisionnement sont mises à rude épreuve. Pourtant, ces bouleversements ne
semblent pas avoir remis en cause fondamentalement les stratégies de sourcing
des entreprises. Ce dossier fait le point.
Des scandales sur la qualité
et pressions sur les salaires en Chine de l’an dernier aux perturbations
socio-économiques que traversent les pays touchés par le « printemps arabe »
(Tunisie, Égypte, Maroc…), en passant par l’imprévisible catastrophe japonaise
du 11 mars, qui a provoqué de nombreuses perturbations dans les
approvisionnements mondiaux de secteurs comme l’automobile ou l’électronique :
la planète du sourcing a eu des sueurs froides ces derniers mois.
Pourtant, il ne semble pas
que ces crises aient entraîné, à court terme, de remise en cause brutale des
stratégies de sourcing, selon les informations qui nous remontent d’Asie et
d’Afrique du Nord, ainsi que des professionnels du contrôle qualité. Dans ce
dossier, nous examinerons les tendances qui se dégagent, qui sont plutôt des
tendances de fond, déjà à l’œuvre avant les crises :
• en Asie, la Chine reste
incontournable même si les coûts y augmentent et que beaucoup reste à faire en
matière de respect d’un certain nombre de normes –qualité, sociales, voire
environnementales. Mais de nouvelles sources d’approvisionnement émergent,
notamment dans l’Asean*, zone avec laquelle la Chine a conclu un accord de
libre-échange ;
• en Afrique du Nord, le «
printemps arabe » a perturbé temporairement les chaînes d’approvisionnement,
mais sans entraîner de rupture : des pays comme la Tunisie, notamment, restent
considérés comme des valeurs sûres dans des secteurs comme les fruits et
légumes ou le textile-habillement ;
• les acheteurs
internationaux, fonction désormais stratégique, ont leur part de responsabilité
concernant la qualité des approvisionnements et le respect de normes sociales
dans les usines des fournisseurs. Ces exigences font aussi les beaux jours des
sociétés spécialisées dans le contrôle du respect de ces normes, à la « source
» ;
• les entreprises ont
tendance, parfois, à négliger les aspects douaniers. Or, ne serait-ce qu’en
matière de droits de douane, plusieurs points de marge peuvent être perdus
selon que le pays du fournisseur a signé, ou non, un accord préférentiel avec
l’Union européenne… ;
• enfin, le métier
d’acheteur international a le vent en poupe : un point s’impose sur les
tendances du recrutement et les formations proposées aujourd’hui en France.
Christine Gilguy
* Association des Nations
d’Asie du Sud-Est, qui comprend dix États membres : Brunei, Cambodge,
Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam.